Université de Cambridge : quand le Rap devient une thérapie

Par Pascal Archimède. Le Rap, ce genre musical créé dans les années 1970 dans les ghettos New-yorkais a souvent mauvaise presse à cause de ses messages glorifiant violence, drogues et misogynie. Cependant, malgré son côté « sombre », des psychiatres de l’Université de Cambridge ont choisi de l’utiliser afin de soigner des patients atteints de maladies mentales telles que la dépression ou la schizophrénie.

La Hip-Hop Therapy

 Les effets bénéfiques de la musique sur le cerveau sont certes reconnus, mais comment expliquer que ce genre musical soit utilisé à des fins thérapeutiques ?

Dans un article paru dans le magazine médical « Lancet Psychiatry », l’équipe en charge de cette Hip-Hop Therapy déclare que les paroles qui traitent de surmonter les difficultés offrent un refuge aux gens désespérés. Exprimer ses difficultés en rappant agit alors comme un exutoire émotionnel. Selon ces psychiatres, les rappeurs utilisent leurs compétences et talents non seulement pour décrire leur environnement mais aussi comme un moyen de s’en sortir. Il y a en effet souvent un message d’espoir dans leurs chansons qui racontent le mode de vie qu’ils rêveraient d’avoir. Les psychiatres recommandent par exemple comme support de la thérapie « The message » de Grandmaster Flash and The Furious Five, sorti en 1982 qui dépeint la vie dans le ghetto sous l’ administration Reagan.

De même, ils préconisent  « Juicy » de Notorious BIG qui dédie notamment ce morceau et son succès à tous ces professeurs qui ne lui ont pas fait confiance en lui pronostiquant un avenir chargé d’échecs.

Lors de cette thérapie, les patients sont également invités à écrire leurs propres textes et à les chanter en rappant. Depuis sa création, le Rap a influencé divers domaines tels que la littérature, le cinéma ou  l’éducation et s’impose maintenant dans la médecine. La culture Rap est indéniablement un apport planétaire supplémentaire des noirs américains, mais sont-ils les premiers à en profiter financièrement ?

Rap et argent

 Malgré la baisse continue des ventes de disques en physique (Cds/vinyles), en 1999 la Recording Industry Association of America (RIAA) a évalué le marché du disque aux Etats-Unis à près de 14 Milliards de dollars dont 10 % revenait au Rap. En 2001, ce pourcentage s’élevait à 13 % positionnant le Rap deuxième genre musical sur le plan économique devant la Country Music. Le rappeur et son entourage professionnel (manager, avocat…) toucheraient en moyenne 10 % sur les ventes d’un album et 30 % reviendraient au label. A titre d’exemple, sur un album vendu entre 10 et 15 dollars, le rappeur 50 cent déclare que l’artiste toucherait à peu près 50 centimes après prélèvement de taxes par les impôts.

P.Diddy et Jay-Z
crédit photo E entertainement

A quand des Noirs propriétaires de gros labels de Rap tels que Warner, Sony et Universal ?

Certains rappeurs afro-américains réussissent  tout de même à tirer leur épingle du jeu en créant leurs propres labels et en investissant dans diverses activités. Ces derniers sont des modèles au sein de la communauté, notamment pour les artistes désireux de contrôler la production, promotion et distribution de leur musique. Selon le magazine « Forbes », en 2017, le rappeur le plus riche serait Diddy (Puff Daddy) à la tête d’une fortune évaluée à 820 millions de dollars, suivi de près par Jay Z qui pèserait 810 millions. Sur Twitter, Diddy a récemment rappelé à ses followers l’importance pour les Noirs de connaître leur histoire. Il les invite à se pencher sur les enseignements de Marcus Garvey qui prône notamment l’indépendance économique de la communauté noire, pour mieux faire face aux actes racistes dont ils sont encore victimes aujourd’hui. Cette réflexion est en phase avec celle de Jay Z dont le dernier album 4:44 insiste sur l’importance pour la communauté d’être financièrement indépendante.

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Par Pascal Archimède

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