Hommage à Muhammad Ali, surnommé « The greatest »

Né le 17 janvier 1942, le boxeur emblématique et charismatique, triple champion du monde des lourds, défenseur de la cause noire dans l’Amérique des années 60, Muhammad Ali a marqué son époque et est une personnalité emblématique du 20ème siècle.

Hommage à Muhammad Ali, surnommé « The greatest »

Par Paul Yange – Cassius Marcellus Clay est né le 17 janvier 1942 à Louisville dans le Kentucky d’Odessa Clay et de Cassius Marcellus. Il grandit dans un quartier noir de Louisville. Sa mère travaille comme femme de ménage et comme cuisinière des familles blanches aisées et son père vend des gravures religieuses et commerciales. Sans être riches, les Clay peuvent donner une éducation correcte à leurs enfants. Alors qu’il est âgé de 12 ans en 1954 à Louisville dans le Kentucky, le jeune Cassius Clay est victime d’un vol de vélo. Énervé il rencontre un policier à qui il fait part de son intention d’infliger une correction au voleur. Le policier, Joe Elsby Martin Sr, lui dit qu’il ferait mieux de commencer par apprendre à boxer. Le jour suivant Cassius suit son conseil et commence à prendre des cours de boxe sous la houlette de Martin. quelques semaines plus tard il dispute son premier combat et remporte sa première victoire. Ali mettra au crédit de Martin de lui avoir apprit à voler comme un papillon et piquer comme une abeille. Ali devient un amoureux de ce sport auquel il se consacre corps et âme. La boxe devient rapidement sa seule activité. Il dispute 108 combats chez les amateurs. Et remporte de nombreux titres nationaux dans les catégories de jeunes avant d’avoir atteint 18 ans.

 

En 1960, à l’âge de 18 ans, Cassius Clay, toujours aussi précoce, franchit un premier palier en devenant champion olympique de boxe lors des jeux olympiques de Rome en Italie. La ségrégation règne encore à Louisville qui est une ville du sud où la ségrégation règne toujours. Le champion olympique ne peut pas être servi dans un restaurant local parce qu’il est noir. Cassius Clay est sponsorisé par le Louisvile Sponsoring Group (LSG) qui le met en contact avec Angelo Dundee, son futur entraîneur. Avec Dundee comme coach, Cassius Clay se fraye un chemin dans la catégorie reine des poids lourds malgré son style non orthodoxe qui fera sa célébrité : il « dansait » sur le ring en essayant de toucher ses adversaires à distance. Doté en outre d’une forte personnalité, charismatique, Cassius Clay parle beaucoup et met rapidement les journalistes et les médias de son côté grâce à son sens de la formule et de la provocation. A une époque où les boxeurs ne parlaient pas aux médias (leurs managers s’en chargeaient) Cassius Clay introduit une première rupture.

En 1964, les résultats de Cassius Clay lui permettent de devenir le challenger de Sonny Liston, champion du monde des poids lourds. Bien que Liston, champion craint et respecté soit favori, il se montre aussi trop confiant et pense gagner facilement. Clay gagne le combat suite à un abandon de Liston à la 6ème reprise à Miami et devient champion du monde des poids lourds (le plus jeune de tous les temps à l’époque, record qui ne sera battu que par Mike Tyson près de 20 ans plus tard). A la même époque, Cassius Clay a rencontré un pasteur de la NOI (Nation Of Islam) qui le présente au porte-parole du mouvement qui n’est autre que Malcolm X. Ce dernier convainc Clay de rejoindre la NOI.

Le lendemain de sa victoire contre Liston, Cassius Clay annonce qu’il est membre de la Nation of Islam (NOI et qu’il s’appellera dorénavant Cassius « X », le « X » représentant le nom de ses ancêtres dont les marchands d’esclaves les ont privé. La réponse de l’opinion nationale est rapide intense et négative. Cassius X reçoit un peu plus tard le nom de Muhammad Ali qui lui est donné par le fondateur de la Nation de l’Islam, Elijah Muhammad. Par la suite, Muhammad Ali choisit de prendre ses distances vis-à-vis de Malcolm X quand celui-ci est suspendu de ses fonctions de porte-parole du mouvement. Le fils d’Elijah Mohammed, Herbert Mohammed est installé comme manager de Muhammad Ali qui continue de défendre son titre de champion du monde contre différents adversaires.

