Malik Ambar (1549-1626) fut un général et premier ministre du sultanat d’Ahmadnagar en Inde. Né en Ethiopie d’où il était originaire, il passa du statut d’esclave à celui de Premier Ministre et de régent, résista avec succès aux tentatives d’invasion de l’empire mughal, l’un des plus puissants du monde à l’époque.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Né dans une région musulmane de l’Ethiopie vers la moitié du 16ème siècle, Malik Ambar est cédé par ses parents comme esclave à des Arabes qui l’emmènent avec lui à Baghdad. Il y est toutefois élevé comme son enfant par son maître, qui lui offre une éducation en arabe. Son maître suivant l’emmène en ensuite au centre de l’actuelle Inde où il entre ensuite au service du Premier Ministre de la ville d’Ahmadnagar, Chengiz Khan, en tant qu’esclave. Après la mort de celui-ci, il est affranchi par sa veuve, puis quitte Ahmadnagar et rejoint la cité voisine de Bijapur, avant, vers 1595, de revenir à Ahmadnagar à la tête de troupes qu’il met à la disposition des forces de la ville face à l’invasion de l’empire de Mughal.
Devant la puissance des troupes de ce dernier, Ahmadnagar et sa dynastie cèdent peu à peu leur territoire et leur pouvoir. Dans le cadre de cette résistance difficile, Malik Ambar va utiliser, ses capacités militaires, son leadership et sa ruse pour prendre le pouvoir politique et militaire dans le sultanat d’Ahmadnagar, offrant sa fille, acquise via un mariage avec une femme elle aussi d’origine africaine, en mariage au sultan, alors trop jeune pour régner. Lorsque ce dernier allait grandir et devant les propos injurieux de sa co-épouse perse envers sa fille, Ambar allait faire tuer le sultan et son épouse perse et les faire remplacer par l’enfant, lui aussi trop jeune pour régner de ces deux derniers.
Malik Ambar allait aussi se débarrasser son principal rival à Ahmadnagar, Raju Dakhni en le défaisant militairement. Par ses remarquables techniques de guérilla et grâce à une armée notamment composée de plusieurs milliers de Noirs africains eux aussi d’origine servile, Ambar allait mettre en échec à plusieurs reprises la bien plus puissante armée des Mughals, rendant son rival direct, l’empereur mughal Jahangir littéralement obsédé par Ambar, le mentionnant de manière répétée dans ses écrits avec des qualificatifs injurieux et le faisant peindre dans un tableau comme la victime qu’il abat alors qu’il marche sur le globe, comme pour montrer qu’il était son seul rival au monde, un rival qu’il n’aura toutefois jamais réussi à réellement soumettre politiquement ou militairement.
Ambar allait mourir en 1626 et laisser derrière lui le souvenir d’un génie militaire, excellent administrateur qui avait incontestablement marqué l’histoire de l’Inde comme l’un de ses grands personnages, une intégration dans l’histoire qui allait parfois faire oublier ses origines négro-africaines auprès du grand public indien.
Pour en savoir plus
A Social History of the Deccan, 1300-1761: Eight Indian Lives / Par Richard M. Eaton