Quand les fast-food aggravent le problème d’obésité en Afrique

À cause des fast-food, les Africains deviennent de plus en plus obèses…

L‘Afrique connaît depuis la seconde moitié du XXe siècle une croissance démographique galopante, un développement massif des villes et l’émergence d’une classe moyenne de plus en plus importante en nombre et en proportion. Ces différents facteurs poussent un nombre grandissant d’Africains à délaisser les plats traditionnels pour la Junk food [1], s’ouvrant ainsi toujours plus à la mondialisation culturelle (culinaire en l’occurrence).

L’adoption de telles habitudes alimentaires n’est pas sans poser problème, puisque le continent africain est de plus en plus touché par les questions de surpoids et d’obésité à l’instar des pays du Nord.

Fast food au Nigeria.

Selon un rapport de Malabo Montpellier Panel, un groupe d’experts agricoles internationaux, les enfants africains sont de plus en plus exposés à des aliments transformés à haute teneur en sucre et à haute densité énergétique, des produits bas de gamme donc bien moins nutritifs. Ainsi, l’obésité chez les 7 à 11 ans serait passée de 4% en 1990 à 7% en 2011. Elle devrait atteindre 11% à l’horizon 2025.

Ce bouleversement des habitudes alimentaires de la population africaine n’est pas uniquement l’apanage des plus jeunes. En effet, les employés de bureau, mais aussi ceux qui ne pratiquent pas beaucoup d’activités physiques ou sportives, les fumeurs et les gros buveurs sont touchés par ce mal. Ainsi, toujours selon Malabo Montpellier Panel, il y a :

« un besoin urgent de sensibiliser et de faire face au fardeau émergent de l’obésité parmi les segments de la population africaine ». 

obésité
Source : Organisation Mondiale de la Santé

Depuis plusieurs années déjà, les grands noms de restauration rapide (Burger King, McDonald’s, KFC, Pizza Hut ou Subway) ont pignon sur rue dans les grandes capitales africaines. Il s’agit pour ces champions de la mal-bouffe de capter la manne financière que représente cette nouvelle classe moyenne friande de ce type de « nourriture ». On assiste de plus en plus à des situations paradoxales, où, sous le même toi vivent des enfants en situation de malnutrition ou de retard de croissance et des adultes en situation d’obésité.

Situation d’autant plus contradictoire qu’une étude de l’Université de Cambridge déclarait en 2015 que le Tchad, le Sierra Leone, le Mali, la Gambie, l’Ouganda, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Somalie faisaient parti du top 10 des pays de la planète qui se nourrissent le plus sainement.[2]

Qui dit plus de viande, de sucre et de glucides dit augmentation des risques de diabète, d’hypertension artérielle entraînant un risque accru de crises cardiaques, d’insuffisance rénale et des accidents vasculaires cérébraux. Cela devient de plus en plus préoccupant, surtout lorsque l’on sait que les soins de santé en Afrique sont depuis longtemps focalisés sur des maladies transmissibles comme le paludisme et le VIH/sida qui font des ravages sur le continent.  

Il est à craindre de ce fait que les systèmes de santé africains ne soient pas en mesure de traiter efficacement cette crise sanitaire en devenir. Dès lors, le meilleur conseil que nous avons à vous donner est de freiner votre consommation de hamburgers afin d’éviter de creuser votre tombe avec votre bouche.

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https://www.nofi.media/2017/03/obesite-perdre-du-poids-1ere-partie/36041

Notes et références

[1] Junk food est un terme péjoratif désignant les aliments bon marché contenant des niveaux élevés de calories de sucre ou de graisse avec peu de fibres, de protéines, de vitamines ou de minéraux que l’on trouve dans les établissements de restauration rapide.

[2] Fumiaki Imamura ~ « Dietary quality among men and women in 187 countries in 1990 and 2010: a systematic assessment« , Lancet Global Health, publié en mars 2015

 

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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