Oui, le « blackface » est un acte négrophobe puni par la loi française…

…En théorie. Le « blackface » semble faire son retour en force depuis quelques années. En réalité, il convient de dire qu’elle n’a jamais été effacée des moeurs. Par ailleurs, beaucoup de ceux qui pratiquent cette forme de racisme sous le prétexte de l’humour ignorent ses sombres origines et sa connotation. Etant donné la quasi absence de sanctions par la loi, nous avons posé la question à Ghyslain Vedeux, créateur et animateur du site Mémoires et Droits des Afrodescendants et administrateur du Cran en charge des relations société civile-forces de l’ordre: La pratique du « blackface » est-elle condamnable par la justice ?

Les origines

Le « Blackface » est une pratique raciste qui tire ses origines de la domination des peuples caucasiens sur les peuples afro à travers l’esclavage puis, la colonisation. La pratique consiste donc pour une personne non-noire à se grimer le visage et/ou le corps en noir pour tourner en dérision l’Homme noir, avec tous les stéréotypes que cela implique. Comme l’indique Ghyslain Vedeux:

« L’histoire  des origines du « blackface » démontre clairement qu’il s’agit une pratique raciste puisque directement affilié au loi Jim Crow qui instauraient la ségrégation raciale en hiérarchisant les hommes avec les « noirs » tout en bas de la pyramide et les « blancs » au sommet de celle celle ci, tout en segmentant aussi les africains-américains entre eux en fonction des peaux les plus claires aux plus foncés idem en les hiérarchisant en « donnant plus de droits » aux teints claires qu’aux teints foncés. La pratique du « blackface » contribue donc à chaque fois qu’elle est reproduite comme elle a contribué dans le passé à entretenir l’image d’infériorisation du « noir » qui est mimer comme étant laid, bête-stupide, paresseux, difforme…etc et autres superlatifs dégradants. »

Ainsi, inconsciemment ou non, pratiquer le « blackface » revient à renvoyer l’homme Noir à sa condition de sous-humain.

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http://nofi.fr/2017/03/affaireadama-traore-decryptage-juridique-de-ghyslain-vedeux-nofi/36542

Un délit en théorie puni par la loi

« Dans le cadre  la loi Française, le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Tout ce qui concerne de près ou de loin les reproductions où représentations de « blackface » devraient pouvoir être combattues par la loi Pleven 1972, promulguée pour lutter contre le racisme et les incidents raciaux et contre la provocation à la haine raciale/discrimination/violence. La loi Guayssot de 1990 doit pouvoir permettre de condamner tout usage et autres pratiques de « blackface » et tout acte raciste.
Cela dit, pour cette pratique désignant spécifiquement le racisme anti-noir, soit l’afrophobie ou négrophobie, il serait plus efficace d’avoir une loi qui sanctionne spécifiquement ce type de racisme. L’exemple récent de l’affaire Polaroid3,  dont le CRAN a pu faire annuler le concert à Paris, démontre aussi que sous couvert de prétexte « artistique », les lois de 1972 et de 1990 ne permettent pas toujours de lutter efficacement et spécifiquement contre l’afrophobie. »

Toutefois, bien que le cadre, aussi imprécis qu’il soit, existe dans la loi française, on constate que la pratique n’est effectivement pas punie par la loi. Ni amende ni peine d’emprisonnement, alors que les responsables judiciaires admettent (souvent sous pression) que le « blackface » est un délit. Cela s’est confirmé récemment au sujet de k’affaire d’un groupe de policiers du Kremlin-Bicêtre (Val de Marne) qui, pour une soirée entre collègues, avait jugé bon de se « déguisé » en africains. 

Les suites de l’affaire:

http://le-cran.fr/victoire-contre-le-blackface-policier/

 

 

 

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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