Hier, la naturalisation de Mamoudou Gassama; aujourd’hui, le démantèlement du camp « du Millénaire » à Paris.
Des associations d’aide aux migrants avaient dénoncé l' »hypocrisie » et la « récupération politique éhontée » de cette naturalisation, qui masquait « la dureté de la politique » migratoire du gouvernement français. Alors que ce matin même un camp de 2000 migrants à Porte de la Villette vient d’être démantelé, on se pose la question de la synchronicité entre la médiatisation soudaine et presque excessive du jeune Mamoudou et ce démantèlement prévu initialement le 5 juin prochain.
Deux poids-deux mesures
Après avoir été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron, Mamoudou Gassama, le jeune Malien héros devenu célèbre en sauvant la vie d’un enfant à Paris, a reçu mardi 29 mai à la préfecture de Bobigny le récépissé régularisant sa situation. Il devrait prochainement recevoir sa carte de séjour de 10 ans avant d’être naturalisé français, d’ici trois mois environ.
« Vous êtes devenu un exemple, il est normal que la nation soit reconnaissante », a affirmé le chef de l’État.
Dans la foulée, sollicité de toutes parts par les médias, les politiques et les passants, Mamoudou s’est ensuite rendu à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris où il a signé un contrat de 10 mois pour un service civique.
Démantèlement du camp du Millénaire
Il s’agit du plus gros campement de Paris, situé à Porte de la Villette. Près de 2000 migrants venus du Soudan, d’Erythrée ou de Somalie pour la majorité, y sont installés dans des conditions de très grande précarité, sous des tentes serrées le long du canal de Saint-Denis. Ils étaient l’objet d’un bras de fer entre la Mairie de Paris et le gouvernement depuis plusieurs semaines.
Ce mercredi 30 mai, vers 6h du matin, les forces de l’ordre ont évacué entre 1700 et 2000 migrants installés dans ces camps de fortune. L’évacuation, la 35e organisée dans la capitale depuis trois ans, « conduira à l’hébergement temporaire des personnes concernées dans une vingtaine de sites de Paris et de la région parisienne puis à l’examen de la situation administrative de ces personnes », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb dans un communiqué.
Un convoi de bus en direction de 18 gymnases « réquisitionnés » en Ile-de-France, a transporté les exilés dispersés entre la Seine-et-Marne, les Yvelines, le Val-de-Marne, l’Essonne, le Val-d’Oise, les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis.
« Toutes les personnes vont être mises à l’abri : il n’y aura pas de tri, de contrôle dans la rue » a assuré Dominique Versini, l’adjointe aux Solidarités d’Anne Hidalgo.
« Les associations ont validé l’opération : les conditions de dignité de ces personnes seront respectées, l’Etat s’y est engagé par écrit » a poursuivi l’élue.
Lors de l’opération, le préfet de Paris Michel Cadot a annoncé que les forces de l’ordre évacueraient «dès que possible, et si possible la semaine prochaine» les deux autres gros campements de migrants de la capitale : l’un au canal Saint-Martin, où vivent près de 800 migrants, et l’autre à porte de la Chapelle, où sont recensés de 300 à 400 personnes.
Une question se pose: la surmédiatisation du jeune Mamoudou Gassama a-t-elle servie à minimiser les réactions en prévision du sort réservé à ces migrants?
https://nofi.fr/2018/05/mamoudou-gassama/53893
Sources: