Le Docteur Dougbeh Chris Nyan, un médecin libérien, a créé un test bon marché permettant de diagnostiquer des infections en moins de quarante minutes.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Les chercheurs africains expatriés se voient souvent attribuer, à tort ou à raison, leur manque d’intérêt pour la situation de leur pays et de leur continent d’origine. Leur expertise est alors souvent jugée par leurs compatriotes comme inutile, car elle ne serait pas utilisée pour aider leurs compatriotes.
Dougbeh Chris Nyan est un contre-exemple vivant de cette généralisation à propos des chercheurs africains expatriés.
Ce médecin libérien a été formé au Liberia en zoologie et en chimie, en Allemagne en médecine et aux Etats-Unis comme chercheur en biologie médicale. Entre 2012 et 2014, alors qu’il travaillait comme chercheur pour la Food and Drug Administration (Administration pour la nourriture et les médicaments) américaine il a personnellement contribué à la lutte contre le virus Ebola dans son pays en organisant le recrutement d’une force d’intervention parmi les populations de la diaspora.
Durant cette période Dougbeh Chris Nyan a aussi inventé un test permettant la détection simultanée de différentes infections comme la fièvre jaune, le paludisme et Ebola.
Dans de nombreuses situations au Liberia et ailleurs en Afrique, obtenir un diagnostic nécessite plusieurs heures d’attentes dans les centres de santé locaux.
En outre, obtenir un diagnostic incorrect et administrer un traitement inapproprié à un patient peut être particulièrement dangereux en ce qu’il ne traite pas son mal, mais qu’il peut causer des effets inappropriés pour ce dernier.
L’un des grands plus de l’invention concerne sa rapidité d’exécution. Alors que la plupart des tests de ce type ne peuvent fournir un diagnostic qu’en plusieurs jours, celui du docteur Nyan peut y parvenir entre 10 et 40 minutes seulement.
L’important impact potentiel de ce test facile d’utilisation a été reconnu par l’attribution au Docteur Nyan de l’Innovation Prize for Africa Award for Social Impact et de 25000 dollars.
Lors de la réception du prix à Accra au Ghana en juillet 2017, Dougbeh Chris Nyan a déclaré : « de la même manière que les leaders africains se rassemblent pour envoyer des troupes afin de résoudre des conflits politiques, les gouvernements africains doivent aussi se rassembler et soutenir les innovateurs africains qui mènent une guerre en utilisant la science et la technologie pour améliorer la santé et le bien-être de l’Afrique et du monde ».
De belles et justes paroles qui rappellent que les chercheurs africains expatriés ne sont pas toujours des déserteurs des guerres qui ravagent leur pays, mais plutôt des soldats continuant à les mener, avec des armes qui ne se trouvent parfois pas dans leur continent d’origine.