Charles Barkley critique les manifestants contre les statues des personnages esclavagistes du sud des Etats-Unis

L’ancien basketteur américain Charles Barkley est une nouvelle fois allé à l’encontre de l’opinion publique militante noire américaine. Il a ainsi critiqué les récentes protestations contre le maintien des statues de personnages sudistes et esclavagistes.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Interviewé par un média de son Alabama natal, Barkley a déclaré : « En aucun cas je ne vais perdre mon temps à crier sur un néo-nazi qui me déteste. J’ai 54 ans et je n’ai jamais une seule fois pensé à ces statues une seule fois dans ma vie. (…)Je pense que si vous demandez à la plupart des Noirs, honnêtement, il n’y a pas un seul jour dans leur vie où ils ont pensé à ces stupides statues. »

Comme on l’a dit, ce n’est pas la première fois que les commentaires de Barkley vont à contre-courant de ceux d’activistes noirs américains. En 2014, il avait défendu la décision du jury de Charleston d’acquitter Darren Wilson, le policier à l’origine de la mort du jeune Michael Brown.

62% des Américains défavorables au retrait des statues

Aux Etats-Unis, la polémique relative au retrait des statues de personnages historiques des Etats confédérés d’Amérique est particulièrement vive. Dans l’ensemble du pays, des autorités ont autorisé le retrait de statues de personnages associés avec le sud du pays esclavagiste.

Cependant, selon un sondage conduit les 14 et 15 août 2017 auprès de 1125 adultes américains, 62% d’entre eux seraient réticents au retrait des statues incriminées. Dans le sens de Barkley, Sandra Crenshaw, une ancienne membre du conseil de la ville de Dallas s’est positionnée publiquement contre le retrait des statues. « Je ne me sens pas intimidée par la statue de Robert E. Lee (ancien général en chef des armées confédérées, NDLR). Elle ne m’intimide pas. Elle ne me fait pas peur. » a-t-elle déclaré à nos confrères de PBS. « Nous ne voulons pas que l’Amérique pense que tous les Afro-Américains soutiennent cela. » a-t-elle ajouté, critiquant les gens pensant qu’enlever une statue effacera le racisme ».

Charles Barkley
Sandra Crenshaw

Quid de la France?

La communauté noire de France s’inspirant souvent des revendications sociales afro-américaines, on peut se demander si des activistes noirs français ne vont pas prochainement en profiter pour se (re)mobiliser pour réclamer le retrait de traces publiques de personnalités historiques françaises (mé)connues pour avoir pris des positions racistes. En 2017, Alexane Ozier-Lafontaine, une lycéenne martiniquaise, avait lancé une pétition en ligne destinée à interdire l’enseignement de Victor Hugo aux lycéens ou du moins, de mentionner qu’il était un raciste.

Bien que l’initiative eut été soutenue par beaucoup de monde, le projet ne semble à mon avis pas comparable à celui du retrait des statues des confédérés. Ce ne sont en effet pas les simples ignorance, le racisme et l’esclavagisme qui sont condamnés dans le retrait des statues de personnalités des états confédérés aux Etats-Unis. En effet, les Etats-Unis eux-mêmes ont été fondés par des esclavagistes. Le premier président des Etats-Unis et donc le modèle de tous les présidents du pays possédait des esclaves. Personne ne considère pourtant même la possibilité de déboulonner des statues de George Washington.

Ce qui permet à l’opinion publique américaine de ne pas vénérer les personnalités esclavagistes confédérées est qu’elles se sont rebellées contre la nation américaine lors de la guerre de Sécession. Qu’elles sont utilisées par le roman national américain pour montrer que l’Etat américain était anti-esclavagiste alors qu’il l’avait été auparavant. Les confédérés sont en quelque sorte les bouc-émissaires du roman national américain.
Contrairement aux confédérés, Victor Hugo n’a jamais joué ce rôle d’antagoniste de la grandeur de la France, comme c’est le cas d’un Pétain. Au contraire, Hugo incarne cette grandeur. De ce fait, il est peu probable que la France sacrifie son souvenir pour des propos racistes.

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