De nombreuses scènes du dernier clip de Kendrick Lamar « Element« , sorti le 27 juin 2017, sont directement inspirées par du travail du légendaire photo-journaliste, Gordon Parks.
Par Franswa Makandal pour Nofi.fr
Mardi 27 juin 2017, Kendrick Lamar, l’un des rappeurs les plus influents de la scène Hip-Hop, a sorti son nouveau clip « Element« , extrait de son quatrième album, « Damn« , sortie le 14 avril 2017. Il s’agit de la quatrième chanson de l’album. Elle a été écrite par Lamar en collaboration avec Mark Spears, aka Sounwave, James Blake et Ricci Riera et produit par Sounwave, Blake et Riera, assortie d’une production supplémentaire de Tae Beast et Bēkon [1].
Vous ne le saviez peut-être pas, mais « Element » a d’abord été présenté par le joueur de basket-ball LeBron James sur son compte Instagram alors qu’il se filmait en train de l’écouter. [2].
Le son débute avec la voix de DJ Kid Capri, qui fait référence à Lamar comme étant « Kung Fu Kenny » et répète la phrase « I don’t give a fuck » en cadence. Pour certains, « Element » serait un diss track (chanson d’insulte) à l’encontre des rappeurs Big Sean [3] et Drake [4]. Une théorie qui prend tout son sens lorsque l’on s’aperçoit que le deuxième couplet de la chanson ressemble à s’y méprendre à un autre son de Kendrick, « The Heart Part 4« , une chanson que d’aucuns voient également comme un diss contre Drake et Big Sean [4]. Affaire à suivre.
Mais le caractère insultant (ou non) de « Element » n’est pas la seule particularité du morceau et encore moins du clip. En effet, ce dernier présente de nombreuses images puissantes directement inspirées du travail photo-journalistique de Gordon Parks. Mais qui est-il donc ?
Peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique, Gordon Roger Alexander Buchanan Parks (1912 – 2006) était un photographe, musicien, écrivain et réalisateur afro-américain devenu célèbre dans le milieu du photo-journalisme aux États-Unis entre 1940 et 1970. Son œuvre photographique se penchera particulièrement sur le Mouvement des Droits Civiques, la pauvreté et la communauté Afro-Américaine.
Ce pionnier du cinéma noir a été le premier afro-américain a produire et a diriger des blockbusters traitant de l’expérience des esclaves et des afro Américains. Gordon Parks est l’un des pères fondateurs de la « Blaxploitation » [5]. On se rappellera de lui pour ses photos emblématiques de l’Amérique pauvre des années 1940, pour ses essais photographiques pour le magazine Life et son travail de réalisateur pour le puissant film Shaft en 1971.
Ainsi, pour le clip « Element », Kendrick Lamar a puisé son inspiration dans les séries de photos nommées « Segregation story » (1956), « Black Muslims » (1963) ou encore « Boy with June bug » (1963). Vous pouvez retrouver toutes les versions originales sur le site de la Gordon Parks Fondation.
Si ce n’est pas encore fait, decouvrez ce vibrant hommage à travers le clip Element de Kendrick Lamar :
Notes et référence :
[1] « Here’s the full credit list for Kendrick Lamar’s DAMN.« . FACT Magazine: Music News, New Music, publié le 14 avril 2017
[2] Rachid Majdoub ~ « Vidéo : LeBron James écoute DAMN. de Kendrick Lamar… qui a l’air monstrueux »
[3] Caitlin Gallagher ~ « Did Kendrick Lamar Diss Big Sean On « Element »? Fans Have Major Suspicions« . Bustle, publié le 24 avril 2017
[4] Danilo Castro ~ « Did Kendrick Lamar Take Shots At Big Sean & Drake On His New Album ‘DAMN’?« , Heavy.com, publié le 14 avril 2017
[5] La Blaxploitation est un genre cinématographique ethnique, apparu aux États-Unis au début des 70’s. Ces films ont initialement été réalisés pour un public urbain noir. Les films de Blaxploitation sont les premiers à mettre en avant des des bandes sons funk et soul et des casting presque exclusivement noir.