Nofi vous propose d’aller à la rencontre de l’Amicale des Etudiants Caribéens Africains et Sympathisants (AMECAS), l’association étudiante qui analyse les enjeux géopolitiques, socioculturels et économiques des mondes afro.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle LOOG Shiva Dieudonné, d’origine camerounaise et né en France. Après un Bac littéraire, j’ai obtenu ma licence d’histoire à la Sorbonne. Actuellement, je suis en Première année de Master 1 Géopolitique à l’Institut Français de Géopolitique.
Qu’est qui a présidé à la création de l’Amicale des Etudiants Caribéens Africains et Sympathisants (AMECAS) ?
Fondée initialement en 1996, elle fut refondée en 2015 par Bruce MATESO, Steeve FLAGBE et Romane MEGNIGBETO. Nous avons vocation à participer à ce turn-over des élites estudiantines africaines et avons comme fil directeur un panafricanisme non pas figé dans la négritude, mais vécu dans la diversité du continent.
Cela répond à une demande de la part des étudiants africains (et d’origine africaine) qui avaient besoin d’une association afin d’échanger sur les problématiques du continent.
Votre logo est original, que signifie-t-il ?
L’AMECAS est représentée par un masque, un objet qui recouvre de multiples significations dans le continent, universellement présent mais avec des significations diverses selon les peuples. L’universalité représentée à travers la diversité, pour une unité possible, tel est le sens de notre symbole.
A qui s’adresse votre structure ?
L’AMECAS s’adresse principalement, comme son sigle l’indique, aux africains ainsi qu’aux afro-descendants qui se sentent concernés par les enjeux de l’Afrique subsaharienne, des Caraïbes ou des Amériques.
Quels sont vos objectifs ?
L’objectif est de se définir comme un Think-tank étudiant panafricain et aussi de se constituer un réseau d’étudiants et de jeunes professionnels.
Dans le moyen terme, la forme du Think-tank est un objectif qui nous tient à cœur. Dans le long terme, il s’agira de le professionnaliser en s’appuyant sur les réseaux issus de notre association ainsi que de nos expériences personnelles.
Quels moyens mettez-vous en œuvre pour réaliser vos objectifs ?
Tout d’abord, nous nous structurons sur une production intellectuelle régulière que sont les articles. Depuis deux ans, nous en rédigeons sur plusieurs thèmes, et comme vous pouvez le constater, la géopolitique et l’économie sont les enjeux que nous traitons le plus. Néanmoins, précisons que des sous-thèmes sont abordés, à l’instar du socio-culturel ou de la religion.
Ensuite, l’organisation des événements constituent notre deuxième activité, aussi importante que la rédaction d’articles. Présentement, nous en avons tenu huit, dont six entre Octobre et Décembre 2017. Nos objectifs dépendent du domaine concerné. Par rapport à nos événements, nous sommes pratiquement en fin d’année de ce fait, le plus gros est derrière nous. Nous avons pu réaliser les conférences et les clubs de lectures que nous souhaitions, bien qu’il en reste encore, nous sommes très satisfaits du rythme que nous avons tenu cette année. Enfin, nous sommes fier(e)s des retours vis-à-vis de nos événements, nous remercions notre public pour son assiduité et sa réactivité.
Qui composent l’AMECAS ?
Nos profils sont relativement diversifiés, cependant, trois disciplines se distinguent nettement : Histoire, Economie et Droit. De plus, le niveau d’étude varie également, du Doctorat, en passant par les classes prépa, aux étudiants en première année de licence, nous sommes un groupe hétérogène à tous les niveaux.
Quelle est votre philosophie/idéologie ? Pourquoi ?
Le panafricanisme civilisationnel est notre ligne directive ainsi que notre paradigme. C’est le fer de lance qui nous démarque des autres associations étudiantes. Souvent mal perçu, le panafricanisme a été utilisé, repris à la sauce de certaines élites africaines qui ont pu appuyer leur légitimité dessus. L’unité africaine avec pour centre géographique la partie subsaharienne du continent, une réhabilitation de nos ethnies tout comme nos cultures endogènes.