En 1967, en pleine guerre du Vietnam, Muhammad Ali est sollicité par l’armée qui l’entend le mobiliser et l’envoyer au Vietnam. Il refuse la mobilisation sur la base de ses convictions religieuses, et prononce une phrase demeurée fameuse :

« je ne vais pas me quereller avec un vietcong, aucun vietcong ne m’a jamais traité de sale nègre… »

Les propos d’Ali soulèvent la fureur dans le pays et la pression est telle que pratiquement tous les États annulent purement et simplement les licences de boxe d’Ali qui est de facto interdit de ring. Le champion du monde ne peut plus exercer son métier. Lors de son dernier combat de l’année 67, Ali combat contre Ernie Terrell qui le provoque en l’appelant « Clay ». Ali le met K.O en lui demandant sur le ring « quel est mon nom ? ». Ses licences suspendues, Ali ne boxe pas pendant les deux années qui suivent l’année 67. Il perd une première bataille judiciaire et risque cinq ans de prison. Au cours de cette période de vaches maigres, ses revenus proviennent de conférences qu’il donne dans les universités. Il est par ailleurs la première personnalité du pays à s’exprimer ouvertement contre la guerre du Vietnam. En 1970, avec l’évolution de l’opinion nationale sur la guerre du Vietnam, il est autorisé à remonter sur le ring. Il dispute un premier combat avant d’affronter le champion du monde des poids lourd invaincu, Joe Frazier au Madison Square Garden le 8 mars 1971.

Après deux années et demi d’absence, Ali a perdu en vivacité et est battu par Frazier en 15 rounds. Quelques mois plus tard, la cour suprême lui donne raison de ne pas être allé sous les drapeaux servir l’armée américaine au Vietnam. Il ne risque plus de peine de prison et est désormais libre de boxer n’importe où dans le monde. Ali dispute plusieurs combats (défaite, puis victoire contre Ken Norton, victoire contre Frazier en 74 qui lui donne le droit de prétendre à nouveau à la couronne mondiale). Mais le plus grand moment de sa carrière va venir au cours de l’année 1974 lors du fameux « Rumble in the jungle ». Sa victoire face à Frazier lui a ouvert la voie à un nouveau combat pour le titre mondial.

 

Ali doit affronter le surpuissant George Foreman lors d’un combat qui est prévu à Kinshasa, la capitale du Zaïre, et organisé par le promoteur Don King, qui a réussi à obtenir du gouvernement zaïrois une bourse de 10 millions de dollars pour les deux boxeurs. Foreman a facilement battu Norton et s’est tout aussi facilement débarrassé de Joe Frazier en deux rounds. On dit de lui qu’il a « de la foudre dans les mains ». Il a gagné 37 de ses 40 combats par KO, la plupart en trois rounds ou moins, et ses huit derniers combats n’avaient pas dépassé le second round! Norton et Frazier qui avaient donné du fil à retordre à Ali avaient été balayés! Pour Ali affronter un tel adversaire à l’âge relativement avancé de 32 ans est considéré par beaucoup comme un véritable suicide. La plupart des observateurs ne lui donnent pas l’ombre d’une chance et Foreman est le méga favori du combat. Mais Ali se sent à l’aise à Kinshasa. Durant les semaines qui précèdent son combat, il séjourne dans la capitale zaïroise et est hyper populaire auprès des habitants, bien plus que George Foreman pourtant champion du monde en titre des poids lourds. Ali reprendra une expression de ses supporters kinois : « Ali buma ye » (Ali tue le!)

Sentant qu’il ne pouvait pas rivaliser physiquement avec Foreman, Ali choisi d’adopter une stratégie plus prudente. il prévoit de subir le combat pendant plusieurs rounds en étant presque en permanence dans les cordes, en espérant que George Foreman finisse par se fatiguer après avoir essayé de le mettre KO. De fait, Foreman domine, ou croit dominer le combat pendant les sept premiers rounds, mais laisse beaucoup d’énergie sans pouvoir mettre K.O Ali. Ce dernier constatant que Foreman est fatigué se réveille au 8ème round et réussit à mettre K.O le champion du monde des poids lourds. Contre toute attente, il a réussi son pari fou ! Il est de nouveau champion du monde.

 

Après le « Thrilla in Manilla », un autre combat resté célèbre, livré une nouvelle fois face à Frazier en 1975, Ali disputa en 1978 un combat qu’il perdit contre un jeune champion olympique, Leon Spinks, avant de regagner son titre face au même Spinks. Cette nouvelle victoire fit de lui le premier boxeur de l’histoire des poids lourds à remporter le titre suprême trois fois. Ali acheva sa carrière avec un bilan de 56 victoires (dont 36 KO) pour 5 défaites. (Ali avait disputé deux combats de trop en octobre 80 face à Larry Holmes et Trevor Berbick en décembre 81 après l’annonce de sa retraite en 1979. Deux combats qu’il a perdus).

La maladie de Parkison dont souffre Ali fut diagnostiquée en 1982, ce qui provoqua un déclin de ses fonctions motrices. Il demeure un champion hors pair, personnalité charismatique et engagée. Mohammed Ali a marqué l’histoire de son sport, mais aussi l’histoire tout court, en devenant une personnalité emblématique. Il fait partie du petit nombre de personnalités qui par grâce à leur action et leur engagement font désormais partie du patrimoine de l’humanité toute entière. Ali a neuf enfants qu’il a eu de trois mariages et est marié à Lonnie Williams.

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Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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