Le départ du Front National de son ancien vice-président Florian Philippot a entraîné un revirement de la position officielle du parti et de sa présidente Marine Le Pen sur la sortie de la zone Euro.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
S’exprimant chez nos confrères de Valeurs Actuelles dans une interview publiée en octobre 2017, Marine Le Pen a fait part de bénéfices dont pourraient jouir les Français si la France se maintenait dans la zone Euro.
Cette déclaration tranche évidemment avec la ligne anti-euro du Front National affichée avant l’élection présidentielle de 2017.
Un an auparavant, dans une tribune publiée chez nos confrères du New York Times, Le Pen appelait même à un ‘Printemps des Peuples’, à un sursaut souverainiste des pays européens peu après la sortie du sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.
En mars 2017, lors d’une visite au Tchad où elle avait rencontré le Président Idriss Itno Deby, Marine Le Pen étendait son voeu de souveraineté à l’Afrique Francophone.
La dé-diabolisation de l’euro après la dé-diabolisation du FN
Cette louange de la souveraineté économique s’est toutefois fragilisée puis, effondré. La cause? La démission du vice-président du parti, Florian Philippot, qui avait vraisemblablement initié la démarche économique de sortie de l’Euro. Celle-ci était manifestement loin d’être partagée par l’ensemble du bureau politique du parti. On en veut pour preuve les propos du député FN du Gard, Maître Gilbert Collard, qui déclarait sur France 2 en septembre 2017 qu' »Imposer la sortie de l’euro, même si c’est une très très mauvaise monnaie, n’est pas une bonne chose dans la mesure où l’opinion publique ne veut pas. Or, on ne gagne pas contre l’opinion publique en démocratie ».
Cette hostilité manifeste des membres restant du bureau du Front National à l’endroit du projet de Florian Philippot a été illustrée par les sorties musclées qui ont opposé ce dernier, dans les médias et sur les réseaux sociaux, et son ancien co-vice-président du parti Louis Aliot.
Dans son interview avec Jean-Jacques Bourdin d’octobre 2017, ce même Louis Aliot, tout en cautionnant moins ouvertement l’Euro et l’Europe que Gilbert Collard et Marine Le Pen, a eu peine à expliquer clairement quelle position allait désormais adopter son parti vis-à-vis de ces questions. Ce manque de clarté est probablement dû à la volonté des membres du bureau du parti de ne pas passer pour un parti sans aucune cohérence sur la question économique, ce qui lui avait souvent été reproché.
Si élue Présidente, Marine Le Pen aurait-elle favorisé la fin du franc CFA?
On peut se demander, à cause de cette position si friable en coulisses, si le Front National, dans l’éventualité d’une victoire à l’élection présidentielle de 2017, aurait tenu sa promesse quant à la fin du franc CFA. La question peut être abordée de plusieurs manières.
On peut d’abord penser que si Marine Le Pen avait été élue, cette victoire aurait été considérée comme la victoire des idées de Florian Philippot sur la sortie de l’Europe et de la zone Euro. Il est donc possible qu’en cas d’élection, Le Pen ait maintenu ‘par cohérence’ sa promesse de mettre fin à l’ancienne monnaie coloniale. Une promesse n’est toutefois pas une action réalisée et les promesses d’étudier la situation, puis de les reporter pour calmer les ardeurs des manifestants afin de les annuler lorsque ces derniers se seront essoufflés, sont actuellement courantes dans les relations conflictuelles franco-africaines. La restitution des oeuvres d’art du Musée du Quai Branly en est un exemple.
L’autre façon de considérer la question n’aurait pas non plus favorisé une issue positive pour la fin du FCFA. Les différends publics des derniers mois entre Philippot et ses détracteurs ne sont vraisemblablement que l’évolution logique d’un parti dont le bureau politique, déjà fortement fracturé, n’aurait à terme pu qu’exploser. Le départ de Florian Philippot semble à terme avoir été inévitable ; la promesse de souveraineté économique du FN à la France et a fortiori à l’Afrique aussi.