Il est toujours bon de s’informer sur ceux qui nous donnent l’information…Décryptage des méthodes de désinformations actuelles qui nous maintiennent dans de faux combats et nous privent toujours plus d’une réelle compréhension des enjeux de notre société.
« Si vous ne lisez pas les journaux, vous n’êtes pas informés. Si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés. » Denzel Washington.
En France, la majorité de la presse nationale et régionale, des magazines, radios et chaînes de télévision sont détenus par de grands groupes privés. Ces noms, que nous connaissons pour leur présence sur le continent africain, sont aussi ceux qui détiennent les médias français. Il s’agit de Bouygues (Bouygues Construction, Télécoms), Bolloré (Transport, logistique), Dassault (Aviation, Armement), Lagardère (Hachette Livres, Médias), Niel (Free), Pigasse (patron de la banque Lazard) ou encore Drahi (SFR). Autant de milliardaires aux intérêts colossaux qui contrôlent l’information forgeant nos goûts, nos opinions, nos tendances. « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible », avait reconnu Patrick Le Lay, PDG du groupe TF1, en 2004. À longueur de journée, quotidiennement, les chaînes d’info en continue se positionnent en faiseurs d’opinions, les pubs en créateurs de mode, construisant une réalité conforme aux intérêts particuliers des grands patrons. Quels sont ces intérêts ? Ils ne sont pas prioritairement financiers puisque, pour la presse écrite en tout cas, cela ne leur rapporte pas. Ce que paient ces hommes à coups de millions, c’est notre consentement collectif, afin de faire de nous des consommateurs (tant de biens de consommation que d’informations), passifs, inoffensifs et malléables.
Quand un groupe comme Lagardère peut diffuser une même information dans des livres (Hachette), à la radio (Europe 1), dans les journaux (Paris Match), à la télévision (Gulli) et qu’en plus il détient les chaînes de distribution (Relay), la boucle est bouclée et nous pouvons parler d’emprise médiatique! L’expression « qui paie, commande » prend tout son sens!
*Par extension : Niel détient Le Monde Afrique, Bolloré détient Canal + Afrique, Pinault détient Le Point Afrique…
Connivence entre médias et politiques
Si 1969, Francis Bouygues qui employait 80% d’étrangers, se positionnait en faveur d’un regroupement familial, ce n’est pas par humanisme. Il estimait que ses salariés ne constituaient pas « une main-d’œuvre stable », car ces derniers ne souhaitaient pas s’installer indéfiniment et projetaient de retrouver leur famille dans leur pays d’origine. Cette manne financière aurait pu lui échapper…Qu’à cela ne tienne! Il propose au gouvernement français de faire venir les familles en France (la loi sur le regroupement familial sera mise en place par Valéry Giscard D’Estaing en 1975). Ainsi, Monsieur Bouygues gagne doublement : il a pu non seulement garder ses ouvriers non-qualifiés à bas salaires, mais en plus, construire les nouveaux logements qui les ont reçu.
Ce furent encore les intérêts économiques qui prévalurent dans la « jungle » de Calais. Non pas ceux des habitants calaisiens, moins encore ceux des réfugiés, mais bien ceux de la société Logistic Solutions de Norbert Janvier, qui, comme l’a révélé Médiapart dans son article Les containers de la honte, a reçu 20 millions d’euros de l’État français pour l’aménagement de 125 containers. Containers de 14 mètres carré chacun, prévus pour 12 personnes, sans eau ni cuisine…Ce genre de politique d’immigration, qu’elle soit légale ou illégale, sert avant tout les intérêts du grand patronat.
Il y a dix ans, les médias ont soutenu massivement la première campagne pour la présidence de Barack Obama en 2008. Nous avons eu droit à une communication de haut niveau avec une presse internationale unanimement favorable. Derrière son slogan « CHANGE We can believe in », c’est l’espoir d’un monde meilleur qui s’offrait non seulement aux Américains mais aussi à tous les opprimés de la Terre. Il incarnait le sauveur, prix Nobel de la Paix (2009), qui rendrait le monde plus juste. Durant sa campagne il avait déclaré: « Je mettrai un terme à cette guerre en Irak de manière responsable et terminerai la lutte contre Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan ». Pourtant, le bilan de ses deux mandats laisse perplexe sur son réel pacifisme. Un rapport du Council on Foreign Relations (CFR) montre que Washington a bombardé la Syrie, le Pakistan, l’Afghanistan, la Libye, le Yémen ainsi que la Somalie en 2016. Pas moins de 26 171 bombes ont été larguées. 72 par jour. Trois par heure. Barack Obama a été élu en grande partie pour sa couleur de peau et les médias en ont énormément joué, mais ces actes ont été ceux d’un président américain impérialiste.
Les enquêtes et les sondages représentent les armes de persuasion de ces milliardaires. En rachetant 60% du capital de l’Institut de sondage CSA, le groupe de Vincent Bolloré, qui en détenait déjà 40 %, acquiert la totalité de l’institut de sondage français[1]. Ces sondages trompent les orientations, choix ou décisions des citoyens. Ils peuvent faire pencher la balance en influençant l’opinion publique en utilisant l’émotionnel. Les médias veulent parvenir à nous faire voir et comprendre le monde qui nous entoure de manière simpliste et homogène, au travers d’une pensée unique en dehors de laquelle il n’y a rien, que d’obscures idéologies.
Nous vivons dans une illusion démocratique, qui permet aux gouvernements d’intervenir militairement sur des territoires étrangers, de faire preuve d’ingérence par le biais des ONG, de renverser des pouvoirs dérangeants, de faire taire les lanceurs d’alerte, le tout au nom de la sacro-sainte démocratie. Ce mot « fourre-tout » permet de véhiculer des concepts et des idéologies défendus par les plus crédules. Par contre, une personne ou un peuple qui exerce son droit à remettre en cause l’application des mesures prises par des gouvernements totalitaires devient de fait « antidémocratique ».
« En somme, les personnes, qui n’ont ni les moyens ni (souvent) la motivation pour connaître et comprendre la réalité, vivent, décident, obéissent et expriment leur volonté « démocratique » en se basant sur la représentation du monde de toute façon irréelle, illusoire, un assemblage d’informations fausses ou partielles, d’évaluations et d’interprétations, notamment sur les objectifs, l’aspect éthique et la légalité réelle du système. » Marco Della Luna et Paolo Cioni, Neuro-Esclaves.
Sources:
[1] L’Obs