Le statut de la femme dans l’ancien royaume de Ndongo (actuel Angola)

Le royaume mbundu de Ndongo est particulièrement connu pour avoir été dirigé par la célèbre reine Njinga Mbandi. L’ascension de cette dernière est souvent justifiée par son caractère et son parcours extraordinaires. Cette ascension n’aurait toutefois été que difficilement possible sans la position déjà relativement équitable que les femmes de ce royaume avaient auparavant acquis.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Une société matrilinéaire
La société de Ndongo était de type matrilinéaire, c’est-à -dire que l’identité familiale d’une personne se transmettait par la mère. La vie de famille se déroule toutefois auprès sein du lignage du père. La distinction est par exemple similaire à celle des sociétés mandingues où Soundjata était appelé Djata, fils de (sa mère)Sogolon et Moussa Ier, Moussa, fils de (sa mère) Kankou. Soundjata a cependant été élevé dans la cour de son père, coexistant auprès des autres épouses de son père et de ses demi-frères issus de celui-ci.

Une présence dans l’armée et le clergé

Les femmes faisaient partie intégrante des forces armées de Ndongo. Bien qu’elles ne renaient souvent pas part au combats, elles accompagnaient nécessairement les troupes qu’elles ravitaillaient notamment.  Comme dans de nombreuses religions traditionnelles africaines, elles y exerçaient des fonctions sacerdotales très importantes.

Les femmes dans la vie politique

Les femmes appartenant à la famille royale étaient en principe tenues à l’écart de la pratique physique de la guerre. Elles étaient en revanche très proches du coeur de la vie politique. Nzinga, par exemple, avait déclaré avoir assisté enfant à des réunions importantes de son père, le roi de Ndongo Mbande a Ngola aors qu’elle n’était qu’une enfant durant son règne à la tête du royaume de Ndongo.

Dans la vie maritale

Dans son ouvrage sur la reine Njinga, l’historienne américaine Linda Heywood cite un témoignage datant de la fin du 16ème siècle décrivant la liberté des femmes dans le cadre marital et même si celui-ci était composé de centaines d’autres femmes. En d’autres termes, les femmes étaient libres de quitter leur ménage à tout moment sans pour autant être ostracisées dans la société ; au contraire, elles étaient les bienvenues dans le lignage de leur père.

Dès l’enfance, les jeunes filles pouvaient être envoyées par leur famille dans celle de leur futur époux avec lequel elles allaient grandir comme camarade avant que celui-ci ne fasse son choix d’épouse principale et de ‘concubines’, des statuts qui pouvaient au demeurant changer au cours de l’union.

Ce sont les limites de ce statut, à savoir l’impossibilité, pour les femmes mbundu, d’assumer la fonction de souverain de Ndongo et de garder plusieurs hommes, et pour les princesses de Ndongo de prendre part aux conflits armés que Njinga allait bouleverser, s’offrant par là à elle et ses sujets une tentative de parité entre hommes et femmes dans la société.

Référence
Linda Heywood / Njinga of Angola

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