Un Raccourci dans le temps sort dans les salles de cinéma ce mercredi 14 mars. La nouvelle production Disney, réalisée par Ava Duvernay, est un film pour enfants qui aborde subtilement la question de la diversité tout au long de l’intrigue. Plus que ça, le film distille de nombreuses références et symboles, qui mettent en exergue la problématique de l’intégration.
Un Raccourci dans le temps est l’adaptation cinématographique du conte éponyme, écrit par Madeleine L’Engle. Conduit par Ava Duvernay, ce projet porte assurément la patte de la réalisatrice, dont l’engagement communautaire n’est pas à prouver. Si quelques critiques s’étonnent de découvrir un film à priori dépourvu d’engagement, il amène pourtant sur des questions majeures de société, à savoir celle la de l’intégration. La jeune Meg Murry (Storm Reid), est rebelle et revêche depuis que son père a mystérieusement disparu.
Grâce aux dons exceptionnels de son petit frère Charles Wallace, de trois êtres surnaturels bienveillants et de l’un de ses camarades, elle va partir à sa recherche, à travers les différentes galaxies de l’univers. Dans cette mission, véritable voyage initiatique, Meg va apprendre à croire en elle-même, à faire confiance et surtout à s’accepter. Le dernier thème est d’autant plus important que la réalisatrice a fait le choix d’une actrice métisse pour incarner le rôle principal pourtant Blanc dans la version originale du conte. Métisse aux cheveux frisés, auxquelles on fait souvent allusion dans le film. Le cheveu, pour les Noires, et l’acceptation de manière générale, est des questions d’identité récurrentes. L’héroïne les porte à l’écran, permettant ainsi l’identification de millions de fillettes et adolescentes confrontées à cette particularité au quotidien. Storm Reid représente en cela un symbole important ancré de plus dans d’une fiction à gros budget de la maison Disney.
Un éloge à la diversité ?
Plus généralement, outre la thématique du Temps et de l’espace, le film traite de la diversité. Diversité des protagonistes d’abord avec Deric McCabe aka Charles Wallace; Storm Reid aka Meg Murry et Levi Miller II aka Calvin O’keef. Diversité du modèle familial: la mère de Meg est également métisse (Gugu M’batha-Raw), et incarne elle aussi un symbole positif d’identification dans son rôle de femme belle et brillante, génie des Sciences reconnu, forte et indépendante qui continue de tenir la famille malgré l’absence fortuite de son époux (Chris Pine). Parmi ses autres choix de réalisation, Ava DuVernay a également pris le parti de diversifier les origines des alliées célestes des enfants. Des fées plus jeunes et pétillantes dont chacune porte un héritage culturel différent : Mindy Kaling aka Miss Qui est d’origine indienne; Oprah Winfrey aka Miss Quidam, la marraine en chef, est noire, enfin Reese Witherspoon aka Miss Quiproquo est de type caucasien.
Chacune porte en elle un message d’ouverture. Ava DuVernay fait par ailleurs plusieurs clins d’œil à l’endroit des figures de l’activisme, de l’activisme noir en particulier. Autant de symboles qui invitent cette partie de l’histoire au cœur de la société actuelle, replaçant ces personnages au même niveau que les autres hommes et femmes qui luttèrent pour faire de la Planète un endroit meilleur. La fée Quidam s’exprime d’ailleurs avec les mots d’êtres humains du monde entier, sans distinction de race. Une façon de dire peut-être que les actions priment sur les préjugés et que faire le Bien (ou le Mal) n’est pas une question de couleur de peau. Sans prôner un universalisme assimilationniste, Un Raccourci dans le temps invite les individualités à se rencontrer, à se connaître connaître et à s’appréhender sur un pied d’égalité. Un film familial captivant en outre, sublimé par des images incroyablement colorées et puissantes; des costumes et des maquillages originaux. Un vrai régal pour les yeux, à découvrir dans les salles de cinéma dès aujourd’hui !