Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé a suggéré qu’environ 42% des faux médicaments du monde seraient utilisés sur le continent africain.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Ainsi, sur 1500 rapports de faux médicaments à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entre 2013 et 2017, 42% provenaient de l’Afrique, contre 21% pour les Amériques, 21% pour l’Europe, 8% pour la région OMS du Pacifique Occidental, 6% pour la région OMS de la Méditerranée Orientale et 2% de la zone OMS de l’Asie du sud-est.
Comme le fait remarquer toutefois l’étude, ces pourcentages pourraient tout à fait être biaisés. En effet, la part des pourcentages de rapports aux Amériques et en Europe pourrait largement être gonflée par la qualité des réseaux de surveillance de la qualité des médicaments qui y sont en place.
En revanche, la proportion de faux médicaments rapportés en Afrique à l’OMS pourrait être sous-estimée en raison des réseaux moins opératoires. Les données d’autres régions comme l’Asie du Sud-Est semblent aussi être sous-estimées.
L’Inde et la Chine sont considérés comme les plus grands exportateurs de faux médicaments sur le continent africain. En 2012, un article de nos confrères de The Guardian affirmait en effet que plus du tiers des médicaments contre le paludisme en Ouganda et en Tanzanie étaient des faux et que la plupart de ceux-ci provenaient des deux puissances économiques asiatiques. L’utilisation de ces médicaments de mauvaise qualité en Afrique n’est évidemment pas qu’un problème d’escroquerie.
Elle a aussi des répercussions graves sur la santé des populations qui ne reçoivent pas le traitement escompté si les faux médicaments ne contiennent aucun agent actif et qui peuvent voir leur santé se dégrader si les médicaments ne contiennent pas des ingrédients adaptés à l’état de santé des patients. Les faux traitements contre le paludisme tueraient à eux seuls 160000 personnes chaque année en Afrique. Un autre problème causé par les faux médicaments est la résistance aux véritables médicaments, entraînée par la diffusion de médicaments de mauvaise qualité. Le trafic de faux médicaments à travers le monde est estimé à plus de 50 milliards de dollars.