La gouvernance du Congo-Brazzaville placée sous tutelle du FMI

Le financement des réformes économiques prévues par le Congo-Brazzaville sera soumis à des « exigences de gouvernance » du FMI.

Depuis 2014, la crise congolaise bat son plein. Les secteurs publics et privés sont au ralentis et paralysent l’économie, la santé et l’éducation. La chute des cours du pétrole en est la principale cause, mais la crise politique depuis la réélection du Président Dénis Sassou Nguesso le 20 mars 2016 et les affaires de corruption qui ont suivi, ont accru le climat de tension sociale. Selon une enquête du quotidien français Le Monde, publiée début avril, le Congo-Brazzaville aurait par ailleurs contourné des règles du FMI dans les années 2000 à l’aide d’un montage financier mis sur pied par Total, des affirmations démenties par ce groupe français.

La crise congolaise

Des déplacés à Yamba, département du Pool. Congo-Brazzaville, 2016 © RFI/Florence Morice

Le président Denis Sassou-N’guesso affirmait lors de la célébration du 57eme anniversaire de l’indépendance du Congo, que « le pays connaît des difficultés certaines. Ces difficultés gagnent le champ économique en général. La situation macroéconomique ne cesse de se dégrader. Tous les secteurs de l’économie nationale sont touchés par la récession ». Selon les estimations de Lucie Villa, qui suit le pays pour l’agence de notation Moody’s, « fin décembre 2017, la dette a atteint 127 % du PIB ». Face à cette situation d’urgence, des bailleurs tels que le FMI avaient annoncé la possibilité d’un programme d’aide.

Le gouvernement congolais a alors entrepris la mise en place de réformes économiques visant à redresser le budget de l’Etat. Les caisses étant vides et les investisseurs étrangers aux abonnés absents, le président N’guesso a du sollicité le soutien financier du FMI. Selon l’Institution de Bretton Woods présente à Brazzaville du 3 au 18 avril dernier, « les faiblesses dans la gouvernance et la lutte contre la corruption ont exacerbé les lacunes et les vulnérabilité économiques » du pays.

La tutelle du FMI

Le président congolais Denis Sassou-N’guesso.

Après de long mois de négociations, le FMI a finalement répondu favorablement à la requête du Congo…mais sous conditions. Le programme de relance économique sera soumis à des « exigences de gouvernance » du bailleur. Celles-ci, qui rappellent tristement les Plans d’ajustement structurels dans années 1980, comprennent des coupes budgétaires, la sauvegarde de la stabilité du secteur financier, la renforcement de la gouvernance et des réformes structurelles. Clairement, cela signifie que le pays accepte de se placer sous tutelle de l’Institution.

« La République du Congo se félicite d’avoir répondu à l’ensemble des critères pour être éligible à un financement de son programme économique et financier par le FMI et ses partenaires internationaux », note le communiqué du gouvernement.

La conclusion de cet accord à elle seule permet à l’Etat congolais de bénéficier d’autres financements bilatéraux. Le ministre français Bruno Lemaire a déjà promis un soutien de 135 millions d’euros conditionné à la conclusion du FMI. La banque mondiale ainsi que la Banque africaine de développement pourraient également apporter leur soutien financier au programme.

«Les autorités devront entreprendre des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance pour traduire en action la rupture avec les politiques et pratiques du passé proclamée par le gouvernement» a annoncé Abdoul Aziz Wane, le chef de mission du FMI.

La partie n’es pas totalement terminée, Brazzaville devra encore prouver au FMI que le pays peut tenir ses engagements. Interrogée lors d’une conférence de presse, la directrice générale du FMI Christine Lagarde, a précisé que « c’est à l’issue du conseil d’administration que l’on saura exactement quels sont les financements et quelles sont les conditions associées à ce programme ».

 

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Sources:

La Tribune Afrique

VoaAfrique

Jeune Afrique

Le Monde Afrique

Les échos Congo-Brazza

News

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