Avant la sortie officielle du film, le 14 février dernier, Marvel Studio a chargé la photographe Osborne Macharia de réaliser une « pièce d’art exclusive » pour le film Black Panther.
Natif de Nairobi, au Kenya, Osborne Macharia, photographe publicitaire et commercial autodidacte s’était déjà fait un nom dans le milieu artistique. Il a réalisé des photographies composites dans lesquelles il utilisait des éléments d’histoire africaine, d’afro-futurisme ainsi que des retouches photos numériques pour traiter habilement des problèmes sociaux du continent. [1]
On se rappellera notamment de sa série de photos des femmes Kipipiri, une unité spéciale de 4 femmes originaires d’un petit village de la forêt de Kipipiri, connues pour avoir contribué à mettre un terme à la domination coloniale britannique du Kenya. Il a aussi réalisé des photos relatives à l’albinisme, aux discriminations contre les enfants des rues et les personnes âgées. Vous le connaissez d’ailleurs peut-être aussi pour ses fameuses photos de la « Kenya’s league of Extravagant grannies » [La Ligue des grand-mères extravagantes du Kenya, NDLR], dont la photo ci-dessous est tirée. [2]
Lorsque les studios Marvel ont voulu qu’un artiste crée un concept d’art exclusif pour le Blockbuster afro-futuriste Black Panther, c’est vers le photographe kényan qu’ils se sont tournés, pour le plus grand ravissement de nos yeux. [3]
« Je suis très honoré d’avoir été chargé par Disney/Marvel de créer une œuvre d’art exclusive pour le lancement de Black Panther pour les salles de cinéma à Londres. C’est un moment de fierté de faire partie du film Afro-futuriste le plus important de ma génération. » [4]
La série de photos d’Osborne Macharia s’intitule « Ilgelunot » (« Les Elus » en Massaï) et raconte l’histoire de trois aînés d’origine massaï (plus précisément de Kajiado dans le sud du Kenya) sauvés durant la Seconde Guerre mondiale par le vieux roi de Wakanda T’Chaka (John Kani dans le film) après qu’ils aient traversé l’Afrique du Nord à la recherche d’un refuge. Au cours de leur périple, ces anciens ont eu l’opportunité d’intégrer, d’assimiler et d’apprendre de différentes cultures et tribus à travers le continent. Suite à une exposition prolongée au Vibranium, ces derniers sont devenus aveugles, mais ont été dotés en contre partie de capacités surhumaines et des connaissances extraordinaires. Ils devinrent dès lors, les conseillers les plus fidèles des Black Panther dans le Royaume du Wakanda. C’est en tout cas ce que l’on peut lire sur le compte facebook du photographe.
Black Panther a particulièrement enthousiasmé les cinéphiles d’origine africaine qui attendaient, depuis de nombreuses années, un super-héros noir et fier auquel ils pourraient s’identifier. Il ne s’agit pas uniquement d’un super-héros. T’Challa est le souverain du royaume fictif et technologiquement avancé du Wakanda. Un pays isolationniste, qui n’a jamais connu les affres de la colonisation ni de l’esclavage et qui a su resté caché aux yeux du monde. Cette œuvre cinématographique afro-futuristes brise les habituels codes de représentations raciales (et de genre avec les Dora Milaje), offrant au spectateur une expérience où la « négritude » et les cultures africaines riment avec progrès technologiques, puissances économique et politique.
A l’instar d’Osborne Macharia, il ne fait aucun doute que Black Panther créera des vocations chez les artistes afro et servira de tremplin à une nouvelle génération de photographes, de peintres, d’écrivains, etc, qui porteront haut cette esthétique culturelle, cette philosophie des sciences et de l’histoire, qu’est l’afro-futurisme.
Retrouvez Orborne Macharia sur Facebook et Instagram.
https://nofi.fr/2018/02/black-panther-2/47999
Notes et références
[1] Portfolio d’Osbone Macharia : K63 STUD/O
[2] Jepchumba ~ « Kenya’s League of Extravagant Grannies« , publié le 9 mars 2016
[3] Harun Momanyi ~ « Kenyan photographer chosen to do concept art for Black Panther film« , publié le 20 février 2018
[4] Osborne Macharia ~ « ILGELUNOT/BLACK PANTHER« , k63.studio