Catastrophe ferroviaire d’Eseka : Bolloré officiellement reconnu responsable

Mardi 23 mai dernier, les autorités camerounaises ont publié le rapport de la commission d’enquête relatif à la catastrophe ferroviaire d’Eseka, au Cameroun, qui avait coûté la vie à 79 personnes et en avait blessé 600 autres le 21 octobre 2016.

La présidence de la République du Cameroun a rendu public le rapport de la commission d’enquête créée le 25 octobre 2016 suite à la catastrophe ferroviaire d’Eseka. Le transporteur de chemin de fer Camrail [1], une filiale de Bolloré, a été déclaré responsable de la catastrophe ferroviaire. En effet, selon le rapport :

« Au terme de ces investigations, la commission d’enquête a établi les responsabilités à titre principal du transporteur, la société Camrail dans le train Intercity n° 152. Le rapport d’enquête a conclu que la cause principale du renversement dudit train est une vitesse excessive de 96 Km à l’heure dans une portion de voie où la vitesse est fortement limitée à 40 Km/h. » [2]

Certains passagers avaient déjà mis en cause la vitesse excessive du train [3]. Cela avait été confirmé par un responsable de l’entreprise Bolloré. Selon lui, la vitesse du train était « anormalement élevée« . Même Éric Melet, le président de Bolloré Africa Railways, avait reconnu que :

« Des éléments […] semblent montrer que le train en approche était à une vitesse de l’ordre de 80-90 Km/h dans des zones où il aurait dû être à des vitesses beaucoup plus basses. » [4]

Le document paraphé par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence de la République indique en outre de nombreuses anomalies telles que :

« Surcharges du convoi, rallonge inappropriée de la rame, utilisation de voitures voyageurs dont plusieurs présentaient des organes de freinage défaillants, l’utilisation d’une motrice dont le freinage était hors de service, absence de vérification sérieuse de la continuité du freinage de la rame avant son départ de Yaoundé, refus de prise en considération, par la hiérarchie de Camrail, des réserves émises par le conducteur du train, du fait des anomalies sus-citées. »

Cameroun : Bolloré officiellement responsable de la catastrophe d'Eseka

Suite aux conclusions du rapport d’enquête, le président du Cameroun Paul Biya a décidé de prendre plusieurs mesures :

  • Le renforcement de la présence de l’État dans la Camrail (le Cameroun ne détient que 15% de la société).
  • La création de la Société de gestion du patrimoine du chemin de fer chargée de l’entretien du réseau ferré.
  • La demande de sanction contre la filiale de Bolloré.

En ce qui concerne les victimes et leurs familles, la Camrail avait envisagé de mettre 1,5 million de FCFA (2 286,74€) pour les frais funéraires par victime ainsi que la prise en charge des frais d’obsèques. La présidence du Cameroun invite la filiale de Bolloré à agir promptement. Pour sa part, elle a décidé de débloquer une somme de 1 milliard de FCFA à verser aux victimes ou à leurs ayants-droit.

Notes et références :

[1] La Camrail exploite le trafic de passagers et de marchandises entre les deux plus grandes villes du Cameroun et plusieurs petites villes. La société a été crée en 1999. Elle dispose d’une concession de 20 ans lui permettant d’exploiter le réseau de voies ferrées du Cameroun. La Camrail est une filiale du groupe d’investissement français Bolloré  (détenue à 75% par le groupe français) et le chemin de fer a aussi été exploité par Comazar, une autre filiale de Bolloré, depuis 1999.

[2] Rapport de la Commission d’enquête du gouvernement camerounais, publié le 23 mai 2017

[3] « Cameroun: des familles de victimes en colère après la catastrophe ferroviaire« , RFI Afrique, publié le 23 octobre 2016

[4] « TV5MONDE : Catastrophe ferroviaire meurtrière au Cameroun !« , TV5MONDE,‎ diffusé le octobre 2016

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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