Kenya: Elles créent un village de femmes pour se préserver des violences conjugales et maltraitances

Depuis une vingtaine d’années, ces femmes Samburu ont décidé de ne plus accepter le sort qui leur était imposé. Elles ont fondé leur propre village, à plus de 300 km de Nairobi (Kenya), loin des maltraitances qu’elles subissaient au sein de leur communauté.Il existe des lieux où les conditions de vie d’une femme sont restées figées dans le temps. C’est le cas de la population Samburu, dans laquelle l’excision est encore pratiquée, les mariages sont imposés et où les femmes sont battus par leurs maris. Les Samburus ont des rites et des traditions dénoncés par la Samburu Girls Foundation, dont le choix de jeunes filles par des hommes qui leur offrent des colliers de perles, les rendant automatiquement disponibles pour des relations sexuelles. Afin d’échapper à ces traitements d’un autre âge, des femmes courageuses ont fait le choix de partir, en laissant tout derrière elles, pour se reconstruire de leur propre chef.  Ces femmes Samburu constituent depuis 25 ans des « mini-républiques » dans leurs villages, dans lesquels elles régissent la vie en communauté.

A Mopukori, les femmes se construisent une nouvelle vie

« Nous sommes très heureuses de vivre ici parce que nous sommes libres. Personne n’est là pour nous imposer des restrictions, nous avons le pouvoir »

Nepi Lelegweny, âgée d’à peine 42 ans, est la doyenne du village de Mopukori. A l’instar de ce nouveau foyer, quelques dizaines de villages kényans se sont transformés en refuges fondés et gérés intégralement par des femmes refusant de se plier aux règles dictées par les hommes, ou fuyant les violences et autres mutilations génitales. Le nombre exact de ces communautés demeure inconnu. Le village de Mokupori, autorise tout de même les visites des pères des enfants ainsi que celles des petits amis, mais d’autres demeurent intégralement féminins. Dans tous les cas, ce sont les femmes du village qui gardent le monopole du choix, notamment concernant le droit de cité. Quand des hommes sont autorisé à y vivre, c’est pour qu’ils servent de gardes, et maintiennent les villages en sécurité, notamment contre les animaux qui rôdent aux alentours.

Pour pouvoir subsister en toute indépendance, les femmes du village de Mokupori ont du développer leur propre économie. Elles vivent de leur bétails, du commerce de colliers de perles qu’elles vendent à des touristes ou aux gens de passage, ainsi que de l’agriculture. Chaque shilling économisé permet de lancer une petite activité, de revente ou de confection, pour rapporter un peu plus d’argent.

« C’est à l’Etat de prendre en charge ces survivantes, la loi prévoit d’ailleurs de créer des refuges et nous allons continuer de nous battre pour que cela soit fait. »

Wangechi Wachira dirige le Centre for Rights Education and Awareness (CREAW), une association de lutte pour les droits des femmes. Elle pointe du doigt le manque de communication et d’information de la part de l’Etat. En effet, en 2011, une loi a été votée interdisant l’excision mais peu de femmes en sont informées. De même, beaucoup de Kényans ne sont pas au courant de la loi de 2015 concernant les violences domestiques, et la mise en place programmée de refuges. Pourtant, le gouvernement kényan avait promis l’ouverture de refuges pour celles-ci, en vain. En conséquence, elles sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers ces villages entièrement gérés par des femmes, fondés de leur propre initiative.

Ces villages féminins sont donc pour le moment, l’unique alternative à la fatalité pour de nombreuses femmes Samburu. Elles ont réussi à transcender leur malheur pour se construire une autre vie, et faire bénéficier à leurs enfants, notamment leurs petites filles, d’une enfance qui respecte leur corps et leur dignité.

 

Sources:

Le Monde Afrique

VoNews

 

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