À l’heure où ces lignes sont écrites, des milliers de réfugiés africains continuent de mettre leur vie en péril sur la Méditerranée pour atteindre un Eldorado illusoire.
Méditerranée…
Pour certains, lorsqu’on évoque la Méditerranée, cela les renvoie à leurs cours de géographie. Ainsi, ils se remémorent qu’elle est reliée à l’Atlantique, entourée par le bassin méditerranéen et presque entièrement encerclée par ces terres :
- au nord par l’Europe du Sud et l’Anatolie
- au sud par l’Afrique du Nord
- à l’est par le Levant
Les plus cultivés d’entre eux pourront sans doute vous dire que son nom vient des mots latins medius, « qui est au milieu » et terra, « terre ». Puis, qu’elle couvre une superficie de près de 2,5 millions de km² avec une minuscule connexion à l’Atlantique (le détroit de Gibraltar) de 14 km de large. D’autres encore, que le détroit de Gibraltar relie l’océan Atlantique à la Méditerranée et sépare l’Espagne du Maroc, l’Afrique de l’Europe [1].
Pourtant, la Méditerranée n’est pas que cela…
La tragédie humanitaire des réfugiés
La mer Méditerranée demeure encore l’un des endroits les plus dangereux pour les réfugiés d’Afrique qui tentent d’atteindre l’Europe. Dans des embarcations qui tiennent plus de la coquille de noix que du véritable navire, des milliers de personnes essaient de gagner l’Espagne, l’Italie ou la Grèce. Souvent en partance de la Libye, un pays qui s’est transformé en véritable enfer pour les populations sub-sahariennes, depuis la mort du Colonel Khadafi.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), des centaines de réfugiés et de migrants africains transitant par la Libye ont été achetés et vendus sur des marchés d’esclaves modernes avant d’être retenus pour rançon, utilisés comme main d’œuvre servile ou esclave sexuel.
Selon un rapport de l’UNICEF, les niveaux de violence sexuelle, d’exploitation, d’abus et de détention le long de la route de la migration de la Méditerranée en font «parmi les routes de migrants les plus meurtrières et les plus dangereuses pour les enfants et les femmes». [2] Le rapport indique même que certaines femmes choisissent de s’injecter des contraceptifs en voyageant afin de prévenir les grossesses, sachant que la probabilité de viol pendant le voyage est élevée. Le viol, mais aussi la prostitution, puisque selon l’OIM, 80% des 11 009 femmes nigérianes arrivées en Sicile en Libye en 2016 ont été victimes de la traite des femmes à destination de réseau de prostitution [3].
Tout cela sachant que 101 266 migrants sont entrés en Europe par voie maritime en 2017 (chiffre datant du 07 juin 2017) et que 2 297 d’entre eux ont trouvé la mort [4]. Ce chiffre est en constante augmentation et la dégradation des conditions de départ et de sauvetage laissent craindre une année 2017 très meurtrière.
En effet, selon un rapport d’Amnesty International :
«Si le deuxième semestre 2017 est à l’image du premier et qu’aucune disposition d’urgence n’est prise, 2017 est en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour la route migratoire la plus meurtrière du monde»
L’ONG affirme de plus, que les gouvernements de l’UE préfèrent privilégier le démantèlement des réseaux de passeurs et empêcher les départs de bateaux depuis la Libye. C’est une stratégie clairement vouée à l’échec car elle rend les traversées toujours plus mortellement dangereuses.
Un drame humain se déroule en ce moment même en Méditerranée. Les forces vives du continent africain bravent la mort à la recherche d’un mirage sans que cela ne nous émeuve plus que cela. Ce sujet ne doit pas être éludé, minimisé ou récupéré idéologiquement. Bien au contraire, nous ne devrions avoir de cesse de dénoncer le fait que la Méditerranée, après l’Atlantique, est en train de devenir le nouveau « passage du milieu »…
http://nofi.fr/2017/04/lybie-africains-vendus-aux-encheres-marches-aux-esclaves-modernes/37877
Notes et références :
[1] « mer Méditerranée« , Encyclopédie Larousse en Ligne
[2] « A deadly journey for children: The migration route from North Africa to Europe« , reliefweb.int
[4] « Number of Nigerian women trafficked to Italy for sex almost doubled in 2016« , theguardian.com