Harmonia Rosales, une artiste-peintre originaire de Chicago, a repensé la fresque populaire de Michelangelo, « La Création d’Adam », en mettant en scène Dieu et sa création sous les traits de femmes noires.
Vous connaissez tous le célèbre tableau intitulé « La Création d’Adam » tant cette œuvre mondialement connue a, à de nombreuses reprises, été copiée, plagiée ou détournée. Cette fresque réalisée par Michelangelo, entre 1508 et 1512 et qui orne la partie centrale de la voûte du plafond de la Chapelle Sixtine, est une œuvre majeure de l’art de la Haute Renaissance. Cette peinture illustre le récit de la création biblique du Livre de la Genèse [1] dans lequel Yahvé insuffle la vie à Adam, considéré par la religion chrétienne en l’occurrence, comme le premier homme.
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Cependant, connaissez-vous la version afro d’une artiste de Chicago inspirée par le chef-d’œuvre de Michel-ange ? La nouvelle œuvre d’Harmonia Rosales, elle aussi nommée « La Création d’Adam« , dépeint à l’instar du travail de Michelangelo, la création par Dieu du premier humain de la Terre. Pourtant, dans cette version, Dieu n’est plus un homme blanc aux cheveux grisonnant, mais une femme noire, tendant la main pour toucher une autre jeune femme noire, sa créature, son Ève.
Le chef-d’œuvre d’Harmonia Rosales à fait le buzz sur la toile, au grand dam de certains pour qui cette peinture s’apparente à un blasphème de la pire espèce. Des critiques se sont notamment élevées, accusant la version de la jeune peintre d’être une « disgrâce« , « dégoûtante » et un exemple « d’appropriation culturelle« . En expliquant pourquoi elle a décidé de réinventer l’œuvre d’art bien connue avec des femmes noires, Harmonia Morales déclarait :
« Remplacer les figures masculines blanches (les plus représentées) par des personnes qui ont, je crois, été les moins représentées, peut réconcilier nos esprits avec l’idée d’accepter de nouveaux concepts de valeur humaine (…) Si je peux toucher ne serait-ce qu’un petit groupe de personnes et les renforcer à travers le pouvoir de l’art, j’aurais réussi à aider à changer la façon dont nous voyons le monde (…) Et lorsque vous considérez que toute vie humaine est issue d’Afrique, du Jardin d’Eden et tout, alors cela a du sens de peindre Dieu en femme noire, suscitant la vie à son image. » [2]
L’explication de la jeune artiste native de Chicago est loin d’être ridicule. En effet, certains ont vu dans le tissu rouge autour de Yahvé, la forme d’un utérus humain (un historien de l’art l’a d’ailleurs appelé le « manteau utérin » [3]). Pour les défenseurs de cette analyse, l’écharpe suspendue, de couleur verte, pourrait être un cordon ombilical fraîchement sectionné [4]. De plus, lorsque l’on sait que l’humanité est née noire en Afrique et que la plus récente ancêtre commune par lignée maternelle de l’humanité, appelée l’Ève mitochondriale, est localisé en Afrique orientale (dans un zone comprenant l’Éthiopie, le Kenya et la Tanzanie), la peinture d’Harmonia Rosales prend tout son sens. Le monde scientifique, dans sa grande majorité, utilise effectivement cette réalité factuelle pour démontrer ce que l’on appelle communément la « Genèse africaine » [5], c’est-à-dire l’origine négro-africaine du genre humain.
http://nofi.fr/2017/05/lorigine-negro-africaine-de-lhomme-moderne/38661
Notes et références :
[1] Livre de la Genèse 1:27 : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » ~ Louis Segond Bible
[2] « This Woman Reimagined Michelangelo’s « The Creation Of Adam » With Black Women And It’s Beautiful« , Buzzfeed.com, publié le 16 mai 2017
[3] Adrian Stokes ~ « Michelangelo. A study in the nature of art« , City University London: Tavistock Publications, 1995
[4] Enrico Bruschini ~ « Masterpieces of the Vatican« . Cité du Vatican: Edizioni Musei Vaticani, 2004
[5] La théorie dite de la Genèse africaine est la théorie dominante en matière de recherches sur les origines géographiques et les premières migrations humaines (homo sapiens). Ce modèle fait état d’un seule est unique zone d’origine pour les êtres humains : l’Afrique.