Jeudi 01 juin 2017, le nouveau président français Emmanuel Macron a plaisanté au sujet des « kwassa-kwassa« , des petites embarcations utilisées par les migrants comoriens pour rejoindre Mayotte, parfois au péril de leur vie.C’est lors d’une visite au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage d’Étel dans le Morbihan, que le nouveau locataire de l’Élysée s’est autorisé une plaisanterie lamentable. En effet, au cours d’une séquence filmée par les équipes de l’émission Quotidien, Emmanuel Macron n’a rien trouvé de mieux à dire au sujet des embarcations utilisées pour l’immigration clandestine vers Mayotte depuis les autres îles de l’archipel des Comores :
« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent »
Voici les propos d’Emmanuel Macron qui ont déclenché une polémique sur les médias sociaux. Nous laissons à votre sagacité l’examen de cette honteuse moquerie :
https://www.youtube.com/watch?v=eXkji6dEgKU
Quand on sait qu’entre 1995 et 2012 entre 7 000 et 10 000 (sans doute plus) comoriens ont perdu la vie à bord de ces petits canots de pêche de fortune [1], on aurait pu s’attendre à plus de décence de la part du plus haut magistrat de la République française face au « drame des Kwassa« .
La bévue de l’ancien associé-gérant de la banque d’affaires Rothschild & Cie n’est bien évidemment pas passée inaperçue et a créée une vague d’indignation, notamment dans l’Union des Comores. Le gouvernement de cette république fédérale d’Afrique australe située dans le nord du canal du Mozambique à publié le 3 juin un communiqué afin de faire par de son indignation :
D’ailleurs, hier dimanche 4 juin, l’ambassadeur de France au Comores était convoqué par le ministère des Affaires étrangères à Moroni « pour des explications. Les média comoriens n’ont, eux aussi, fait aucun cadeau à monsieur Macron. Ainsi, on pouvait lire sur le site de habarizacomores.com :
« Tant de haine crée la haine et cet archipel paisible, francophile et peuplé de Français de cœur peut se transformer en un brasier francophobe qui sera difficile à maîtriser. [2]
On pouvait aussi lire dans Al Watwan, un quotidien d’actualités et d’informations sur les Comores :
« Nous attendions de Macron, président de la France, compassion, regret, pardon, abolition du visa Balladur ou condoléances pour les familles des victimes. Pas une offense de plus sur des milliers de morts sans sépulture. [3]
Mme Nouriati DJAMBAE Conseillère Métropolitaine Aix-Marseille-Provence s’est elle aussi exprimé sur Facebook en rappelant qu’il y a quelque mois encore, le chef de file d' »En Marche ! » draguait l’électorat comorien :
« Monsieur le Président, au cours des rencontres internationales vous avez montré une étonnante maîtrise qui nous a ébloui. Aujourd’hui, votre remarque déplacée nous déçois. Cependant, piégé comme un Cœlacanthe dans les filets du Kwassa-kwassa, vous gagneriez autant que lui en notoriété, si vous vous dégagiez de ces rets en vous exprimant sur ce que nous aimerions n’être qu’une maladresse. »
On est bien loin du fameux « je vois les Comoriens! » que hurlait le sieur Macron à Marseille le 1er avril dernier. Désormais, ce ne sont plus LES Comoriens, mais DU comorien que le représentant de la nation française raille en les mettant au même niveau que les poissons.
La seule défense qu’à pu trouver l’équipe de communication de l’Élysée a été de reconnaître « une plaisanterie pas très heureuse sur un sujet grave (…) complètement regrettable et malvenue« . Vous nous en direz tant.
Notes et références :
[1] Rapport du Sénat du 18 juillet 2012.
[2] « Comores : les propos de Macron provoquent un tollé à Moroni« , habarizacomores.com, publié le 4 juin 2017
[3] « Nos morts en mer : une profanation de plus« , alwatwan.net, publié le 3 juin 2017