Nofi vous propose la traduction d’un article intéressant d’Erin White pour le site afropunk.com au sujet de N’Jadaka alias Erik « Killmonger » Stevens. Attention spoiler !!!
Par Erin White – Pour beaucoup, Erik Killmonger représente la différence entre l’excellence noire et l’élitisme noir en attirant l’attention sur l’oppression systématique des noirs de la diaspora, alors que les habitants du Wakanda thésaurisent essentiellement leurs ressources et s’isolent de la réalité, tandis que les Noirs souffrent.
Dans le cas de Black Panther, les Noirs du Wakanda possèdent une richesse qu’ils ont hérité sous la forme du vibranium et, bien sûr, de l’existence surnaturelle et de l’isolement du pays lui-même. Ces deux avantages ont protégé les Wakandais du colonialisme, laissant le reste des populations noires du monde se défendre sans même une fraction de ses ressources. C’est là que Killmonger fait valoir son argument le plus fort contre le Wakanda et ses rois. Et leur système de gouvernance qui l’a laissé orphelin.
Au fur et à mesure que l’histoire se déroule, nous apprenons que les dirigeants du Wakanda ont conclu un pacte avec les dirigeants coloniaux blancs du monde. Ils leur assure la sécurité dont pratiquement aucun autre Noir n’a jamais pu disposer sur la planète. Todd Steven Burroughs, journaliste pour le magazine The Root pose la question de savoir si le Wakanda aurait pu aider ses compatriotes africains, pourquoi pas eux ?
« Les Wakandans ont fait un pacte avec les puissances coloniales européennes blanches : si vous ne faites pas la guerre au Wakanda, les Wakandais fermeront les yeux sur le commerce transatlantique des esclaves et le colonialisme européen dans le reste de l’Afrique.«
Selon Sesali Bowen, entertainment writer pour Refinery29 :
« Il y a des sous-groupes de Noirs qui utilisent le concept de l’excellence noire pour adopter l’élitisme noir. Les membres de ma famille les appellent bougie. Sur Black Twitter, on les appelle les «Black Blavity». Ils représentent une population de Noirs qui ont hérité d’une position riche ou au moins de la classe moyenne supérieure (…). Tout comme l’histoire wakandaise, l’élitisme noir est profond et des coups dans son militantisme « .
Killmonger n’a pas de temps a perdre avec les élites noires isolées qui veulent seulement se servir sous de faux prétextes de «l’excellence noire».
« Enterrez-moi dans l’océan avec mes ancêtres qui ont sauté des navires. Parce qu’ils savaient que la mort valait mieux que la servitude. » ~ Killmonger
Peter Debruge écrivait pour Variety :
« Partout dans la diaspora africaine, l’équilibre des forces noires et blanches demeure grâce aux pratiques de Jim Crow visant à contrôler les minorités : ségrégation persistante, lois sur les drogues brisées, services de police racialement ciblés, taux d’incarcération disproportionnellement élevés ; tous identifiés et pointés du doigt par le script vérité/pouvoir de Coogler. Armez les opprimés, soutient passionnément Killmonger ».
Il n’est pas faux ou abusif de voir Killmonger comme une métaphore de la colère noire. Cette rage dessine une ligne organique entre la fiction du Wakanda et les réalités de la diaspora noire. En enracinant une partie de l’histoire du film à Oakland vers 1992, le foyer du Black Panther Party (avez-vous vu l’affiche de Huey P. Newton dans l’appartement ?), le cinéaste Ryan Coogler fait référence, à travers l’attitude féroce de Killmonger, au célèbre « By any means necessary« .
Cependant, le personnage est défectueux. Son irrationalité et sa propension à la violence sont ce qui fait de lui un méchant. Cela et le fait que son premier acte en tant que roi fut d’étouffer une femme âgée et brûler les anciennes pratiques.
Notes et références
Article originale : Erin White « KILLMONGER IS THE REAL HERO FOR THOSE WHO REFUSE TO ASSIMILATE INTO AN ELITIST BLACKNESS THAT LEAVES MANY BEHIND« , afropunk.com, publié le 19 février 2018