Le groupe marocain Addoha s’est vu attribuer 10 000 hectares de terre dans le Nord du Sénégal pour la modique somme de 2 milliards de francs CFA (à peine plus de 3 millions d’euros). Un vent d’indignation balaye actuellement la région, où cette transaction est vue comme une liquidation du patrimoine foncier.
Le groupe Addoha Douja Promotion est le premier groupe immobilier marocain. Créé à la fin des années 1980 par Anas Sefrioui, le groupe maghrébin a manifesté sa volonté de s’étendre sur le continent Africain dans les années à venir. Il a d’ailleurs déjà annoncé de nombreux projets de logements sociaux en Afrique Sub-Saharienne. C’est dans ce cadre d’expansion qu’Addoha s’est offert 10 000 hectares de terre à Dodel et à Démette, deux localités du Nord du Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie. Il s’agit pour cet opérateur immobilier des’adonner à la riziculture. Nous sommes cependant en plein cœur de l’emblématique région du Sahel qu’est le Fuuta Tooro.
Cette contrée semi-désertique, qui s’étend le long du fleuve Sénégal, est poreuses, sèche et stérile loin de la rive, mais très fertile à proximité de l’eau. Le Fuuta Tooro est une région très importante sur le plan historique. En effet, elle a été le théâtre de nombreuses théocraties Fulani et est riche d’une histoire médiévale hors du commun.
Ce sont donc ces terres que le groupe Addoha Douja Promotion s’est vu attribuer. L’entreprise d’Aanas Sefrioui a remporté un bail de 40 ans pour un un prix étonnamment bas : 3 millions d’euros.
Cette étonnante transaction pose trois questions :
- La population locale bénéficiera-t-elle d’un quelconque dédommagement ?
- Cette attribution peut-elle s’apparenter à un flagrant délit d’accaparement foncier ?
- Comment l’Etat Sénégalais compte-t-il parvenir à l’autosuffisance d’ici 2018 en riz en attribuant ses terres rizicoles ?
Quoi qu’il en soit, certaines voix crient, d’ores et déjà, à l’accaparement des terres en incriminant le montant ridicule de la vente.