Le film « Stupid Things » d’Amman Abassi est sorti en salles ce mercredi 27 septembr. NOFI vois donne trois excellentes d’aller le voir.Si, si, il faut le voir.
« Stupid Things« , réalisé par Amman Abassi narre l’histoire du jeune Dayveon, âgée de 13 ans. Affecté par la mort de son frère, en manque de figure paternelle dans un foyer instable, il bascule dans l’univers des gangs. Le compagnon de sa grande sœur est le seul à essayer, difficilement, de le maintenir sur le droit chemin.
« Stupid Things » est particulièrement réaliste
Loin des clichés du Gangsta Rap que pourrait évoquer le nom mythique des « Bloods« , ce gang afro-américain rival des « Crips« , fondé en 1972 à Los Angeles, pour son premier long-métrage, Amman Abassi a pris le parti du réalisme. Le film tient d’ailleurs beaucoup du documentaire à qui il emprunte un style très intimiste. Il a fallu pour ce faire que le réalisateur d’origine pakistanaise passe des heures à s’instruire sur le sujet. Il a notamment obtenu le droit d’entrer dans un centre de redressement pour jeunes, dont beaucoup sont affiliés à des gangs. La rencontre et les échanges avec ces jeunes en difficulté a permis à Amman Abbasi de produire un scénario subtile et au plus proche de la vérité. Avec « Stupid Things » nous sommes donc loin de l’image tape-à-l’œil des gangs véhiculée par les médias.
A ce sujet, le réalisateur de 28 ans natif de Little Rock [1] (Arkansas) a déclaré :
« J’étais seul avec un groupe de gamins. Nos relations étaient excellentes. C’était plus pour mon inspiration personnelle que pour faire le casting. Steven, mon co-auteur, et moi avons étudié tout ce matériel de près et nous nous sommes demandés ce qui pouvait avoir sa place dans notre histoire. » [2]
Par ailleurs, certains acteurs font effectivement partie des Bloods ou sont liés à des gangs dans leur vie quotidienne.
Le jeu d’acteur magistral de Devin Blackmon
Le protagoniste de « Stupid Things« , Dayveon, est incarné par Devin Blackmon, un afro-américain âgé de 13 ans (d’aucun diront qu’il ressemble à Denzel Washington :p) . Ce dernier n’avait aucune expérience dans le domaine de l’acting avant de décrocher le rôle du jeune garçon, tenté de rejoindre le gang local des Bloods après la mort de son grand frère.
Devin apporte une touche particulière au rôle de façon naturelle. Il cernera d’ailleurs très vite son alter ego déclarant :
« Le film porte sur la façon dont un garçon qui a perdu son frère essaie de paraître cool pour traîner avec les gros voyous, mais quand il s’agit de choses sérieuses, il apprend qu’il n’est pas vraiment opé, il veut juste rentrer à la maison ». [3]
En s’inspirant d’enfants comme Dayveon, que Devin a pu croiser durant sa scolarité, il a su renforcer la justesse de son personnage. Par sa performance, ce jeune talent à su démontrer que la valeur n’attendait effectivement pas le nombre des années.
« Stupid Things » évoque plusieurs problématiques de la communauté noire
A travers la situation difficile que vit Dayveon, sa grande sœur et le compagnon de cette dernière, « Stupid Things » pointe du doigt la problématique récurrente de la représentation du père au sein de la communauté afro-américaine. Une question prégnante dans les foyers noirs puisqu’en 2005, 39% des enfants afro-américains ne vivaient pas avec leur père biologique et 28% des enfants afro-américains ne vivaient avec aucun représentant du père. A l’instar de Dayveon, le manque de figure paternel pousse de nombreux adolescents noirs à la criminalité.
La question de la violence et du crime et des gangs est aussi omniprésente dans le film. Elle rappelle au spectateur la triste réalité des chiffres de la criminalité au sein de la communauté afro-américaine. Les statistiques à ce sujet sont d’ailleurs alarmantes. En effet, la «National Youth Gang Survey Analysis» indiquait en 2011 que les membres de gangs sont à 35% de jeunes noirs. Un taux élevé à coupler au fait que 93% des afro-américains tués le sont par d’autres afro-américains.
Voici la bande annonce du film :
Notes et références :
[1] Little Rock est tristement célèbre pour avoir eu le taux d’homicides par personne les plus élevés des États-Unis, ce qui place Little Rock dans la liste des villes les plus dangereuses du Money Magazine en 1994.
[2] Fiche de « Stupid Things« , Allociné
[3] « Devon Blackmon Talks About His Role in ‘Dayveon,’ His First Ever« , vman.com