Orientation: Parcours Supp, le nouvel outil qui décide de l’avenir des étudiants

Ravel, APB et maintenant Parcours Supp ! Le nouvel outil est désormais celui qui reçoit, classe et envoie les voeux des futurs bacheliers à leurs recruteurs potentiels. Décryptage.

Chaque année, les élèves de Terminale doivent faire face à leur avenir en choisissant leur orientation. Un moment crucial où le futur étudiant se retrouve seul face à ses aspirations, ses rêves, ses faiblesse. Afin qu’il choisisse, et le mieux possible (si possible),  l’Education nationale met en place un outil en ligne qui se charge de classer les voeux des futurs bacheliers par ordre de priorité. Après les logiciels Ravel et APB, nous vivons depuis la rentrée 2018 l’ère de Parcours Supp. les deux précédents ayant fait scandale, le dernier ne semble pas non plus remporter l’adhésion des utilisateurs. En cause, un mode de sélection qui rendrait encore plus incertaine l’orientation des lycéens et ferait ressortir l’aspect inégalitaire, depuis longtemps dénoncé, du système scolaire français.

Parcours Supp: comment ça marche ?

Au niveau des inscriptions, l’outil fonctionne comme les deux précédents. Les élèves se connectent grâce à un identifiant (qu’ils doivent précieusement conserver jusqu’à la fin de la procédure). S’ouvre alors un monde de possibilités, fait d’intitulés abstraits qui sont relativement en rapport avec l’idée que vous vous faites de la filière. Le calendrier est le suivant:

  • ouverture de la plateforme: 15 janvier 2018
  • formulation des voeux: du 22 janvier au 13 mars 2018 (18h)*
  • constitution des dossiers et confirmation des voeux: jusqu’au 31 mars
  • accès aux décisions et réponses des établissements: du 22 mai au 5 septembre 2018
  • phase complémentaire: 26 juin 2018
  • inscription administrative: été 2018

*Lors de la première phase, les voeux sont limités à 10, sans classement obligatoire.

Le professeur principal de chaque classe de terminale doit s’assurer de la cohérence et du réalisme des choix de formation souhaités par ses élèves. Il lui incombe donc de rédiger une « fiche avenir », qui servira également de supports aux enseignants recruteurs des filières sollicitées. Ce rapport, sous forme de grille où les notes vont de 0 à 20, sanctionne les points suivants:

  • Autonomie
  • Engagement
  • Méthode de travail
  • Capacité à s’investir
  • Capacité à réussir
  • Esprit d’initiative

Le travail continue que l’élève a fourni (ou non) durant l’année, et pire, son accession à la formation de son choix, tiennent donc très lourdement à l’appréciation du professeur. Ce qui peur s’avérer être une bonne ou une mauvaise chose pour le concerné. En effet, pour les travailleurs acharnés dont les notes témoignent de l’implication, aucun problème. Pour ceux qui ont l’avantage d’avoir un professeur principal très clément et encourageant voire un peu laxiste, il pourra donner un avis favorable pour ne pas priver ses élèves de tenter leur chance. En revanche, pour les cancres, les partisans de la dernière minute et se qui « laissent couler », l’appréciation peut définitivement leur fermer les portes d’une formation choisie en cycle secondaire.

« Oui », « Oui si », « En attente »…

L’une des nouveautés de Parcours Sup: les algorithmes « d’aide à la décision » ou « algorithmes locaux ». Il s’agit des seuls points qui sont laissés à l’appréciation des recruteurs.C’est-à-dire qu’ils peuvent décider selon des critères propres à leurs établissements.Une particularité qui s’oppose ainsi aux cirières nationaux puisqu’il se soustrait à des normes communes à chaque établissement. Un enjeu décisif surtout,  pour les candidats, qui va permettre de classer les dossiers; la où le logiciel APB effectuait le tirage au sort au hasard . Pour cela, les enseignants-chercheurs pourront jauger les candidatures de façon plus précise, grâce à un système de notation par lettres:

  • E: scolarité à l’étranger après le bac
  • O: option européenne, internationale ou bi-nationale
  • C: changement de filière au lycée
  • P: redoublement de la classe de première
  • T: redoublement de la Terminale

