Selon une récente étude, le désert du Sahara s’est agrandi de 10 % entre 1920 et 2013.
L’avancée inexorable du désert du Sahara
Le Journal of Climate vient de publier une étude réalisée par des chercheurs américains de l’université du Maryland, dans laquelle ils affirment que le désert du Sahara s’est agrandi de 10 % entre 1920 et 2013, soit d’une superficie équivalente au Nouveau Mexique! Cette vaste étendue de 9 millions km2 qui s’étend de Dakar à Djibouti, s’accroît lentement mais sûrement chaque année. Le plus grand désert chaud du monde, aux milles visages à couper le souffle, progresse inexorablement au détriment de toute vie sur son passage.
Il aura fallu analyser 100 ans de données sur les niveaux de précipitations à travers toute l’Afrique, pour que les chercheurs arrivent à cette conclusion: en moins d’un siècle, le désert du Sahara s’est étendu de 10%. Le constat est alarmant. En causes, deux phénomènes distincts: pour 1/3, il est du au réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine. La déforestation, l’élevage intensif et l’accroissement de la population qui engendre une expansion des terres cultivées sont les principales responsabilités de l’Homme. Pour autant, les 2/3 sont imputées aux phénomènes naturels. Selon les chercheurs, si le réchauffement se poursuit à son rythme actuel, le désert ne devrait cesser de s’étendre plus au Sud sur le continent africain.
Des conséquences alarmantes
Rappelons que dans un passé pas si lointain à l’échelle de la planète (environ 10 000 ans), la région était une zone fertile avec une flore et une faune abondantes. Depuis, l’avancée du désert du Sahara a provoqué la disparition de plusieurs espèces animales. Sur le plan écologique, la plus forte expansion du Sahara s’est fait dans le sud, aux dépens de régions agricoles de pays comme le Soudan, le Tchad ou la Mauritanie. Le Sahel, qui s’étend sur environ 5.400 kilomètres, est la zone la plus touchée par la diminution des niveaux de précipitations. Or, qui dit moins de pluie dit plus de sable qui, porté par le vent, reste au sol où il finit par ralentir la croissance de la végétation. Cela représente une diminution de 32% des régions forestières, steppiques et des pâturages, qui provoque de réelles menaces pour la vie des habitants.
« Les tendances ont un effet dévastateurs sur les vies des populations africaines qui dépendent d’une économie basée sur l’agriculture », souligne un des chercheurs.
Au cœur de cette région, se trouve le lac Tchad qui sert d’indicateur climatique et pluviométrique:
« Le bassin du lac Tchad se jette dans la région où le Sahara progresse lentement vers le Sud et le lac est en train de s’assécher. Il s’agit d’une empreinte très visible de la réduction des précipitations non seulement localement, mais dans toute la région. C’est un indicateur du déclin de l’eau dans le bassin du Tchad.”
L’immensité du Sahara (à peu près la taille des États-Unis) qui traverse dix pays d’Afrique, rend la tâche plus ardue encore. Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie se font déposséder de leurs territoires. Aux dires des autorités tunisiennes, 75% des terres cultivables du pays sont menacées par le processus de désertification. Le comité permanent Inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) évoque le chiffre de plus 7 millions de personnes menacées par la famine au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Le dérèglement climatique a mis plus de 6 pays dans une situation d’urgence, explique docteur Djime Adoum secrétaire exécutif du comité permanent Inter État de lutte contre la sécheresse au Sahel.
Des solutions plus lentes que le désert
En 2008, il y a 10 ans, l’Union Africaine a lancé un plan d’envergure afin de venir à bout de la désertification. Ce projet de Grande Muraille Verte portée par l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV), en plus de planter des arbres, souhaite endiguer durablement la pauvreté, stopper la dégradation des sols, conserver la biodiversité et augmenter la productivité.
L’initiative concerne les pays du Sahara et du Sahel, à savoir: l’Algérie, le Burkina Faso, le Cap Vert, Djibouti, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Érythrée, la Gambie, la Guinée Bissau, la Libye, le Mali, la Mauritanie, la Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Somalie, le Soudan, le Tchad et la Tunisie.
Mais les progrès se font attendre. Mis à part la Sénégal et l’Ethiopie qui ont connu des résultats positifs, la majorité des autres pays n’en sont qu’à l’état de réflexion. Comme souvent, hélas, les budgets manquent cruellement, malgré l’aide financière apportée par l’Union Européenne.
La désertification concerne 1.6 milliard de personnes dans le monde, selon l’ONU. En conséquence, d’ici à 2045, ce sont 135 millions d’habitants qui seront contraints de quitter leur zone. Cela présage des mouvements migratoires de grandes ampleurs.
https://nofi.fr/2018/04/multiples-visages-sahara/51338