Shakem Amen Akhet, du Charleston Black Nationalist Movement et James Bessenger, du South Carolina Secessionist Party, ont mis en place The Charleston Accord. Ils y ont plaidé la non-violence dans l’ambiance tendue qui a fait suite aux incidents de Charlottesville.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Après les affrontements qui ont touché la ville de Charlottesville le 12 août 2017 et causé la mort d’une femme, le reste des Etats-Unis est sous tension. Une ville particulièrement concernée est celle de Charleston, située dans l’Etat de Caroline du Sud, pour des raisons que l’on va voir plus bas.
Jeudi 17 août 2017, nos confrères de PBS sur leur plateau ont reçu deux signataires de The Charleston Accord (L’accord de Charleston). L’objectif de ce document d’empêcher la violence et d’encourager la communication entre communautés de la ville de Charleston. Celle-ci se trouverait ‘au bord de l’explosion’ après les affrontements de Charlottesville.
C’est du moins ce qu’a affirmé Shakem Amen Akhet, un membre du Black Nationalist Movement de Charleston. Se présentant aussi sous le nom de Johnathan Thrower, il a fait part à nos confrères du Charleston Post & Courier de l’intention des signataires du Charleston Accord de montrer qu’ils peuvent « avoir des discussions intelligentes » entre [eux] sans violence“.
Shakem Amen Akhet a admis le caractère déroutant de cette situation, qui le voit collaborer avec James Bessenger, président du South Carolina Secessionist Party, un parti prônant la sécession des états du sud du pays et revendiquant leur héritage esclavagiste.
« C’est vraiment difficile de regarder une personne blanche avec un drapeau du sud du pays, (…) cela ravive le souvenir de l’ennemi. (…) « Même s’ils ne sont pas tous des membres du Ku Klux Klan, c’est quand même quelque chose que j’ai mis du temps à digérer.
Quant à Bessenger, il a déclaré sur PBS avoir plus en commun avec quelqu’un comme Amen Akhet qu’avec d’autres personnes plus extrémistes de son bord politique qui critiquent son ouverture au dialogue.
Charleston, une ville sous tension raciale depuis près de deux siècles
Avant d’être associée à un style de musique et vestimentaire, le nom de Charleston l’a été à certains des plus violents conflits raciaux de l’histoire du pays. C’est à Charleston, par exemple, que Denmark Vesey avait mis en place le plus important projet de révolte d’esclaves des Etats-Unis en 1822.
Dans les années 1870, après que des anciens confédérés eurent été vaincus lors de la guerre de Sécession, un groupe de suprématistes blancs entrèrent du Parti Démocrate, les Red Shirts, se mobilisèrent pour empêcher les Noirs de voter. Parmi leurs méthodes figuraient l’intimidation par les agressons physiques, voire par le meurtre. Ces exactions des Red Shirts à Charleston furent le catalyseur de la popularité de ce groupe dans le reste de la région.
En 1919, après qu’un homme noir ait poussé un marin blanc sur le trottoir, des groupes de marins blancs se mirent à attaquer des Noirs de manière aveugle, en tuant trois et en blessant quinze, dévalisant nombre de commerces tenus par des Noirs au passage.
Plus près de nous, en 2015, le suprématiste blanc Dylann Roof massacrait neuf personnes noires dans une église de Charleston et en blessait une autre, avec comme but avoué de commencer une guerre raciale, dont l’Amérique n’a jamais été aussi proche et dont les nombreuses blessures de Charleston pourraient être les premières, après les coups échangés à Charlottesville, à se réouvrir.