Isabel dos Santos, La femme la plus riche d’Afrique a été renvoyée de la compagnie pétrolière publique angolaise par João Lourenço, le nouveau président angolais.
En fonction depuis le 26 septembre 2017, le président de la République d’Angola, João Lourenço, a limogé Isabel dos Santos, la fille de son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, de la direction de Sonangol. L’entreprise publique est chargée de l’exploitation et de la production de pétrole et de gaz naturel en Angola. Il s’agit là de la plus importante entité sociale du pays. La femme la plus riche et puissante du continent africain (selon Forbes, sa richesse s’élève à 3,5 milliards de dollars) avait été nommée à al tête de la compagnie par son père en juin 2016.
Ce limogeage intervient alors que l’Angola est touchée par le scandale des Paradise Papers, [1] qui a mis à jour un détournement de fonds publics de 2,5 milliards de dollars retrouvés sur un compte off-shore à l’île Maurice en provenance des comptes de la Sonangol. D’aucuns affirment par ailleurs qu’une grande partie de la richesse de l’héritière est liée au contrôle presque total des ressources du pays par sa famille au cours des quatre dernières décennies. Une coïncidence qui coince car, selon l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) :
« Une somme colossale s’est évaporée des caisses de l’État angolais. Un trou de 32 milliards de dollars, soit 25 % du PNB de l’Angola, a été identifié entre 2007 et 2010 par le FMI. La somme, qui a disparu des caisses de l’État proviendrait de la Sonangol, qui gère la manne de l’or noir en Angola. » [2]
L’éviction de l’épouse de Sindika Dokolo fait donc figure de geste majeur en ce démarrage de présidence Lourenço. Dès le début du mois, quelques signes laissaient présager un tel bouleversement. En effet, avait nommé Carlos Saturnino, limogé de la Sonangol par le président dos Santos en 2016, nouveau secrétaire d’Etat en charge du pétrole. De plus, Lourenço a également remercié le gouverneur de la banque centrale.
Il convient de rappeler que sans le contrôle de la Sonangol, Lourenço se retrouvera dans l’incapacité d’assurer le succès de sa politique.
Personne à l’heure actuel ne sait vraiment si la mise au vert d’Isabel dos Santos n’est que la première étape d’une stratégie visant à évincer le clan dos Santos, qui à encore la mainmise sur les secteur clés de l’économie angolaise. José Filomeno, le frère d’Isabel, directeur du fond souverain angolais de 5 milliards de dollars est-il le prochain sur la liste ? Cela est peu probable en l’état actuel des choses car José Eduardo dos Santos est toujours président du MPLA [] et le vrai pouvoir reste encore entre ses mains.
https://nofi.fr/2017/09/bilan-de-jose-eduardo-santos/42200
Notes et références
[1] Les Paradise Papers désignent un scandale lié à une fuite de plus de 13,5 millions de documents confidentiels détaillant des informations sur des sociétés offshore (exemptes d’impôt). Parmi eux se trouvent des multinationales et de nombreuses personnalités de la vie publique.
[2] « Angola: Explain Missing Government Funds« , Human Rights Watch, 21 décembre 2011
[3] Le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) est le parti politique au pouvoir depuis la fin de la guerre d’indépendance angolaise.