Quelques jours après l’épisode du billet de 5 000f CFA symboliquement brûlé et la vague de contestation populaire qui s’en est suivie, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont déjeuné ensemble ce jeudi 31 août 2017 à l’Élysée. A l’issue du repas, les deux chefs d’état ont plaidé en faveur du franc CFA.
Les avocats désespérés du fCFA
A contre-courant des revendications d’une frange toujours plus importante de la société civile africaine, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont tenu à réaffirmer, jeudi 31 août, tout l’attachement qu’il ont pour la zone franc. En dépit des demandes de plus en plus pressantes des populations africaines de mettre un terme à la tutelle monétaire de l’ancien empire, le Président de la Côte d’Ivoire, indéfectible défenseur du fCFA déclarait :
« Nous couvrons quand même les trois quarts de nos émissions monétaires et la banque centrale a plus de cinq mois d’importations, donc en devises il n’y a pas d’inquiétude (…) La monnaie commune que nous avons est une monnaie qui rend service au peuple africain, qui est une monnaie appréciée. » [1]
L’ancien banquier d’affaires de la banque Rothschild a quant à lui déclaré :
« Aujourd’hui, la zone franc offre une stabilité monétaire, mais qui n’est pas sans certains défis (…) Il y a des tensions politiques chez certains. Nous partageons, je crois, une vision commune sur l’intérêt de la zone. Mais je crois qu’il faut la moderniser, ouvrir une nouvelle voie avec beaucoup de pragmatisme, et je crois que c’est ce sur quoi nous souhaitons nous engager ensemble. » [1]
Quelques jours auparavant le president Macron rendait public la création d’un Conseil présidentiel pour l’Afrique qui lui serait directement rattaché. Ce groupuscule d’ Hussard Noirs de la République auront pour tâche d’inspirer « le renouvellement du partenariat entre la France et l’Afrique« , promis par Macron durant sa campagne et de mettre en œuvre « une nouvelle approche.
Une action et des déclarations qui surviennent après la mobilisation initiée contre cette monnaie il y a plusieurs mois de cela et qui s’est accentuée fin août 2017.
http://nofi.fr/2017/08/immigration-clandestine/42412
« Urgences Panafricanistes » soulève-t-elle un vent de panique ?
La rentrée 2017 aura sans conteste était marquée par la mobilisation de la société civile africaine contre la « Françafrique« . En effet, l’acte de brûler un billet de la BCEAO, du porte-voix de l’ONG, samedi 19 août 2017 sur la place de l’obélisque à Dakar a permis d’installer le débat de la souveraineté monétaire africaine à un niveau international.
Relaxé le 29 août 2017 par le Tribunal de Grande Instance de Dakar, suite à un dépôt de plainte de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest, Kemi Seba et Urgences Panafricanistes avaient franchi une nouvelle étape dans la lutte contre le néocolonialisme. Cela en dépit de la campagne médiatique à charge que mènent les médias traditionnels.
Le fort soutien reçu par le chroniqueur de VoxAfrica et la vague de mobilisation sans précédent contre le Franc de la Communauté Financière Africaine, contrecarrerait-il les plans de la France en Afrique ?
Le romancier et philosophe Voltaire a dit: « le hasard n’est et ne peut être que la cause ignorée d’un effet connu« . Compte tenu du contexte, la coïncidence apparaît ainsi comme une explication peu crédible face à celle d’une stratégie géopolitique rôdée.
Le débat est lancé.
http://nofi.fr/2017/03/urgences-panafricanistes-inquietude-de-la-france-apres-la-mobilisation/36997
Notes et références :
[1] « Emmanuel Macron et Alassane Ouattara plaident la cause du franc CFA » RFI, publié le 1er septembre 2017