La nageuse afro-américaine Simone Manuel a confirmé son titre de reine du 100m nage libre remporté aux Jeux olympiques de Rio en arrachant, une fois de plus, la médaille d’or sur sa distance de prédilection, vendredi 28 juillet 2017 lors de la 17ème édition des championnats du monde de natation à Budapest.
Simone Manuel : la 1ère africaine-américaine à remporter une médaille d’or olympique
Lors des J.O de Rio en août 2016, Simone Manuel remportait l’épreuve du 100m nage libre ex-æquo avec la Canadienne Penny Oleksiak, devenant ainsi la première afro-américaine à monter sur la plus haute marche du podium olympique en natation dans une course individuelle et à établir un record olympique et un record américain [1].
À l’issue de sa course historique, Simone Manuel déclarait :
« Cela signifie beaucoup pour moi. Cette médaille n’est pas seulement pour moi. Elle est pour les quelques Afro-américains venus avant moi et qui ont été une source d’inspiration. J’espère que je pourrais être une source d’inspiration pour les autres, donc cette médaille est destinée à ceux qui viendront après moi et, espérons-le, trouverons l’amour et l’énergie d’arriver à ce niveau ». [2]
Notons qu’elle est, de surcroît, la détentrice de trois records mondiaux avec l’équipe de relais US, et qu’elle est deux fois championne de la National Collegiate Athletic Association [3], ce qui fait d’elle l’une des trois premières femmes afro-américaines à occuper les trois premières places en 100m nage libre.
Simone Manuel la nouvelle championne du monde
La jeune nageuse de 20 ans native du Texas qui n’avait jamais remporté de médaille d’or lors de championnat du monde a établit un nouveau record américain vendredi 28 juillet à Budapest, en s’imposant avec un chrono de 52,27 secondes. La championne olympique d’ 1m80 a par ailleurs évincée sa rivale et grande favorite, la Suédoise Sarah Sjostrom. Cette dernière détenait jusque-là le record du monde de la discipline, en nageant en 51,71 secondes dans le cadre d’un relais 4×100 mètres avec l’équipe suédoise.
Toutefois, Sjostro a été dans l’incapacité de surpasser Simone Manuel et se contentera de la seconde place avec un temps honorable de 52,31. Pourtant, la jeune nageuse afrodescendante n’avait pas débuté la course en tête. La Suédoise à donné le ton les 50 premiers mètres, sur les traces de son record mondial.Cela n’a néanmoins pas été suffisant puisqu’au sortir du virage, Sjostrom s’est retrouvée incapable de maintenir son rythme effréné, permettant ainsi à Simone de remonter son adversaire dans les 10 derniers mètres.
Simone Manuel : un palmarès impressionnant
Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro :
- Médaille d’or au 100 m nage libre, ex æquo avec Penny Oleksiak
- Médaille d’or du relais 4×100m 4 nages
- Médaille d’argent du relais 4×100m nage libre
- Médaille d’argent au 50m nage libre
Championnats du monde 2013 à Barcelone
- Médaille d’or du relais 4×100m nage libre
Championnats du monde 2015 à Kazan :
- Médaille d’or au titre du relais 4×100m nage libre mixte
- Médaille de bronze au titre du relais 4×100 m nage libre
Championnats du monde 2017 à Budapest :
- Médaille d’or du 100m nage libre
- Médaille de bronze du 50m nage libre
Championnats pan-pacifiques 2014 à Gold Coast :
- Médaille d’argent au titre du relais du 100m nage libre
- Médaille d’argent au titre du relais du 100m quatre nages
- Médaille de bronze du 100m nage libre
« Les Noirs ne savent pas nager » paraît-il…
S’il est un cliché négrophobe qui a la peau dure, c’est bien celui qui prétend que les Noirs ne sont pas de bons nageurs. Les raisons évoquées sont que les populations d’origine africaine couleraient naturellement du fait de la densité de leurs os notamment. Pour certains (pseudo) spécialistes :
« la race caucasienne flotterait mieux que la race noire grâce aux téguments de peau épais, aux poumons et un volume résiduel plus petits, et un pourcentage d’os compacts élevés chez les noirs.« [4]
Alors que la science s’accorde de plus en plus à dire que :
« La morphologie du nageur joue un rôle important sur sa flottabilité. La flottabilité naturelle du nageur est personnelle et différente d’un individu à un autre. Elle dépend de la masse grasse, de la masse osseuse et de la masse musculaire. Ainsi, elle dépend du sexe, de l’âge et de l’ethnie du nageur.« [5]
Passons sur le fait que les populations noires sont les premières à avoir foulé la Terre et donc à avoir pratiqué la natation. Gardons plutôt à l’esprit qu’en Afrique, peu de pays ont les infrastructures adéquates leur permettant de former une élite de niveau mondial en natation [6]. Pour ce qui est de l’Europe et des États-Unis, les stéréotypes racistes couplés au manque de modèles entraîne un phénomène d’auto-sélection, les afrodescendants se dirigent vers d’autres sports comme le football, le basket ou l’athlétisme, où leur supériorité est légendaire.
La victoire de Simone Manuel vient tordre le cou à ce genre d’inepties. Puisse cette jeune athlète prometteuse continuer à nous édifier par ses performances et à inspirer toute une nouvelle génération de nageurs afro.
Notes et références :
[1] Jared Anderson ~ « Simone Manuel Becomes First Black Woman To Win Olympic Swimming Gold« . SwimSwam.com. publié le 12 aout 2016
[2] Craig Lord ~ « w100fr : Simone Manuel rips up the script again for 52.27 to 52.31 win over sjostrom« , swimvortex.com, publié le 28 juillet 2017
[3] La National Collegiate Athletic Association (NCAA) organise également les programmes sportifs de nombreuses universités aux États-Unis et au Canada et aide les athlètes-universitaires qui participent chaque année à des compétitions universitaires.
[4] J.L. Ghesquiere et M.J. Karvonen ~ Some anthropometric and functional dimensions of the pygmy (Kivo Twa), Annals of Human Biol.
[5] R. Caterini, D. Chollet, JP. Micalef ~ « Tests statiques et dynamiques en relation avec la performance en natation« , Revue internationale des sciences du sport et de l’éducation physique, publié le 02 mai 1991
[6] « Oga Maxime : « Le problème de la natation ivoirienne, ce sont les infrastructures »« , Interview réaliséen par Joelle M. Monnet