Watson Mere est un artiste américain d’origine haïtienne. Il a été l’objet d’une grande publicité en août 2017, lorsque la photo d »une pancarte représentant l’une de ses oeuvres d’art dans une manifestation est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
La popularité de la figure de Donald Trump va peut-être atteindre un point de non-retour après ses propos grossiers sur Colin Kaepernick et les athlètes ayant choisi, comme lui, de protester contre les violences policières, en s’agenouillant pendant l’hymne national. Il s’agit là selon moi d’une terrible erreur stratégique puisqu’elle a permis d’associer les violences policières contre les Noirs à la Présidence de Donald Trump, alors que ce fut bien sous celui de Barack Obama, que ce problème a émergé de la manière la plus grave à la face du monde.
En réaction à cette sortie de Trump, nombreux sont les artistes les plus célèbres à avoir adopté la posture de l’agenouillement.
Des artistes visuels se sont également appropriés la thématique, peignant Trump et Kaepernick autour de la question.
My Brother’s Keeper de Watson Mere
La critique de Trump par les artistes visuels a toutefois largement précédé ces propos de Trump sur Kaepernick. En janvier 2017, l’artiste Watson Mere l’avait représenté dans le contexte de sa peinture ‘My Brother’s Keeper’ face à Martin Luther King. Ce dernier y fait signe à Trump, qui s’apprête à poster sur Twitter, de se taire. Cette peinture fait sans doute référence à l’utilisation un peu trop libre de ce réseau social du Président Américain.
Dès janvier, cette peinture fit le buzz étant notamment partagée par l’acteur américain George Takei sur son compte Twitter.
The artist is Watson Mere. https://t.co/DgzTrnYqLT pic.twitter.com/sdgovTMlq6
— George Takei (@GeorgeTakei) January 16, 2017
En août 2017, cette image fut imprimée et utilisée comme pancarte lors des manifestations faisant suite aux incidents de Charlottesville. Elle fut à nouveau repartagée à grande échelle sur les réseaux sociaux comme symbole de la condamnation de la volonté de Trump de considérer comme responsable de la tragédie les activistes d’extrême droite et anti-racistes sur un même pied d’égalité.
Watson Mere et le reste de son oeuvre
Américain d’origine haïtienne, Watson Mere peint principalement de manière digitale, en utilisant le logiciel Microsoft Paint. Watson Mere semble très inspiré par la thématique de l’activisme noir. On retrouve très souvent dans ses peintures les couleurs noir, rouge et vert du drapeau dit ‘afro-américain’.
On y trouve aussi des références à l’Egypte Ancienne, symbole, comme c’est le cas de nombreux Afro-Américains, des civilisations africaines.
Plus près de nous, il dénonce aussi la colonisation et le néocolonialisme en Afrique dans la peinture suivante intitulée ‘Fear no Evil’ (N’aie pas peur du mal’).
Un autre symbole utilisé de manière récurrente par Watson Mere pour incarner les Noirs est leur chevelure naturelle. Il l’utilise souvent pour représenter l’émancipation des Noirs face à la pression des sociétés oppressantes qui les entourent.
L’une de ses dernières oeuvres ayant rencontré un certain buzz est ‘American Thought’. Dans cette dernière, sont représenté un Blanc et une Noire sur le même lit représentant l’Amérique mais dont les tatouages et les lectures montrent leur incompréhension et leur incompatibilité. Il est aussi intéressant de noter le choix du sexe des personnages. L’homme est blanc et la femme noire. Ce choix est peut-être motivé par le fait que le choix inverse aurait suggéré une hiérarchie de pouvoir à la tête de laquelle aurait figuré le Noir, l’homme étant généralement associé à la ‘domination’ dans les couples.
En conclusion, Watson est un artiste engagé possédant un don pour infuser son travail de messages poétiques. Parce la signification de ses oeuvres basées sur des problèmes actuels parlent immédiatement au public, son travail est voué à encore attirer l’attention à l’avenir.
Pour en savoir plus sur lui, retrouvez le sur son site artofmere.com .