Le gouvernement israélien souhaite se débarrasser des demandeurs d’asiles présents sur son territoire. Il proposerait au gouvernement rwandais 5000 dollars américains pour chacun de ces migrants qu’il accepterait de recevoir.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Comme ce fut le cas de nombreux états africains, les liens entre le Rwanda et Israël furent rompus en 1973 après la guerre du Kippour. Peu après le terrible génocide qui frappa le pays d’Afrique centrale en 1994, les relations entre les deux pays furent rétablies. 20 ans plus tard, en juillet 2014 des partenariats, notamment dans les domaines économiques et du développement entre les deux pays furent mis en place. Ils furent suivis en octobre de cette année, par une délégation israélienne menée par le président de l’Assemblée Nationale renforçant encore les liens entre les deux pays, cette fois-ci autour des génocides vécus par les ancêtres de beaucoup d’Israéliens et de Rwandais. En cela, la relation qu’entretient Israël avec le Rwanda apparaît comme plus étroite qu’avec les autres états du continent noir.
C’est peut-être dans le cadre de l’étroitesse de cette relation qu’ Israël a choisi de s’allier avec le Rwanda, plutôt qu’avec un autre pays africain pour se débarrasser ce qu’il considère comme un de ses problèmes majeurs : ses migrants noirs africains non-juifs. Comparés à ‘un cancer dans [le] corps [d’Israël]’ par l’actuelle ministre et ancienne parlementaire Miriam Regev en 2012 et régulièrement qualifiés d’ ‘infiltrateurs’ par les hommes et femmes politiques israéliens de droite comme le Premier Ministre Benjamin Netanyahu. Selon les hommes et femmes politiques de cette obédience, la présence prolongée et significative de migrants noirs non-juifs menacerait à terme la survie et l’identité de ce qu’ils considèrent être le ‘seul état juif’.
Selon un reportage de nos confrères d’Haaretz, Israël paierait 5000 dollars à l’état rwandais pour chaque migrant africain qu’il accueillerait en provenance d’Israël. Ce dernier accepterait aussi d’indemniser les migrants, pour la plupart originaires du Soudan et d’Erythrée à hauteur de 3500 dollars afin d’aider à financer leur départ. La situation alternative serait bien moins attractive pour les chercheurs d’asile. L’ ‘Etat hébreu obligerait ainsi, contre la loi internationale et locale, les réfugiés, à être maintenus de manière indéfinie dans des centres de détention locaux. Toutefois, Netanyahu a affirmé en novembre 2017 avoir conclu un accord permettant à Israël de déporter les quelques 40000 Africains sans leur consentement et sans avoir à les maintenir en détention.
Selon une enquête de Lior Birger publiée chez nos confrères d’ Haaretz, le sort de centaines de ces chercheurs d’asile expulsés d’Israël aura été de périr par noyade dans la Mer Méditerranée ou dans les geôles de Libye. Une fois arrivés au Rwanda, les migrants déportés se verraient dépouillés de leurs papiers et obligés de quitter le pays vers l’Ouganda, puis, à l’aide de passeurs, de rejoindre à leurs périls et à leurs risques ce qu’ils pensent être leur eldorado, à savoir l’Europe.
https://nofi.fr/2017/11/palestiniens-noirs-afro-palestiniens/45648