Le leader syndical de l’UGTG et porte-parole du LKP, Élie Domota, s’est retrouvé devant les juges du Palais de justice de Pointe-à-Pitre, jeudi 15 mars 2018, à 13h30. Cette audience fait suite aux accusations d’agressions contre le syndicat, lors d’une manifestation en avril 2016.
Jeudi 15 mars, le leader du LKP et de l’UGTG comparaît devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre. Élie Domota est accusé par le Medef local, de violences en réunion.
Rappel des faits : le 12 avril 2016, lors d’une mobilisation de l’UGTG pour dénoncer les licenciements abusifs des militants syndicaux, des personnes participant au rassemblement se seraient introduites dans une concession BMW à Jarry, et auraient agressés un des salariés. Élie Domota a toujours contesté toute responsabilité. L’affaire, déjà appelée deux fois à l’audience, avait fait l’objet de renvois. Après deux heures d’audience, le ministère public a finalement demandé la requalification des faits. Les « violences en réunion » sont finalement devenues des « violences simples », ce qui ne relève plus de la juridiction correctionnelle, mais du contraventionnel. Le procureur adjoint a requis une amende de 2 500 euros, dont 1 500 avec sursis. L’audience s’est poursuivie avec les plaidoiries des avocats. Ils ont été six à assurer la défense d’Élie Domota, dont Maîtres Nirelep, Aristide, Ezelin et Tacita. Solidaire de son porte-parole, le LKP avait lancé un appel au rassemblement, à 12 h 30, devant le Palais de justice de Pointe-à-Pitre, avant l’arrivée du leader.
« Je suis le 107e militant de l’UGTG à être convoqué devant les tribunaux depuis 2009. Rapporté à la population salariée en France, cela ferait grosso modo 15 000 syndicalistes en procès. C’est énorme ! «
En 2014, l’UGTG a créé une section syndicale en la concession BMW de l’île. Quelques mois plus tard, l’intégralité des militants ont été licenciés, sous des prétextes incroyables. Un an après le licenciement du délégué syndical de la concession, une plainte a été déposée contre lui pour vol de pièces détachées automobiles, du temps où il était encore salarié. Début mars 2018, l’ancien salarié a été convoqué par un juge d’instruction qui avait face à lui un dossier bien vide. La mobilisation d’avril 2016 répondait à cette injustice et c’est suite à cela que le Medef a accusé Domota de violences en réunion. Précisons que le président du Medef est également le gérant de la concession BMW en Guadeloupe… C’est un blanc-pays, l’équivalent des békés en Martinique.
Ce procès s’est déroulé dans un climat sanitaire et social particulièrement critique pour la Guadeloupe. Le chômage n’a jamais été aussi haut : plus de 30 % de la population active et 60 % des moins de 25 ans sont sans emploi. Les jeunes peinent à trouver un emploi stable et cumulent les CDD lorsque les salariés les plus âgés, et mieux rémunérés, sont licenciés pour laisser la place à cette jeunesse considérée comme bon marché. Entre temps, des milliers de personnes n’ont plus d’accès à l’eau, toutes les rivières sont polluées au chlore. Même l’eau du robinet en contient. Il n’y a plus de CHU suite à un incendie, de nombreux services sanitaires et médicaux ne sont plus disponibles… 80 agents hospitaliers sont en arrêt maladie, intoxiqués par des particules, car la direction avait décidé de rouvrir les locaux du CHU incendié avant qu’ils ne soient nettoyés. Depuis, les malades sont transférés en Martinique ou en France. Et comme il n’y a plus de service d’urgences, ceux qui ne peuvent être transportés meurent. Les appels d’offres pour la construction du nouveau CHU viennent d’être publiés. Le chantier durera dix ans et coûtera 650 millions d’euros. L’unique clause d’insertion sociale qui y figure concerne à peine 125 équivalents temps plein sur un an, et aucune formation n’est prévue. Cela signifie que l’hôpital sera construit par une majorité de non-Guadeloupéens. Élie Domota parle de « crime contre la Guadeloupe », car cette opportunité de construction de CHU était l’occasion de sortir certains personnes de la misère.
Difficile d’entrevoir des jours meilleurs pour le peuple guadeloupéen. Plusieurs questions peuvent s’imposent: si d’aucuns affirment que la Guadeloupe est gouvernée comme un état colonial, n’est-il pas temps de changer de stratégie ? Les négociations passées étant restées lettres mortes, l’issue n’est-elle pas dans la mobilisation des ressources humaines, matérielles et intellectuelles endogènes ?
Sources:
VOUS AIMEREZ AUSSI:
https://nofi.fr/2018/03/mayotte-bord-de-limplosion/49667