Il n’est désormais plus possible pour les étrangers d’adopter des enfants éthiopiens.
Mardi 9 janvier 2018, le Parlement éthiopien a voté en faveur de l’interdiction de toute adoption par des étrangers. Cette décision fait suite à de nombreuses craintes que les jeunes éthiopiens adoptés soient victimes d’abus et/ou de négligence dans leur pays d’accueil. Cette décision intervient six ans et demi après la mort de Hana Alemu, une jeune éthiopienne adoptée par un couple d’américains. Hana décédera en 2011 d’hypothermie, d’après le rapport d’autopsie. Ses parents adoptifs, Carri et Larry Williams, seront condamnés à une peine de prison ferme en septembre 2013. Le père adoptif s’était rendu coupable d’homicide involontaire et sa femme, elle, coupable d ‘«homicide par abus» ainsi que de «voies de fait sur mineur». Elle abusait, en effet, d’une seconde jeune éthiopienne adoptée qui pour sa part a survécu et témoigné de son cauchemar.
Même par-delà les frontières du pays, les accusations de mauvais traitement en matière d’adoption à l’internationale sont nombreuses. En 2016, le Danemark mettait un terme aux adoptions en provenance de l’Éthiopie. Il s’agissait pour le royaume scandinave de ne plus se rendre complice des fraudes, de la corruption et surtout de la maltraitance des enfants. [1]
Selon l’Associated Press :
« La nouvelle politique nationale de l’enfant dit que les orphelins ne devraient grandir que dans leur pays d’origine tout en honorant leur culture et leurs traditions (…) Ils devraient être adoptés localement ou soutenus par une famille de tuteurs ou les aider à rejoindre leurs parents biologiques, ou des parents. » [2]
Selon un rapport du département d’État américain de 2016, l’Éthiopie se classerait au sixième rang en matière d’adoptions internationales, derrière la Chine, l’Ukraine, la Corée du Sud, la Bulgarie et l’Inde.
On se souvient de l’adoption ultra-médiatisée de l’actrice Angelina Jolie qui, le 6 juillet 2005, recueillait Zahara Marley, âgée de six mois. Cette « peopolisation » des adoptions agite également le spectre du trafique d’êtres humains et de l’esclavage.
L’économie éthiopienne est très fragile car, essentiellement basée sur l’agriculture. Or, le pays a souvent été touché par la sécheresse, des famines, ainsi que des conflits politiques qui ont contribué à ralentir son développement économique. Aujourd’hui, malgré certaines améliorations, l’Éthiopie reste parmi les pays les plus pauvres du monde. Dans cette situation, le moyen le plus efficace pour elle est d’appliquer sans en subir les répercussions, serait que les services de l’État prenne les enfants en charge. Une tâche titanesque qui fait peser le doute sur la durabilité de cette disposition légale.
https://nofi.fr/2017/07/ethiopie-naturaliser-1000-rastafaris/41569
Notes et références
[1] Lucie Rychla ~ Denmark stops adoptions from Ethiopia, publié le 18 mars 2016
[2] Amy Held ~ Ethiopian Lawmakers Vote To Ban Foreign Adoptions, publié le 10 janvier 2018