Article de Erin White – 12 avril 2018. Traduction de l’américain par Vitally Lubin – 24 avril 2018. #DecolonizingBeauty (Beauté Décolonisée) est un projet photographique conçu par l’artiste Saddi Khali.
Le 11 avril 2018, Afropunk a posté une de ses superbes photos sur Instagram. Il a été vraiment clair que quelques uns d’entre vous ont détesté voir des « corps gras ». C’est paradoxal quand on dit célébrer l’amour noir. « Être gros n’est pas bon pour la santé ! » Wow incroyable. C’est un scoop. Tu es sûrement le premier à le dire…Pour quelques uns cependant, voir ce genre de cliché leur a donné la rare opportunité de se rendre compte de leurs réflexes de pensée et de leur perception concernant l’apparence extérieure des autres.
Et le truc qui me fait le plus chier c’est qu’en général d’un point de vue sociétal, on a un problème avec le fait de « consommer sain ». Les médicaments, les week-ends de beuverie, la malbouffe, la nourriture de synthèse, les produits chimiques dans nos savons, lotions et dentifrices, les produits d’entretiens, les matériaux en plastique. Les gens, la plupart du temps ne se soucient pas trop de la manière dont les autres traitent leur corps jusqu’à ce que ça se voie et devienne déplaisant à voir. Être en bonne santé à n’importe quel gabarit n’est pas toléré. Si vous exposez votre obésité en public, de parfaits étrangers feront d’elle un business. Pas parce qu’ils se soucient de vous en tant qu’être humain, mais parce que votre corps les dérange.
En fait la « colonisation » ne se limite pas aux effets extérieurs de la Suprématie Blanche.
Petite expérience : allez sur le compte Instagram de votre marque d’alcool favorite. Lisez les commentaires. Il est clair que l’alcool vous grille les neurones. Les effets de l’abus d’alcool et toute addiction en général sont stigmatisées par la société. Et pourtant, l’alcool et la drogue font partie intégrante de nos vies et sont glorifiés à la télévision, dans les films, à la radio et en fait, partout. Je ne veux pas dire par là qu’une obésité incontrôlée mettant la vie d’une personne en danger est tout à fait OK pour le corps d’un individu. Ce que j’essaye de dire c’est que c’est pas nos oignons en vrai. Le corps de quelqu’un d’autre n’a rien à voir avec toi. En fait, on t’a rien demandé.
Mais revenons-en au sujet, au projet #DecolonizingBeauty de Saddi Khali. Pourquoi il a appelé son projet « Beauté Décolonisée ». En fait la « colonisation » ne se limite pas aux effets extérieurs de la Suprématie Blanche. La colonisation c’est aussi la mainmise sur notre libre-arbitre sur le plan psychologique, en mettant de côté l’origine ethnique. Mainmise qui a pour effet de distordre la façon dont nous nous percevons les uns les autres en tant qu’être humain. Les gens obèses tombent amoureux. Les gens obèses baisent. Les gens obèses font même ce genre de chose avec des célibataires. Et elles le méritent.
J’ai vu quelques uns des commentaires les plus dégueulasses.
Saddi Khali a confié à Afropunk : « Nous vivons une époque étrange. Une époque où n’importe quelle personne d’ascendance Africaine peut voir quelque chose de négatif dans le fait de voir deux personnes noires amoureuses l’une de l’autre, tranquilles et heureuses. J’ai vu quelques uns des commentaires les plus dégueulasses. Pour moi la majorité d’entre eux sont un affreux mélange de harcèlement digital et de besoin de se faire remarquer. Des gens misérables répandant leur misère. Je vous garanti qu’aucune personne heureuse n’éprouve le besoin de rendre une personne triste ou mal à l’aise concernant la manière dont Dieu a fait leur corps. »
Nous devons défier nos perceptions.
Je souhaite que nous soyons honnête en examinant de près nos impulsions, nos habitudes et nos intentions de façon systématique, avec un œil critique. Ces étiquettes négatives et ces injonctions oppressantes que nous collons aux types de morphologie différentes de la nôtre font du tort, à la longue, à l’estime de soi collective. C’est pourquoi un projet comme #DecolonizingBeauty est important. Nous devons défier nos perceptions. Et apprendre à nous aimer nous-mêmes, dans notre diversité. »
Découvrez la version originale sur Afropunk.com
https://nofi.fr/2018/04/a-12-ans-lance-propre-collection-de-vetements-reponse-aux-moqueries-de-camarades-de-classe/52015