USA : Une sprinteuse transgenre surclasse ses concurrentes et crée la polémique

Andraya Yearwood, une lycéenne transgenre de 15 ans née avec un sexe masculin a remporté les courses féminines du 100 et du 200 m lors des championnats lycéens du Connecticut ‘Class M’.
Yearwood n’a pas subi de traitement hormonal lui faisant réduire son taux de testostérone pour le rendre équivalent à celui d’une femme. Ses victoires ont par conséquent été accueillies d’une manière pour le moins controversée.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Le 1er juin 2017, l’Etat canadien de l’Ontario a voté une loi autorisant de retirer des enfants à leurs familles si celles-ci se refusaient notamment à reconnaître l’identité de genre à laquelle ils s’identifiaient. De nombreuses voix, notamment issues du milieu conservateur, ont exprimé leur désagrément à propos de cette loi.

La loi canadienne s’inscrit dans un effort plus global de légitimation de l’identité transgenre dans les sociétés occidentales. Cet effort touche également, non sans les mêmes polémiques, le domaine du sport. En mars 2017, l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard s’était ainsi largement imposée dans la catégorie des plus de 90 kilos lors des championnats australasiens, une compétition servant de qualifications aux Jeux Olympiques. Hubbard, une athlète transsexuelle qui avait déjà détenu un record national junior de la discipline en tant qu’homme, avait à cette occasion surclassé ses adversaires, soulevant 18 kilos de plus que sa dauphine. Pour éviter de faire face à la concurrence d’Hubbard et de potentiellement manquer les Jeux Olympiques, l’haltérophile néo-zélandaise Tracey Lambrechs avait choisi de perdre du poids et de concourir dans la catégorie de poids inférieure. Lambrechs avait à l’occasion déclaré que les athlètes transsexuelles ne devraient pas être autorisées à prendre les places des femmes athlètes.

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Laurel Hubbard (au centre), haltérophile transgenre

Un cas similaire avait vu Fallon Fox, une combattante de MMA née avec un sexe masculin, mais depuis opérée, combattre des femmes. En 2014, Fox avait défait Tamikka Brents par KO en deux minutes. Brents, qui avait souffert d’une commotion cérébrale et d’une fracture de l’os orbital lors du combat, avait déclaré, malgré le nombre de femmes qu’elle avait combattu, n’avoir jamais été aussi dominée physiquement que par Fox. Elle avait alors fait savoir qu’elle ne pensait pas que Fox doive combattre des athlètes nées femmes. Fox fut cependant battue par une athlète née femme, Ashlee Evans-Smith en 2013.

Malgré sa victoire, Evans-Smith avait aussi fait part de son désaccord quant à voir des transsexuelles combattre des femmes et que les premières disposaient clairement d’un avantage sur les secondes.

Malgré les critiques de leurs concurrentes, Hubbard et Fox ont été autorisées à concourir dans leurs disciplines respectives parce qu’elles avaient fait l’objet d’un traitement hormonal de remplacement. Les institutions responsables de la distribution de leurs licences jugent en effet que la perte d’hormones rend leur participation à des événements sportifs avec des femmes ‘admissible’.

Le cas d’Andraya Yearwood, une lycéenne américaine âgée de quinze ans est encore différent. Le 30 mai 2017, Yearwood, qui est née avec un sexe masculin mais qui se considère comme étant une fille, a remporté les courses du 100 et du 200 mètres aux Championnats Lycéens d’Etat du Connecticut, ‘Classe M’. Contrairement à Laurel Hubbard et à Fallon Fox toutefois, Yearwood n’a à ce jour pas fait l’objet d’un quelconque traitement hormonal la mettant sur le pied d’égalité requis par les institutions d’haltérophilie et de MMA qui ont autorisé Hubbard et Fox à concourir contre des femmes. Le Connecticut Interscholastic Athletic Conference (CIAC), organisme responsable de la compétition, laisse en effet simplement les participants décider, conformément à leur ‘identité de genre’, s’ils souhaitent concourir avec les filles ou avec les garçons.

https://youtu.be/76hdVE4zfaE

Yearwood, dont les statistiques l’auraient placé une seconde après la dernière place du classement si elle avait concouru avec les garçons, a fait l’objet de nombreuses critiques dont les plus vives sont venues de voix conservatrices. Le blogueur américain Matt Walsh a ainsi ironisé sur « la victoire héroïque d’un garçon moustachu ‘qui s’identifie comme fille’ sur le 100 et le 200 mètres [dans une compétition] pour filles » dénonçant par la même occasion la « folie [du mouvement] transgenre ». De même, le site Turtleboy Sports a qualifié Yearwood de « lycéen de 15 ans avec une moustache et des muscles d’homme ». Mais le malaise face à la victoire de Yearwood n’a pas affecté que des ‘bigots’ de droite. La jeune Kate Hall, qui est arrivée seconde du 100 mètres et troisième du 200 mètres a ainsi déclarée « être frustrée » et « ne pas oser dire ce qu’elle pensait vraiment » sur le sujet. Hall a toutefois nié chercher des excuses pour sa défaite.

 

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L’athlète transgenre Andraya Yearwood (à gauche), Kate Hall (au centre, en blanc) et Erika Michie

Les parents de Yearwood ont apporté leur soutien à leur enfant affirmant vouloir privilégier son bonheur. Son père, Rahsaan Yearwood, a relativisé les dommages qu’a pu causer ce bonheur sur celui de ses concurrentes. Il a expliqué que pour lui, la situation était par exemple différente du cas malhonnête d’un garçon courant de manière opportune contre des filles pour obtenir une bourse universitaire. De son côté, Andraya Yearwood a fait part de son intention d’entamer un traitement hormonal en 2017.

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