Focus sur un style architectural emblématique d’Afrique de l’Ouest.
Avant toutes choses, et pour plus de clarté, il convient de définir les termes Sahel et Soudan auxquels nous feront références dans cet article.
- Sahel : comprend (d’Ouest en Est) le Nord du Sénégal, le Sud de la Mauritanie, le centre du Mali, le Nord du Burkina Faso, l’extrême Sud de l’Algérie et du Niger, l’extrême Nord du Nigeria, le centre du Tchad, le centre et le Sud du Soudan, l’extrême Nord du Soudan du Sud, l’Érythrée, du Cameroun, de la République centrafricaine ainsi que l’extrême Nord de l’Éthiopie.
- Soudan : La région du Soudan s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres de large à travers l’Afrique. Il s’étend de la frontière entre le Sénégal, le Sud du Mali, le Burkina Faso, le Sud du Niger et le Nord du Nigeria, le Sud du Tchad, le Darfour occidental du Soudan actuel et le Soudan du Sud .
Ainsi, l’architecture sudano-sahélienne correspond à une variété de styles architecturaux africains originaires des régions sahéliennes et soudanaises d’Afrique de l’Ouest, au sud du Sahara, mais surtout au nord des régions forestières fertiles de la côte.
Cette manière de bâtir est reconnaissable entre toutes, du fait de l’utilisation de briques de calcaire et de plâtre, auxquelles viennent s’ajouter de grandes poutres de support dépassant des murs dans le cas des mosquées ou des palais. Ces poutres ne sont pas uniquement ornementales, elles jouent aussi un rôle primordiale dans l’entretien des édifices en servant notamment d’échafaudages. Selon la légende, Kankou Moussa, l’un des plus puissants Mansa (empereur) du Mali, qui après son pèlerinage à la Mecque aurait missionné l’architecte Abou Ishaq es-Sahéli afin qu’il construise les mosquées de Tombouctou et de Gao. Cependant, dès 250 avant notre ère, on retrouve déjà des exemples de style sudano-sahélien.
L’architecture soudano-sahélienne servait dans le paysage plat de la région, de repère tant les grands édifices tels que les mosquées se distinguaient au loin. Ce style leur était d’ailleurs réservé, ainsi qu’aux palais et aux maisons de la noblesse urbaine. Le reste de la population rurale avait, quant à elle, mélangé cette architecture avec une autre plus ancienne (et plus ronde) et moins fastueuses.
Toutefois, le style architectural soudano-sahélien n’est pas homogène. En effet, il en existe de nombreuses variantes selon les différents groupes ethniques qui l’utilisent. On pourrait les classer en 4 styles :
- Le style malien usité par de nombreux groupes du Manden du sud et du centre du Mali. La Grande Mosquée de Djenne ainsi que la Mosquée Kani-Kombole du Mali son faites dans ce style.
- Le style fortifié usité par les Zarma, les Haoussa-Fulani, Touareg à Agadez, ou encore par les Kanuri et les Songhai. Aspect militaire à la construction de hauts murs de protection composés construits autour d’une cour centrale. Minaret est la seule structure avec des poutres de support montant. La mosquée Sankore de Tombouctou, le tombeau d’Askia à Gao Mali ou la mosquée d’Agadez du nord du Niger sont emblématiques de ce style.
- Le style Tubali qui domine, entre autre, dans le Nord et le Nord-Ouest du Nigéria, du Niger, du Burkina Faso oriental, dans le Nord du Bénin, etc. La mosquée de Yamma de la vieille ville de Zinder est un parfait exemple de ce style.
- Le style Voltaïque usité par les Gur et les Manden du Burkina Faso, du Nord du Ghana et du Nord de la Côte d’Ivoire. La mosquée Larabanga du Ghana et la grande mosquée Bobo-Dioulasso sont caractéristiques de ce style.
Voici d’autres constructions soudano-sahélienne qui valent le détour :