Le nouveau documentaire ARTE « Les routes de l’esclavage » sort des sentiers battus

Nofi s’est rendu à Nantes pour l’avant-première du documentaire en 4 épisodes « Les routes de l’esclavage », qui sera diffusé sur ARTE le 1er mai 2018 à 20h50 et sur France-ô, les mercredis 2 et 9 mai 2018 à 20h55.

« Les routes de l’esclavage », tel est le titre du nouveau documentaire ARTE qui retrace l’histoire de l’esclavage du 5ème au 19ème siècle. L’ambitieux projet est porté par Fanny Glissant, co-réalisatrice descendante d’esclaves…et d’esclavagistes, comme elle l’a évoqué, non sans émotions, lors de son intervention avant la diffusion du documentaire à Nantes. Entourée d’experts de l’INRAP (institut national d’archéologie préventive), d’historiens et de spécialistes issus de nombreux pays, Fanny Glissant a co-réalisé le premier documentaire qui évoque de manière chronologique la complexité historique des différentes traites. C’est l’histoire de l’humanité, de ses dérives et de sa violence; l’histoire de millions d’humains arrachés violemment de leurs terres et de leurs proches.

Affiche du documentaire « Les routes de l’esclavage » © La Compagnie des Phares et Balises

Les 4 épisodes abordent les différentes formes d’esclavage: l’esclavage africain noir (inter-africain), l’oriental, puis de la traite transatlantique. Les nouvelles données archéologiques et historiques permettent de découvrir quelques rares histoires inédites, d’appréhender l’avancée des recherches scientifiques, pour entrer un peu plus encore dans l’horreur du quotidien des esclaves et de leurs maîtres.

« Les ossements des esclaves se conservent de la même manière que ceux des maîtres. »

Le début de la série nous transporte dans l’Afrique subsaharienne du Ve siècle, durant l’expansion arabe et l’islamisation de la partie nord du continent. Ce premier volet est ponctué d’archives précieusement gardées par les habitants de l’ancien empire du Mali ou ceux enfouis dans les synagogues, sans oublier les complicités des peuples Berbères ainsi que celles des chefs africains des grands empires de l’époque. Les tabous sont mis à mal et les illusions défaites. De Tombouctou à Bagdad, de Nubie au Caire en passant par Tripoli, de nombreux comptoirs ont vu périr des milliers d’hommes et de femmes, traités comme du bétail à travers l’océan du Sahara…

Illustration d’une caravane transportant des esclaves à travers le désert

Puis le troisième volet aborde la traite transatlantique, avec les Portugais, les Espagnols, les Anglais, les Hollandais, les Français…l’immensité du désert laisse place à celle de l’océan, à ses bateaux négriers et à ses fonds de cale dans lesquels étaient entassés ces Africains déjà marqués par des décennies d’esclavage. C’est au cours du XVIIe siècle que les choses prirent une autre tournure: celle de la guerre du sucre. Toutes les puissances européennes se lancèrent à l’assaut du Nouveau Monde pour se procurer cette denrée précieuse qui rapportait tant. Le trafic devint commerce, les esclaves devinrent marchandises. A cette période, 74% des esclaves déportés se sont retrouvés dans les plantations de sucre des Caraïbes et d’Amérique du Sud. Mais le spectateur aura aussi droit à l’histoire des révoltes d’esclaves et du marronnage, chose rare dans les documentaires traitant de ce sujet.

Les esclaves travaillant sur les plantations de canne à sucre dans les Caraïbes

Un rendez-vous à ne pas manquer pour les curieux de l’Histoire, qu’ils soient finalement sceptiques ou séduits. Ce documentaire, malgré ses quelques impasses, a le mérite d’aborder des angles historiques peu ou pas traités jusqu’ici, tant le sujet demeure sensible et vivace dans les esprits.

 

AUTEUR(S)-RÉALISATEUR(S)
Daniel Cattier, Juan Gélas, Fanny Glissant

PRODUCTION / DIFFUSION
La Compagnie des Phares et Balises (CPB), Kwassa Films, LX Filmes, ARTE France, RTBF, RTP – Rádio Televisão Portuguesa

PARTICIPATION
INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives)

ORGANISME(S) DÉTENTEUR(S) ou DÉPOSITAIRE(S)
La Compagnie des Phares et Balises (CPB)

 

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