Par Doby Adjo. En France, se blanchir la peau est une tendance au sein de la communauté noire. Cependant, cette pratique a des effets nocifs sur la santé. Bien que le sujet soit connu, les conséquences et les causes de cette pratique sont singulières. Explications.
Le blanchiment de la peau est un phénomène qui s’accroît et inquiète les autorités. Selon des chiffres fournis par la mairie de Paris, repris par le site 20minutes.fr, 20 % des Parisiennes noires ou métisses ont eu recours à des produits pour éclaircir leur peau. En outre, ces lotions contiennent des substances dangereuses comme les corticoïdes, le mercure ou l’hydroquinone. Les substances en question ont plusieurs effets : acné, cancers, pathologies cardiaques ou encore diabète.
« […] Peur d’être trop noire […] »
Au-delà des conséquences, il y a plusieurs raisons à ce type de phénomène. L’une d’entre elles émane d’un certain complexe. C’est ce qu’a déclaré Leslie Carombo, cosmétologue et fondatrice de Cosmethnic Consulting à nos confrères de Lexpress: « Il y a la peur d’être trop noire, l’idée que le teint métissé ou blanc est plus séduisant et l’impression que l’on sera mieux considérée socialement avec un teint plus clair. Il s’agit bien de causes esthétiques, mais aussi psychologiques, ethnologiques, sociales et éducatives« .
Un rappel historique
Face aux ravages que peut occasionner la dépigmentation volontaire, il est important de faire un rappel historique. À l’époque de l’esclavage, un cliché était véhiculé : « Les noirs sont laids » comme le démontre l’ouvrage, Les noirs, clichés et préjugés[1]. Dans ce livre [NDLR : rédigé par des journalistes de France Télévisions], les auteurs révèlent que beaucoup ont associé la peau noire à celle du diable. Au 18e et 19e siècle, des scientifiques européens et américains ont fait des expérimentations pour blanchir la peau des Africains. Sans victimisation aucune, cela ne serait-il donc pas une transposition historique ?
La loi comme recours ?
De nos jours, l’une des sections du ministère de l’économie a lancé des actions de contrôle sur ces produits. Il s’agit de la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Sur son site, elle indique qu’en 2016, 36 produits ont été déclarés non conformes et dangereux, et ce fut le cas pour 29 autres en 2015. La DGCCRF a également indiqué que l’importation et la commercialisation de ces produits sans autorisation entraîne jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 750.000 euros d’amende.
[1] Les Noirs Clichés et Préjugés, de l’époque coloniale à nos jours, de Serge Bilé et Mathieu Méranville, aux éditions L’Archipel.
https://nofi.fr/2015/09/le-blanchissement-de-la-peau-un-complexe-dinferiorite/23216