Le Commonwealth serait-il le vestige de l’ancien Empire colonial britannique?
Fondé par le Parlement du Royaume-Uni le 11 décembre 1931, le Commonwealth est une organisation intergouvernementale composée, pour la grande majorité, d’anciennes colonies de l’Empire britannique. Il a émergé au milieu du XXe siècle, pendant le processus de décolonisation.
L’histoire du Commonwealth
Au début du XXe siècles, les Premiers ministres britanniques et coloniaux se rassemblent afin de poser les bases d’un territoire britannique composé de nations souveraines. Ce projet est officialisé avec la Déclaration de Balfour de 1926 qui, entre autres mesures, interdit l’ingérence britannique au sein des États membres de l’organisation. Entre 1940 et 1960, les vagues successives d’indépendances ont amorcé la Déclaration de Londres de 1949, qui fait des États membres des partenaires « libres et égaux ». Selon cette déclaration, le monarque britannique est « le symbole de la libre association des nations membres et, en tant que tel, chef du Commonwealth ». De fait, la reine Élisabeth II est le chef. Elle est présente à tous les sommets mais ne participe pas aux réunions.
Lionel George Curtis (7 mars 1872 – 24 novembre 1955) est un des principaux instigateurs du Commonwealth. Il a plaidé pour un Empire britannique fédéral et même, plus tard, pour un État mondial. Également partisan d’une Europe fédéralisée, il participe au Congrès de la Haye en 1948 (aussi appelé « Congrès de l’Europe », cet évènement est considéré comme l’un des premiers fondements du Fédéralisme européen).
Les membres du Commonwealth
Le Commonwealth est un organisme bénévole qui s’est considérablement agrandi ces 50 dernières années. Composé de 10 membres en 1956, il regroupe désormais 53 États répartis sur 6 continents et représentant 2.3 milliards d’habitants, soit 1/3 de la population mondiale. Parmi eux, 19 pays africains, 13 des Caraïbes, 11 du Pacifique, 7 d’Asie et 3 d’Europe. C’est donc l’Afrique qui est principalement représentée dans cette organisation britannique. La grande partie des pays africains membres du Commonwealth le sont depuis leur indépendance, ces anciennes colonies britanniques sont restées au sein de l’organisation. Certains comme les Maldives, ont préféré la quitter en 2016. D’autres en ont étaient exclus comme l’Afrique du Sud durant l’apartheid (mais réintégrée sous Mandela en 1994), le Nigeria après l’exécution de Ken Saro Wiwa (réintégrée suite aux élections de 1999), ou encore le Zimbabwe de Mugabe expulsé en 2003 pour son bilan en matière de Droit de l’Homme.
En 2013, Yahya Jammeh, alors président en exercice a annoncé le départ de la Gambie de l’organisation. Il avait déclaré que « la Gambie ne fera jamais partie d’une institution néo-coloniale ». Il souhaitait également sortir de la Cour Pénale Internationale (CPI). Mais Adama Barrow, son successeur depuis le 19 janvier 2017, en a décidé autrement. Rompant avec la volonté de l’ex président, il a réintégré la Gambie au sein du Commonwealth depuis février 2018.
Nous pouvons également citer le Rwanda qui a présenté sa candidature pour intégrer l’organisation en 2008. Admise fin 2009, elle est avec le Mozambique, le seul pays membre n’ayant aucune histoire commune avec la Grande-Bretagne. De nombreux autre pays africains anglophones font partie de cette organisation. Il existe même une « liste d’attente » dans laquelle nous retrouvons le Somaliland, qui souhaite obtenir une place en tant qu’observateur, le Soudan et le Soudan du Sud.
Du côté des Caraïbes, il y a la Jamaïque, la Barbade, la Guyane ou encore Trinité-et-Tobago. Ce dernier vient d’élire Paula Mae Weekes comme première femme présidente du pays.
L’organisation
Avec environ 62 millions d’euros, le budget du Commonwealth est loin derrière celui de l’ONU (13 milliards de dollars) ou de l’Union Européenne (120 milliards d’euros). Tous les deux ans, les chefs des gouvernements membres se réunissent pour traiter de questions politiques, économiques et sociales, ainsi que des mesures à adopter. La Déclaration des principes du Commonwealth, adoptée en 1971 déclare que:
« Les États membres doivent favoriser la paix et l’ordre dans le monde à l’appui de l’action de l’ONU, promouvoir les institutions représentatives et des garanties juridiques de liberté individuelles, reconnaître l’égalité des races et la nécessité de combattre la discrimination et l’oppression raciales, et s’appliquer à mieux répartir les richesses dans la société. »
Mais ce qui pousse les pays en développement ou émergents à intégrer le Commonwealth est davantage d’ordre géopolitique. En effet, les membres sont privilégiés en matière de commerce, notamment par l’allègement des règles d’immigration à destination de la Grande-Bretagne. De plus, les sommets sont des opportunités où les États peuvent traiter de manière bilatérale (de gouvernement à gouvernement) avec des pays comme l’Australie, le Canada ou le Royaume-Uni. Enfin, rassemblés par la langue, la culture…et l’histoire, les pays africains favorisent les partenariats continentaux entre membres de l’organisation.
Les membres du Commonwealth n’ont officiellement aucun compte à rendre quant à la gestion diplomatique de leur pays, et l’organisation ne dispose d’aucun moyen de pression sur les dirigeants. De fait, certaines associations de Droits de l’Homme critiquent la complaisance vis-à-vis de certains des membres, qui, à l’instar du Nigéria ou du Pakistan, sont considérés comme des pays où les bilans en termes de liberté religieuse et d’expression sont mitigés.
Au vu des intérêts de chacune des parties, soit à intégrer l’organisation, soit à accepter de nombreuses candidatures de pays émergents, la question est : qui profite de qui?
Pour la liste complète des États membres du Commonwealth, c’est ICI.
https://nofi.fr/2016/11/laccord-partenariat-post-independances-debut-de-francafrique/32550
Sources: