Véolia intentera une action en justice contre le Gabon

Le groupe Véolia intentera un procès dans le but de recouvrer ses pertes après « l’expropriation » de sa filiale, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG).

Suite au conseil d’administration de Veolia, le 21 février 2018 à Paris, Antoine Frèrot, le Président-Directeur Général de la multinationale française, chef de file mondial des services collectifs, depuis 2009, a déclaré que « l’expropriation » par le Gabon des activités de la Société d’énergie et d’eau du Gabon [1], risquait de nuire aux investissements à longs termes en Afrique. Il intentera, de plus, une action en justice, afin de récupérer les pertes subies par l’entreprise. L’homme d’affaires et chef d’entreprise français âgé de 59 ans a d’ailleurs déclaré à ce sujet, selon le Finacial Times :

« C’est une décision politique et populiste avec, à mon sens, de fortes conséquences financières, car nous allons bien sûr les poursuivre en justice pour récupérer ce qui est notre droit ». [2]

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Usine de la SEEG à Port-Gentil. © AchilleT

Il poursuivra, ainsi que le relate le quotidien économique et financier britannique, en déclarant :

« Le plus important, c’est que c’est une très mauvaise nouvelle, non seulement pour le Gabon mais aussi pour toute l’Afrique. Cela signifie que les investisseurs étrangers, en particulier dans notre domaine qui est une industrie à long terme (…) va certainement geler beaucoup d’investissements étrangers en Afrique, pas seulement au Gabon« . [3]

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Patrick Eyogo Edzang, le ministre de l’Eau et de l’Énergie du Gabon. © Gabon24

Le vendredi 16 février 2018, le Gabon a officiellement décidé de rompre la concession de la filiale de Veolia dans le pays, en arguant dans un communiqué du ministre de l‘Eau et de l‘Energie Patrick Eyogo Edzang que :

« Dans le souci de préserver la continuité et la qualité dans la fourniture publique d’eau potable et d’énergie électrique, l’Etat gabonais a procédé exceptionnellement à la réquisition temporaire de la société« . [4]

En effet, année après année, Libreville, la capitale du Gabon, a régulièrement souffert de coupures d’eau [5]. Le pays d’Afrique centrale, traversé par l’équateur, avait pourtant renouvelé, au mois de mars, le contrat de Veolia pour cinq ans supplémentaires, si l’on en croit la société présente depuis plus de 20 ans au Gabon. M. Frérot a néanmoins cru bon d’indiquer que le Gabon ne représentait que 1% du chiffre d’affaires de Veolia.

Antoine Frérot lors du conseil d’administration de Veolia, le 21 février à Paris. © lopinion.fr

Rien n’y fait, les critiques fusent contre l’entreprise française qui faisait en 2015, près de 24,965 milliards d’euros, notamment au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG). Vendredi 23 février 2018, son porte-parole Stéphane Iloko Boussengui, soulevait dans une déclaration :

« l’incapacité de de cette entreprise de répondre aux attentes réelles des populations en matière de fourniture d’eau et d’électricité« . [6]

Notes et références

[1] La Société d’énergie et d’eau du Gabon, privatisée depuis 1997 est détenue à 51 % par le groupe français Veolia Eau et à 49% par l’état gabonais, des investisseurs privés du Gabon et des salariés de l’entreprise.

[2] David Keohane ~ « Veolia chief warns of investment risks after Gabon business seizure« , ft.com, publié le 22 février 2018

[3] Ibid.

[4] Rédaction Reuters ~ « Le Gabon réquisitionne une filiale de Veolia, qui proteste« , reuters.com, publié le 16 février 2018

[5] Biddoux Mabb ~ « Pénurie d’eau à Libreville, la population recourt aux puits.« , echosdunord.com, 8 mai 2015

[6] « Réquisition de la SEEG: le PDG soutient la décision du gouvernement« , news.alibreville.com, publié le 24 février 2018

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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