J’ai écouté pour vous « Mwaka Moon », le nouvel album de Kalash

Par Franswa Makandal. Les raisons pour lesquels je suis sûr que « Mwaka Moon » va faire mouche …

Après le succès de son troisième album « Kaos » sorti en 2016 et certifié disque d’or, Kalash s’est clairement imposé dans le paysage du rap français. Le 13 octobre 2017, le chanteur et rappeur originaire de la Martinique dévoilera « Mwaka Moon » [1] un album lunaire, fort de 20 titres, qui à n’en pas douter saura trouver sa place en cette fin d’année. Je l’ai écouté pour vous, j’ai été conquis et vous donne à travers cet article les raisons pour lesquelles ce quatrième opus de Kalash vaut carrément le détour.

Avant toute chose, il convient de préciser que l’objectivité sera quelque peu mise à mal étant donné que Kalash fait partie de mes artistes préférés. En effet, c’est avec le titre « Finmin’y« , au tournant des années 2010 que j’ai connu cet artiste issu de la scène reggae/dancehall. Par la suite, je le validerai définitivement avec l’excellent « Kouada » sur l’inoubliable « Walpixx Riddim« en 2012, ou « King of King » son street song extrait de la Special K Mixtape.2 en 2013.

Les connaisseurs auront compris que ce sont les sonorités caribéennes, que maîtrise le jeune chanteur martiniquais à merveille, qui m’enjaillent (ça a certainement un rapport avec mes origines guyanaises). Cependant, la force d’un artiste tel que Kalash est d’avoir su prouver sa capacité à innover musicalement et a entraîner son public dans un univers fort de nombreuses influences (antillaises, US et même issues de la variété française). Et ça, c’est pour moi l’apanage des grands artistes.

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Apportant sa touche et son savoir faire à ce brassage artistique, le rappeur de 29 ans m’a régulièrement bluffé par son originalité et sa capacité à se renouveler et ainsi à s’adapter à l’ère du temps. Pour tout dire, son dernier album Kaos m’a réconcilié avec la Trap music (notamment avec « Après l’automne » et « Rouge et Bleu« ) pour laquelle je n’avais, de prime abord aucune sensibilité particulière. Ainsi, Kalash a parfaitement su surfer sur la nouvelle vague sans jamais se travestir. En évoquant cela, me reviennent en tête son puissant titre « Big Machine » mais aussi « Pwoblem » en association avec DJ Ken à qui je dois de très bons souvenirs au Palacio.

Voila pourquoi, j’ai agréablement accueilli l’album « Mwaka Moon« , qui ne fait, selon moi, que confirmer la place d’artiste majeur de la scène musicale hexagonale. Son quatrième album est en cohérence avec la nouvelle identité musicale de Kalash qu’il vient entériner, sans jamais oublier ses fans de la première heure. A l’instar d’un rhum vieux, la carrière du comparse d’Admiral T se bonifie avec le temps, pour le grand plaisir de mes oreilles. Qu’on se le dise Kalash est définitivement un artiste avec lequel il faudra compter.

De « Mwaka Story » le premier titre de l’album à « Ivory » qui vient le clôturer, Kalash, de son vrai nom Kevin Valleray, nous transporte sur sa planète, ou plutôt sur la lune, nous offrant un album de qualité aux tonalités éclectiques mais formant un tout cohéren du meilleur effet. Le son « Empire » ma particulièrement parlé et est venu contrebalancer le léger bémol que j’émettrais à l’égard de certains sons à destination de la gente féminine qui m’ont paru être une redite de chanson comme « Danjé« .

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Sa plume est toujours aussi agréable et transcrit parfaitement l’univers, où l’aspect Gangsta côtoie les références mystico-religieuses, littéraires et les prises de positions dénonçant les brutalités policières dont la communauté noire est la cible privilégiée. Ce dernier, comme vous pouvez vous en douter, est e  minimum que j’attends d’un artiste noir d’une telle stature et cela me ravi.

Côté featuring, Kalash a gâté son public de longue date en invitant des pointures du reggea/dancehall. Vous comprendrez alors aisément que pour l’amateur de dancehall que je suis,

  • « No Roof » du « Wold Boss » Vybz Karlel (que je considère comme le « Héro de la dancehall » entre 2008 et 2013),
  • « Why » de Stephen « Di Genius » avec qui Kalash avait collaboré sur le son « Taken »  dans l’album précédent,
  • « Gods Knows » avec Mavado l’artiste originaire de Cassava Piece community (que je ne remercierai jamais assez pour « Top Shotta Nuh Miss« ),

Ont été pour moi comme des cadeaux de Noël avant l’heure et font clairement partie des titres que j’ai écouté et réécouté tout la semaine. Mais n’ayez crainte, « Mwaka Moon » offrira aux néophytes (qui l’ont connu avec le freestyle emblématique sur « Couvre Feu« ) des titres bien sentis comme « Snitch » au coté de Lacrim, le déjà classique « Mawaka Moon » avec Damso que l’on attendait avec impatience, dont le clip est sorti le 5 octobre 2017, nuit de pleine lune. Classe n’est-ce pas ?

Pour ne pas que mon propos soit perçu comme dithyrambique, je doit admettre que « Moment Gâchés » ft. Satori m’a laissé plutôt perplexe. Mes goûts en matière de musique sont très éloignés des artistes « Christine and the Queen-Like« . Cela n’a cependant pas suffit à gâcher le plaisir de découvrir ce quatrième album de Kalash, que je conseil fortement à tous les lecteurs de Nofi.

Enjoy !!!

Notes et références

[1] L’album « Mwaka Moon » est dors et déjà disponible en pré-commande ici.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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