Poussé vers la sortie par son propre parti l’ANC (le Congrès National Africain) mené par Cyril Ramaphosa, Jacob Zuma n’est désormais plus président de l’Afrique du sud. La raison: une présidence très controversée qui pourrait nuire au parti pour les prochaines élections en mai 2019.
Bilan assez calamiteux pour celui qui est maintenant l’ancien président de l’Afrique du sud, Jacob Zuma. En 9 ans de présidence, il a plus fait parler de lui à travers ses implications dans des histoires douteuses, que dans le cadre de ses actions politiques. Retour sur le parcours d’un ancien protestataire de l’apartheid.
Après avoir rejoint l’ANC en 1959, accusé de vouloir renversé le gouvernement en place, Jacob Zuma est arrêté en 1963 alors qu’il tente de quitter le pays, et passe les dix années qui suivent à la prison de Robben Island, au côté notamment de Nelson Mandela. Il apprend à lire et écrire en prison et commence à développer sa pensée politique. Il est libéré en 1973. À partir de 1975, il refonde le parti politique bien qu’il soit exilé dans plusieurs pays africains et regagne l’Afrique du sud en 1990. Grâce à Nelson Mandela, Zuma devient vice-secrétaire général du parti en 1991, puis vice-président du parti en 1997. Proche du futur président Thabo Mbeki, numéro deux de l’ANC, il prend par la suite la vice-présidence du pays en 1999, ce qui en fait le successeur naturel de Mbeki (1999-2008). Très vite, les affaires de corruption sortent au grand jour et ternissent l’ascension politique de Jacob Zuma.
En 2003, alors qu’il est en poste en tant que vice-président du pays, Zuma est impliqué dans une affaire de corruption datant de 1999. L’affaire est finalement classée permettant à Mbeki et Zuma d’être réélus à la tête du pays en 2004. Mais il est démis de ses fonctions par le président l’année suivante, et se voit accusé de deux chefs de corruption. La même année, il est inculpé de viol envers une femme séropositive. Lors de son procès, il déclarera «s’être douché pour minimiser les risques de contracter la maladie», provoquant l’indignation de la presse internationale. Il est finalement acquitté en 2006, selon nos confrères du Figaro.
Les frères Gupta
On découvre également des liens avec les frères Gupta. Les richissimes hommes d’affaires indiens et certains de leurs associées, sont soupçonnés d’avoir bénéficié frauduleusement de fonds publics versés par la province du Free State pour un projet d’exploitation laitière qui ne s’est jamais concrétisé. Selon la presse locale, un total de 220 millions de rands (15 millions d’euros) auraient été détournés au profit de la fratrie. La famille Gupta est au cœur de la plupart des scandales de corruption qui ont abouti mercredi à la démission de Jacob Zuma. Jeudi 15 février, huit associés des Gupta et certains responsables impliqués pour vol, fraude, association de malfaiteurs, blanchiment d’argent et vols d’argent public dans un projet d’exploitation laitière, ont été présentés devant le juge, au tribunal de Bloemfontein, selon nos confrères du Monde Afrique. Les Gupta auraient eu une grande influence sur Zuma, jusqu’à choisir certains de ses ministres.
«J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», a déclaré Zuma mercredi 14 février 2018.
Une décision qui en réalité ne lui appartient pas réellement car Cyril Ramaphosa, le président du parti, y est pour beaucoup. En effet, les élections de mai 2019 approchant, le parti ne souhaite pas abîmer davantage son image. L’ANC n’était plus en mesure de fermer les yeux sur les agissements de leur acolyte Zuma. Durant son mandat, l’opposition n’a cessé de dénoncer les multiples scandales de corruption au sommet de l’état.
En 2014, Jacob Zuma a fait rénové sa résidence privé au frais de l’état pour la modique somme de 20 millions d’euros. Somme que l’opposition lui a demandé de rembourser, ce qu’il refusa. Face aux manifestations, il a été dans l’obligation d’en rembourser une partie. La même année, l’Afrique du sud perdait sa place de première puissance du continent sur le plan économique au profit du Nigéria. Une croissance en berne, de faibles investissements à l’étranger et un taux de chômage de plus de 35 %. Selon un audit public, 9% des dépenses publics aurait été détournés chaque année, ce qui représentait 5 % du PIB.
À l’issu de son mandat, lâché par son parti, Jacob Zuma souhaitait l’immunité judiciaire, mais celle-ci lui a été refusée.
Source:
TV5 Monde
Le figaro
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