La République Démocratique du Congo vient d’être déclarée le pays le plus meurtrier du monde ce 6 décembre 2017, dépassant la Syrie, le Yémen et l’Irak en raison du nombre de personnes en déplacement, à cause de l’insécurité. Personne n’en parle.
Selon un rapport publié le 6 décembre 2017 par le Centre de surveillance des déplacements internes [1], la République Démocratique du Congo (RDC) a été au cours des six premiers mois de l’année le pays où le plus grand nombre d’habitants a dû fuir son foyer.
À en croire Ulrika Blom, la directrice nationale du Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR) en RDC :
« C’est une méga crise. L’échelle des personnes fuyant la violence est en dehors des graphiques, dépassant la Syrie, le Yémen et l’Irak « [2]
Les chiffres publiés ce 6 décembre révèlent en effet la tragédie qui se déroule en ce moment même au Pays de feu Patrice Lumumba. Ce sont plus d’1,7 millions de personnes qui ont, selon l’Organisation des Nations unies, été contraintes de fuir l’insécurité chronique. C’est l’équivalent de près de 5 500 personnes par jour qui se sont vu dans l’obligation de tout quitter afin d’éviter une mort certaine, du fait de la menace permanente qui plane sur eux. Depuis le début de la crise, contrecoup du génocide Tutsi, près de 4 millions de personnes ont dû se réfugier dans les pays voisins.
Toujours selon Mme Blom :
« Pour la deuxième année consécutive, la République démocratique du Congo est le pays le plus touché par le déplacement des conflits dans le monde. Les communautés de la RDC sont en train d’être bousculées – par un conflit brutal et une crise politique qui s’aggrave « .[2]
Les provinces du Kivu, du Kasaï et du Tanganyika sont les épicentres actuels de la violence dans le pays. Ces violences ne sont pas seulement généralisées, elles sont aussi et surtout horriblement brutales. Des villages sont réduits en cendres, des écoles prises pour cible et de (trop) nombreux enfants sont enrôlés de force comme soldats dans les groupes armés. Après des années de crises, les populations congolaises sont une fois de plus traumatisées sans que cela n’émeuve la communauté internationale (sans doute trop occupé avec Bashar Hafez al-Assad ou Kim Jong-un).
Les raisons de cette crise sont multiples. La première d’entre elles est certainement la famine qui guette. En effet, beaucoup de familles dépendent de l’agriculture pour leur subsistance. Il devient alors impossible de semer ou de récolter lorsque les balles sifflent à proximité.
Selon la directrice nationale du CNR en RDC :
« La fatigue des donateurs, le désintérêt géopolitique et les crises concurrentes ont poussé la RD Congo loin dans la liste des priorités de la communauté internationale. Cette tendance meurtrière est au détriment de millions de Congolais. Si nous ne parvenons pas à nous élever maintenant, la faim de masse se répandra et les gens mourront. Nous sommes dans une course contre la montre.« [1]
Il faut aussi ajouter à cela le contexte d’instabilité politique et économique dans lequel est plongée la RDC. Effectivement, les tentatives d’organiser des élections à la fin de l’année 2017 ont échoué et l’instabilité politique devrait s’aggraver au cours de l’année prochaine, à quelques jours de la date butoir fixée pour décembre 2018, pour la tenue de nouvelles élections présidentielles. Ces élections pourraient ajouter à l’indignation et la colère de la population et ainsi se transformer en de nouvelles violences. Comme souvent ces frustrations pourront être utilisés par les factions armées. Le pire semble encore à venir.
https://nofi.fr/2017/03/etats-unis-gouvernement-rdc-de-corrompu/37438
Notes et références
[1] Norwegian Refugee Council ~ « DR Congo mega crisis forcing millions to flee« , reliefweb.int, publié le 6 décembre 2017