La CEDEAO a donné dimanche 4 juin dernier son accord de principe à l’adhésion du Maroc. Le Royaume chérifien, actuellement simple observateur, devrait dans quelques mois intégrer l’organisation intergouvernementale ouest-africaine.
Le Maroc avait été l’un des pays fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (l’ancêtre de l’Union africaine) mais s’en était retiré en 1984. Il s’agissait à l’époque de protester notamment contre l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique. Bien des années plus tard, le Roi Mohammed VI semble faire machine arrière et opter pour la voie de l’intégration nationale. En effet, le Royaume du Maroc à retrouvé son siège à l’Union Africaine, comme observateur, le 30 janvier 2017 et le 4 juin dernier, il s’est attribuer un accord de principe concernant son adhésion par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Selon une source diplomatique, qui s’est adressée à l’AFP en marge du 51ème sommet de la CEDEAO, à Monrovia :
« La séquence politique (de l’adhésion du Maroc) vient de s’achever. Elle ouvre la voie à une séquence juridique qui doit rendre cette adhésion effective. Viendra ensuite une séquence technique, où il faudra négocier secteur par secteur. »
La volonté d’adhésion du Royaume chérifien remonte au 24 février. Dès lors, cette demande a été saluée par de nombreux pays de la région qui lui ont, toujours selon la source diplomatique :
« exprimé un soutien général pour la demande du royaume du Maroc, compte tenu des liens forts et multidimensionnels qu’il entretient avec les États membres (…) Il y eu un très large soutien : de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone, de la Gambie, du Burkina… »
Mohammed VI semble avoir compris que la CEDEAO est l’outil le plus efficace en matière de coopération, d’intégration vers toujours plus d’union économique et monétaire ouest-africaine. Le Roi du Maroc dira lui-même que :
« La Cédéao offre un espace fiable de libre circulation des personnes, des biens et des capitaux »
Néanmoins, le Maroc s’éloigne, ce faisant, toujours plus de l’Union du Maghreb arabe (UMA) l’organisation économique et politique formée par l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Cette désolidarisation risque de porter un coup fatal à cette union maghrébine, puisqu’elle n’a déjà que peu d’influence sur la politique de ses États membres. De plus, son Conseil des chefs d’État ne s’est plus réuni depuis 1994. Les tensions entre les différents membres semblent paralyser l’UMA. « La région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète » dira d’ailleurs Mohammed VI.
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Le Maroc a tout à gagner en intégrant l’organisation ouest-africaine. Il pourrait bénéficier des échanges commerciaux intra-régionaux de la CEDEAO, s’élevant à un peu plus de 10 % du total des échanges de la région [1] (contre moins de 3 % entre les pays au sein de l’UMA) [2]. Rappelons qu’en 2013, le PIB global des États membres de la CEDEAO s’élevait à 817,04 milliards de dollars US ce qui en faisait la 20e puissance économique du monde [3]
Notes et références :
[1] cedeao : le commerce intra-régional pèse entre 15 et 20 milliards de dollars, afrique.le360.ma, publié le 26 avril 2017
[2] Les échanges commerciaux, un gage de croissance et d’intégration: Les pays du Maghreb s’engagent à augmenter les échanges régionaux, banquemondiale.org, publié le 14 juin 2012
[3] http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD