Ancien SDF (sans domicile fixe) et ancien immigré clandestin au Sud-Soudan, l’Ougandais Walter Wandera est retourné dans son pays où il dirige une société rentable de tourisme.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Issu d’une famille pauvre et nombreuse en Ouganda, Walter Wandera ne peut aller à l’école que de manière intermittente selon que les finances de ses parents le permettent ou non. Pour ces mêmes raisons financières, il ne peut accéder à l’université et à l’âge de 19 ans, se retrouve sans domicile fixe. Sans perspective pour l’avenir, il monte à bord d’un camion surchargé dans l’espoir d’une vie nouvelle, mais sans en connaître la destination. Le voyage le conduit finalement au Sud-Soudan voisin où il devient, sans l’avoir prévu, un sans-papiers. Sur place, il se retrouve confronté à de nombreuses difficultés : survivre, trouver un emploi et un toit, apprendre la langue et échapper à la justice en sa qualité d’immigrant illégal.
Pour relever ces défis, il trouvera le soutien d’autres immigrés clandestins ougandais avec qui il dormira dans des lieux de culte, vivra de petits boulots et échappera régulièrement à la police. Il apprendra aussi la langue locale, l’arabe de Juba, la capitale du pays. Mais cette clé de communication utile ne réglera pas tous ses problèmes avec la population sud-soudanaise auprès de qui il subit nombre de discriminations. Ce climat délétère le conduit bientôt à retourner dans son pays d’origine de manière illégale en sautant d’un bus pour éviter la douane, en rejoignant la capitale Kampala au nord du pays à partir du sud en marchant dans les bois pendant trois jours. Il utilise ensuite une partie de ses maigres économie comme avance pour acheter un cyclomoteur. Avec celui-ci, il travaille dans le secteur local des boda-boda ou ‘taxi-motos’.
Avec une partie de l’argent gagné, il se finance une formation en ingénierie mécanique, parvenant à dormir environ quatre heures par nuit chez sa soeur dans un bidonville.
Puis il arrête ses cours d’ingénierie, réalisant qu’il ne s’agit pas de sa véritable vocation. Cette dernière, il l’aura entre temps découverte dans son job de boda boda. Ayant, de par son expérience internationale, eu l’occasion de travailler son anglais, il a rencontré beaucoup de succès auprès de la clientèle étrangère, qui communique principalement dans cette langue. Par ses escapades dans la ville, il apprend à connaître les lieux touristiques de la ville et leur histoire. Avec ses connaissances, il conçoit son projet entrepreneurial de Walter’s Tours en 2010, quatre ans après son expérience de sans papiers au Sud-Soudan.
Avec des Boda Boda, il fait visiter la ville à des clients. Avec le succès de son entreprise, ses prestations s’étendent progressivement aussi à des safaris, non seulement en Ouganda mais aussi dans le reste de l’Afrique centrale et de l’est (Est de la République Démocratique du Congo, Rwanda, Kenya, Tanzanie).
Telle est la formidable trajectoire de ce guerrier de la route qu’est Walter Wandera, qui contrairement à de nombreux entrepreneurs qui ont trouvé leur vocation ailleurs que sur la voie de leurs pires difficultés, l’a embrassée pour en faire sa meilleure alliée.