Les établissements recruteurs doivent répondre aux postulants selon trois mentions: « Oui », si l’élève est accepté; « Oui, si » qui est un accord sous réserve que l’élève améliore ses notes en prenant des cours de soutien; un point intéressant qui offre une seconde chance, ou plutôt une dernière chance de faire ses preuves. Les universités ne peuvent cependant pas y avoir recours. Enfin, la mention « En attente » est présentée aux élèves acceptés dans une filière très demandée où le nombre de places, inférieur aux demandes, ne permet pas de garantir une inscription  à tous les candidats. Seules les filières sélectives peuvent opposer un refus catégorique avec la mention « Non ».

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.$Crédit photo: gouv.org

La loi Vidal ou endiguer la médiocrité

La loi Vidal ou loi Orientation et réussite des étudiants ,à l’initiative de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, a été adoptée afin de lutter contre la médiocrité. En France, les universités ont la mauvaise réputation d’être le foyer de la mal formation et accusent des statistique déplorables. 

Des étudiants manifestent contre la loi Vidal Crédit photo: Le Monde

Cette loi  a également vocation à combattre les inégalités sociales ; à accompagner les étudiants et à résorber « le taux d’échec très élevé dans le 1er cycle ».En application depuis janvier 2018, la loi Vidal souhaite insister sur la dispense dans les universités françaises, d’une formation de qualité qui permettrait aux diplômés de « s’insérer dans la vie active » plus facilement. 10 millions d’euros supplémentaires ont été injectés dans cette réforme, qui présente de plus quelques avantages pécuniaires.

Manifestations des syndicats contre la loi Vidal.
Crédit photo: Le Monde

Par exemple, les frais de 217 euros dont doivent s’acquitter les étudiants pour la sécurité sociale  sont supprimés. Par ailleurs, le régime de sécurité sociale étudiante lui-même est désormais obsolète. Dorénavant, les étudiants sont rattachés à la sécurité sociale classique et peuvent donc figurer sur les déclarations de leurs parents. Lorsque l’on sait la situation financière des étudiants, il s’agit plutôt une bonne nouvelle. Néanmoins, ces efforts sont loin de faire l’unanimité.

Un outil contesté

Si le gouvernement se félicite de la réforme de l’enseignement et des modalités de Parcours sup, la gronde est croissante chez une partie des enseignants et des étudiants essentiellement. Les contestataires accusent ce changement de vouloir renforcer les inégalités sociales en choisissant soigneusement les élèves à qui l’on offre le droit de poursuivre une scolarité de qualité, en adéquation avec leurs choix. Parmi les recruteurs, certains prennent avec scepticisme les annotations de leurs collègues du corps lycéens, dont le laxisme pourrait fausser les critères d’admission des futurs universitaires.

Le président Emmanuel Macron.
Crédit photo: Closer

Par ailleurs, ils ne savent pas quelle place occupe leur formation dans la liste des choix.  Depuis début mars, blocages et boycotts se multiplient, notamment à la Faculté de Tolbiac qui est devenu l’un des foyers de la révolte. Mardi 10 avril, une marche depuis l’université de La Sorbonne jusqu’à celle de Jussieu avait réuni 1200 manifestants. Ces mobilisations contre la décision d’un gouvernement indifférent ralentissent les révisions et donc la préparation nécessaire aux examens finaux. Certains  grévistes avaient même été jusqu’à exiger d’obtenir d’office la note de 10/20 (information RMC) à chacun de leurs partiels. Une idée refusée par l’ensemble de l’équipe pédagogique et par le président de la République qui déclarait dans une interview au journal de 13h de TF1:

 

« Les étudiants doivent comprendre une chose: c’est que s’il veulent avoir leurs examens en fin de l’année, c’est mieux de les réviser, parce qu’il n’y aura pas d’examen en chocolat dans la République”.

 

Bref, vous l’avez compris, il faudra bon gré mal gré passer par l’outil Parcours sup pour vous voir attribuer une formation à la rentrée 2018 ! Restez donc connectés, conservez précieusement vos identifiants et gardez un oeil sur le calendrier !

www.parcoursup.fr

 

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SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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