DOSSIER Colbert (1/3): L’irrésistible ascension de Jean-Baptiste Colbert

Plus que jamais au cœur des polémiques, Jean-Baptiste Colbert, le Ministre de Louis XIV, est un héros pour certains, un bourreau pour d’autres.

Jean-Baptiste Colbert est né le 29 août 1619 à Reims. La réputation du plus influent des Ministres du Roi Soleil ne faisait jusqu’alors pas débat, tant les avis étaient unanimes sur les bienfaits qu’il procura au royaume de Louis XIV. Pourtant, cinq siècles plus tard, son nom ravive des souvenirs tout autant élogieux que critiques. D’une part célébré sur l’ensemble du territoire français sur lequel on ne compte plus les statues, avenues, rues ou établissements à son effigie ; il est d’autre part condamné pour ses conquêtes coloniales au point de vouloir l’effacer des mémoires. Il est temps de faire le point sur cet homme du 17ème siècle qui déchaîne tant les passions de notre société moderne.

Une lignée de marchands-banquiers fortunée

Blason de la famille Colbert

Contrairement aux idées largement répandues, Jean-Baptiste Colbert « ne s’est pas fait tout seul ». Il n’est pas non plus issu d’une famille de la petite bourgeoisie rémoise. Certes, les affaires de son père n’ont pas été aussi fructueuses qu’il l’aurait souhaité, mais c’est auprès de son oncle paternel que le jeune Colbert trouve le tremplin nécessaire à son accession progressive vers le pouvoir.

Jean-Baptiste Colbert est issu d’une puissante famille de marchands-banquiers de Reims. Au milieu du 16ème siècle, les Colbert sont bien en place dans le secteur de la haute-finance parisienne. Sous la régence de Marie de Médicis (1610-1614), l’oncle de Colbert devient millionnaire en s’associant à l’une des plus grandes compagnies de commerce et de banque. Celle-ci devient ensuite la Banque Royale qui financera par ailleurs les opérations politiques et militaires du Cardinal de Richelieu. [Le même Richelieu qui fondera la Compagnie de Saint Christophe (Petites Antilles) en 1626. Des lettres patentes du 31 octobre 1626 lui octroient le monopole du commerce durant 20 ans. La Compagnie s’engage en retour à « travailler incessamment à la conversion des sauvages », à fonder et développer les colonies françaises et à favoriser l’expansion de la France.] C’est donc bien à partir d’une position privilégiée au sein même de la cour du roi, que se dessine l’avenir de Jean-Baptiste Colbert.

Des débuts prometteurs

Baronnerie de Seignelay qui sera acquise par Colbert en 1657

Le jeune Colbert quitte le collège jésuite de Reims en 1634, à l’âge de 15 ans. Il part ensuite étudier la finance à Lyon puis à Paris. Dans la capitale, il obtient le soutien de sa famille déjà installée et décroche un emploi lucratif dans l’administration militaire. Quelques temps après, un nouveau secrétaire d’Etat à la guerre est nommé par le roi, et celui-ci se trouve être le beau-frère de Jean-Baptiste Colbert. D’opportunités en opportunités, il se marie avec une héritière qui lui rapporte 100 000 livres de dot. Son ascension vers le pouvoir est en marche lorsqu’il devient, en 1650, l’Intendant du cardinal Mazarin, principal Ministre d’Etat, successeur et protégé du cardinal de Richelieu. Colbert sera son homme à tout faire, ses tâches iront de l’entretien du potager du domaine du cardinal, à des opérations économiques frauduleuses pour l’enrichissement personnel de Mazarin. Colbert profite de cet échange de bons procédés pour placer ses frères à des postes clés. Convenablement rétribué pour sa fidélité, il parviendra en 1657, à acheter la baronnerie de Seignelay (Auxerre) qui fera de lui un « Seigneur ». A la mort du cardinal, le 9 mars 1661, Jean-Baptiste Colbert devient, sur les recommandations faites par Mazarin, Intendant des Finances du roi Louis XIV.

L’homme de la cour du Roi Soleil

Louis XIV, le Roi Soleil

Après avoir évincé son principal concurrent en la personne du Surintendant Fouquet, en lui attribuant les corruptions faites pour le compte du cardinal Mazarin, Colbert se retrouve comme prévu, au cœur du pouvoir royal. Mais les caisses de l’Etat sont vides, et pour bénéficier des faveurs du roi, le nouvel Intendant des Finances doit faire ses preuves. Il entame ainsi toute une série de mesures drastiques : suppression des rentes, poursuites judiciaires pour non-paiement des taxes, création d’une lieutenance de police…Colbert exerce une telle pression sur le peuple qu’il lui dédira une chanson satirique « La bête insatiable ou le serpent crevé », dénonçant son avidité et ses liens douteux avec le monde de la finance. L’homme du roi est partout et cumule les missions :

  • 1664 : Surintendant des Bâtiments du roi (urbanisme)
  • 1665 : Contrôleur général des Finances (responsable du budget du royaume)
  • 1669 : Secrétaire d’Etat à la Marine (commerce extérieur, colonies, ports et arsenaux)

Il deviendra également Secrétaire d’Etat à la Maison du roi et exercera les fonctions de justice. A partir de 1680, Colbert contrôle l’ensemble des secteurs du royaume de France, à l’exception de celui de la guerre.

Fort de sa position, Jean-Baptiste Colbert met en place tout un arsenal de réformes dans le but de servir le roi et participer au rayonnement et au prestige de la France de Louis XIV. Son système, surnommé le « Colbertisme », se traduit par un protectionnisme économique qu’il tente de mettre en place dans un contexte international impitoyable. Son interventionnisme jugé « abusif » se caractérise par une expansion industrielle qui encourage l’établissement de comptoirs coloniaux et jette les bases, en ce milieu du 17ème siècle, du développement de la traite négrière française.

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