Ainsi, l’unité entre les populations africaines, caribéennes et sud-américaines va de soi ?
L’unité entre les africains, les diasporas et les afro-descendants est un des piliers du panafricanisme, donc cela va effectivement de pair avec notre philosophie. Nous sommes conscients que nous aspirons à un idéal utopique, cependant, nous estimons qu’il est impératif d’insérer cette vision au cœur de nos démarches.
Bien évidemment, des « conditions » doivent s’imposer, bien que nous nous basions sur les racines historiques et culturelles communes que partagent l’Afrique et les africains éparpillés dans les mondes afro-descendants. En substance, des intérêts stratégiques partagés doivent intrinsèquement se dégager, lorsqu’il y a plusieurs paradigmes contraires dans un ensemble hétérogène nous nous égarons, l’Union Africaine en est la preuve malheureusement.
Quel regard portez-vous sur la situation du continent ainsi que de sa diaspora ?
Nous traitons largement cette question dans nos articles, mais rappelons que nous ne sommes pas des afro-pessimistes. Cependant, force est de constater que nos Etats restent relativement faibles et en proie aux ambitions des puissances internationales comme la Chine, l’Inde ou encore la Turquie et la Russie. D’autant que l’influence des puissances occidentales n’a pas si ternie que l’on prétend, toutes ces dynamiques qui se croisent en Afrique nous rappellent vaguement la fin du 19ème siècle dont nous connaissons la suite… Malgré les taux de croissance élevés selon certains pays (Ethiopie, Côte d’Ivoire, Kenya, Ghana ou Tanzanie, etc.), le manque de cohésion et de vision entre les pays africains au sein de l’Union Africaine ou des organisations régionales emboitent le pas à tous les indices de développement que nous pouvons observer.
Concernant la diaspora et les sociétés civiles, nous estimons que globalement, les relations entre les premières nommées et les pays africains ne sont pas assez approfondies. Soulignons par ailleurs qu’il ne faut pas réduire la diaspora à une fonction économiste dans la mesure où, celle-ci pourrait être le pont d’influence avec les pays africains. Par conséquent, son importance devrait vraiment être prise en considération de la part de nos pays. Certains Etats ont saisi le rôle primordial que pouvait tenir les diasporas dans leurs pays, notamment dans les espaces géographiques reculés et défavorisés. En effet, des villages et des infrastructures sont entretenus par les fonds envoyés par la Diaspora, le Sénégal et le Mali sont de parfaits exemples.
Selon vous que faudrait-il mettre en œuvre (ou poursuivre) pour que nous émergions ?
Pour les diasporas, il faudrait un paradigme commun, qui surpasserait notre diversité culturelle car la « communauté noire » est loin d’être homogène. N’importe qui constate que nos commerces sont absorbés et dépassés par ceux détenus par les communautés chinoises et indiennes, qui peuvent se permettre de commercialiser nos propres produits.
Pouvez-vous nous parler de votre actualité ?
Avant Mai, nous publierons un article rédigé par Bruce Mateso traitant de des conditions estudiantines africaines en générale, puis samedi 5 mai, nous tiendrons une conférence intitulée « Mayotte, analyse et enjeux d’un contentieux entre les Comores et la France. ». Cet événement sera l’occasion de débattre autour d’un territoire français Outre-Mer qu’est Mayotte, qui se situe dans l’Archipel des Comores, ancienne colonie française. Récemment, des tensions ont éclaté entre ces deux pays autour de cette île, par conséquent, lors de notre conférence, nous traiterons des problématiques liées à cette situation. Nous analysons l’impact et le rôle des religions comme l’Islam dans la géopolitique africaine.
Où nos lecteurs peuvent-ils vous retrouver/suivre ?
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