Pourquoi dénoncer le Blackface ?

La polémique actuelle relative au Blackface a fait couler beaucoup d’encre. Elle a également scindé deux groupes distincts : ceux qui sont contre la pratique et ceux qui n’y voit aucune forme de racisme et qui pensent même que s’en indigner est ridicule.

Concernant ce deuxième groupe, prennent-ils toute la mesure de ce que représente aujourd’hui le Blackface ? Sont-ils conscients de la genèse de cette pratique devenue culturelle chez certaines personnes (Carnaval de Dunkerque) ?

Lorsque l’on dénonce le Blackface, il ne s’agit en aucun cas de « taper » gratuitement sur les personnes le pratiquant. Loin de là. Il s’agit seulement de tenter de faire comprendre que les origines du Blackface sont associées à des événements extrêmement douloureux pour le peuple noir et que de ce fait, il n’est pas acceptable de déterrer les époques sombres créées par l’esclavage et le colonialisme, sous couvert d’hommages ou de plaisanteries.

Pour la petite histoire, le Blackface a émergé au cours du XIXème siècle, alors que sévissait la législation Jim Crow aux États-Unis, plus communément appelée « lois de ségrégation raciale ». À l’époque, Les « minstrels shows » font fureur. Il s’agit d’un genre théâtral dans lequel les comédiens blancs incarnaient tous les stéréotypes associés aux personnes noires.

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S’il est important, au même titre, d’aborder le sujet des noirs portant des lentilles bleues, des perruques blondes et se décolorant la peau, il est plus aisé de comprendre d’où peuvent bien provenir de tels comportements: la déportation, l’esclavage, la colonisation, la néo-colonisation qui de se fait ont engendrés : l’aliénation culturelle, spirituelle, intellectuelle, civilisationnelle, l’assimilation forcée, l’intégration de la haine de soi et des siens et l’amour de l’oppresseur et de ce fait, la volonté de lui ressembler…les raisons sont évidentes car récentes et même contemporaines.

Lorsque l’on rend hommage à une personne, on ne rend pas hommage à sa couleur de peau ou à ses origines mais bien à ce que cette personne a produit, a apporter à l’humanité, quelque soit sa discipline. On encense une contribution humaine. Point.

Bien que l’acte de se grimer dans n’importe quelle couleur qui soit reste douteux, ce qui est plus grave, c’est ce à quoi il renvoie, au caractère raciste, car c’est bien dans les conditions du racisme et de la volonté de faire asseoir la suprématie blanche que le Blackface a été créé, en aucun cas, il a été créé pour valoriser les populations ou leur rendre hommage, mais bien pour les rabaisser, les humilier et pire encore, les déshumaniser. Il est donc contradictoire de vouloir « rendre hommage » à travers une telle pratique.

Lorsque des personnes fêtent depuis 50 ans « La nuit des Noirs » avançant comme seul argument qu’il s’agit d’un carnaval culturel célébré par leurs aïeux depuis des décennies, cela est regrettable et ne justifie pas la bienfaisance de cette pratique.

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Avoir besoin de se grimer en noir, en blanc, en asiatique, en « amérindien » pour rendre hommage à quelqu’un n’est absolument pas nécessaire et fait au contraire, l’apologie de la notion de race. Tous les chercheurs honnêtes et compétents certifient qu’il n’y a qu’une seule race humaine et que nous avons tous le même génome.

Cependant, il est étrange de constater que rares sont les communautés autres que caucasiennes à ressentir le besoin de se grimer en personne noire. Dans son ouvrage, « Les dossiers d’Isis » le docteur en psychiatrie Frances Cress Welsing analyse les comportements de la domination caucasienne sur les autres peuples en démontrant qu’il s’agit d’un complexe de supériorité superficiel qui masque en réalité un sentiment d’insécurité profond face aux autres groupes humains (les groupes colorés qui sont présents de façon majoritaire sur la planète), dû à une conscience d’insuffisance génétique: des gênes récessifs qui ne permettent pas de se reproduire suffisamment pour contrebalancer leur faible taux de population.

Dans le respect de tous et sans pour autant passer notre temps à nous auto-censurer, il est important de tenir compte des sensibilités de chaque peuple afin de pouvoir enfin prétendre « vivre-ensemble ». Seule l’ignorance historique des différentes communautés humaines qui cohabitent peuvent mener à des dérives regrettables, qui pourraient pourtant être très facilement évitées.

La ville de Dunkerque a l’intention de maintenir pour ses 50 ans le festival « La Nuit des Noirs », le 10 mars prochain. Patrice Vergriete, le maire de la ville réclame un « droit à l’autodérision et à la caricature ». Il soutient que le carnaval d’autodérision (qui en réalité tourne le peuple noir en dérision) respecte les valeurs de la république française, à savoir: Liberté, Égalité, Fraternité… Une notion de la fraternité et du respect toute relative, au vu du nombre de personnes qui s’offusquent de l’existence de ce festival.

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