L’entrepreneure sud-africaine Nomvuyo Treffers a créé ‘Swimma Caps’, une marque de bonnets de bain destinés aux coiffures portées typiquement par les Noirs que sont les tresses, les locks ou les afros.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Les coiffures noires, des fardeaux dans les sociétés occidentalisées?
Malgré l’effet de ‘coolitude’ qu’on leur attribue parfois, les coiffures généralement associées aux afro-descendants comme les dreadlocks, les afros et les tresses se révèlent souvent être des handicaps dans les sociétés occidentalisées. On en veut pour preuve plusieurs affaires récentes.
1. En novembre 2017, Cecil Koger, un prisonnier américain, portait plainte après s’être fait couper contre son gré et à plusieurs reprises ses dreadlocks, ce qu’il considérait être une violation de ses droits civiques, à savoir sa religion en tant que Rastafari. La raison de cette interdiction semble avoir été la sécurité, des objets pouvant être cachés dans des dreadlocks. Koger a toutefois assuré qu’initialement, durant son incarcération, il était autorisé à porter sa coiffure s’il inclinait sa tête en arrière et passait ses doigts dans ses cheveux devant le personnel de la prison pour montrer qu’il n’avait rien dans ses cheveux.
2. En 2016, nombre de femmes afro-américaines dénonçaient, après le témoignage de Johnetta Elzie, les fouilles de cheveux parfois brutales dont elles étaient victime dans les aéroports de la part du personnel de sécurité. La chanteuse Solange en profitait notamment pour rappeler une fouille musclée de ce type dont elle avait été victime en 2012.
3. A partir du début des années 2000, Aboubakar Traoré, un steward d’air France, se faisait interdire le port de ses tresses pour des motifs obscurs. Pendant 10 ans environ, il s’est battu légalement pour obtenir le droit de travailler avec la coiffure de son choix avant d’être mis à pied et débouté aux Prud’Hommes en 2014.
4. En 2016, une internaute botswanaise du nom de Bonnie Kamona révélait les résultats de deux de ses recherches Google intitulées ‘unprofessional hairstyles for work’ (coiffures inappropriées pour le travail) et ‘professional hairstyles for work’ (coiffures appropriées pour le travail). Les résultats, édifiants, montraient des femmes noires portant des coiffures naturelles pour la première recherche et des femmes blanches pour la seconde.
https://twitter.com/BonKamona/status/717457819864272896
Les coiffures noires à la piscine
Cette liste pourrait aisément être allongée en ce qui concerne les Noirs discriminés à cause de leurs cheveux par les autorités de leur pays de résidence et de leur lieu de travail. Elle pourrait aussi l’être par l’inaccessibilité à certains lieux de divertissement de la société auxquels ils sont contraints à cause de leurs coiffures. Un cas illustrant cette dernière situation est celui de la piscine, où de nombreux Noirs portant des coiffures afro, des tresses ou des dreadlocks peuvent avoir les pires difficultés à trouver des bonnets de bain à leur taille. Nomvuyo Treffers, une mère de famille et entrepreneure sud-africaine s’en est rendu compte. Chaque séjour à la piscine la conduisant à devoir sécher ses dreadlocks durant des heures, elle s’était résolue à ne plus s’y rendre. Ses enfants ayant des coiffures volumineuses, elle pensait que ce sort devait aussi leur être réservé jusqu’à ce qu’elle ait une idée novatrice. Créer des bonnets de bain plus larges et pouvant contenir des coiffures noires volumineuses. Cette idée se concrétisa bientôt sous la forme d’une marque, Swimma Caps, dont le logo représentant une tête coiffée d’une afro identifie bien sa fonction.
Le besoin identifié par Nomvuyo Treffers était bien réel chez les Noirs de son pays comme au delà. Ses produits sont en effet un grand succès au delà de ses frontières comme le montrent les témoignages de ses clients aux Amériques notamment.
Les préjugés sur la capacité des Noirs à nager en empêchant certainement à se lancer dans la pratique de la natation, on ne peut qu’espérer que les Swimma Caps de Nomvuyo Treffers permettront, en plus d’encourager les Noirs à pratiquer ce sport, de brouiller les différences apparentes entre les couleurs de l’espèce humaine.
Pour en savoir plus sur Swimma Caps, c’est par ici : swimma.co.za
https://nofi.fr/2014/12/les-championnats-du-monde-de-natation-a-doha-ont-ils-brise-des-stereotypes-raciaux/6997